Don't let me die ~ Cinq

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Arrivée dans la salle, je me présente à la professeure assez froidement. Ça fait 3 fois que je change de lycée en 2 ans, ça me fatigue de toujours devoir prononcer le même discours. Avec mon ancienne famille d'accueil, on a déménagé deux fois. Donc quand c'est pas moi qui change de famille , c'est la famille qui m'emmène n'importe où. Ils n'ont jamais su réellement où ils voulaient habiter. La bonne femme était indécise et changeait d'avis toutes les deux secondes. Horrible , je te jure. J'aimerai qu'on me laisse tranquille, pour une fois.

- Qu'est-ce qui t'a amené à changer de lycée Katrina? , me demande la prof.

Je me fige et lui lance un regard noir. Sérieux c'est quoi cette question? Ça se pose comme question ça? C'est une question bien merdique pourtant. Pourquoi veulent-ils tant savoir? Je ne comprend pas, ce ne sont pas leurs affaires bordel. Je ne vais pas leur dire que ma mère est morte sous mes yeux d'une manière atroce. Ni tous les supplices que l'on m'a fait subir avant.

- Problèmes personnels.
- D'accord.. Allez vous asseoir mademoiselle.

Je lui tourne le dos et cherche une place du regard. La moitié des élèves sont arrivés déjà. Je vois Mika près de la fenêtre et décide d'aller m'asseoir derrière ce dernier. C'est un des seuls que je connaisse. Autant en profiter. La prof vient me distribuer un manuel et un cahier d'exercice puis s'en va aussi vite qu'elle est arrivée. Je ne pense pas qu'elle m'aime énormément. Enfin, je pense que je vais vraiment la faire chier. Mika se tourne vers moi et pose son coude sur le devant de ma table.

- Alors, dis moi, c'est pas trop dur d'arriver dans une ville, un lycée et une classe dont tu ne connais personne?
- C'est pas nouveau donc non.
- Ah tu es déjà venue ici? , dit-il niais.
- Non, le fait de changer tout le temps, c'est pas nouveau crétin. Et enlève ton coude de ma table, et au passage tourne toi. Merci. , levais-je le yeux au ciel.
- Ah.. tu as un sacré caractère dis donc! Euh.. juste pour te prévenir, cette place c'est-...
- Tu es qui au juste?

Je lève les yeux sur une rousse vachement mal habillée. Enfin, pas mon style vestimentaire en tout cas. Non en fait elle est juste grave mal habillée. Toute rose bonbon, ça me donne envie de gerber. Je lève un sourcil et regarde derrière elle, presque tout le monde est arrivé.

- Comment ça, je suis "qui"? Ça te regarde? , fronçais-je les sourcils.
- Tu es à ma place donc oui. Ça me regarde. Trouve toi une autre place.
- Alors déjà, je ne pense pas qu'il y ait une place attitrée pour tous sinon on ne m'aurait pas proposé de m'asseoir où je le veux. Et je te permet pas de me parler comme ça. Tes manières de salope tu te les gardes.
- Je te s-..
- Top. Je ne t'écoute plus, tu disais Mika? , feignais-je en m'intéressant maintenant à ma profonde conversation avec Mika.

Il rigole et je sens la petite rousse brûler de l'intérieur.

- Soit. Tu décides de te faire remarquer dès ton premier jour. Tu t'en prend à la mauvaise personne je te préviens. , bouillonne-t-elle.
- D'accord, ah regarde! Trois places sont libres là bas, va t'asseoir avant de te retrouver par terre, ce serait dommage. , souris-je.

Elle souffle et se tourne en faisant tomber mes cahiers par terre, d'un coup de main. Ses mains armées d'ongles aussi longs que la cicatrice qui orne ma poitrine. Quelle pétasse.

- On va bien s'entendre, je ne la supporte pas. C'est la copine d'Andrew, Angela.
- Oh, il descend dans mon estime alors. Ça là c'est sa copine? Mais qu'est ce qu'il lui trouve sérieux?
- Je sais pas. Il lui courrait après depuis la primaire apparemment.
- Beurk. , dis-je dégoûtée.

Mika rit et je le suis, étonnamment. Même s'il est perché, ça a l'air d'un bon gars. La porte s'ouvre brusquement et Andrew entre, se dirige vers la prof et lui parle discrètement. Elle semble gênée et fait tomber son stylo au sol, complètement déconcertée. Drôle d'entrée. En plus, il n'est même pas censé être avec nous en cours. Derrière lui, le mec de dehors entre également. Tiens, comme par hasard. Je parie que ça va être genre le mec que tu vois une fois, et tu le verras tous le temps maintenant. C'est sûr. Je ne sais même pas pourquoi je réfléchis autant, ce n'est qu'un mec. Il passe dans les rangs et s'assied à côté de moi. Non sérieusement, Dieu est contre moi? Wow. Aucun son ne s'échappe d'entre ses lèvres, par contre quelque chose s'échappe de son corps. Son odeur. Il sent putain de bon.

- T'es nouvelle? , demande-t-il de sa voix grave.
- Ouais.
- Bonne chance alors. , dit-il amusé.

Il enlève son bonnet et remet ses cheveux en arrière. Quelques mèches tombent sur ses yeux. Oh et puis merde, tout ce qui se passe dans ma tête reste dans ma tête. C'est pas parce que je pense qu'il est super canon que tout le monde doit le savoir. Surtout pas lui. Puis ce n'est qu'un plaisir visuel. Personne ne dirait non à une vision de ce nom tous les jours. Dommage, si j'étais pas aussi brisée je me serais peut-être fait des idées. Mais mon cerveau est trop cassé pour penser à plus que de l'attirance physique. Malheureusement.

- Si tu as besoin d'aide pour les cours, je suis là.
- Merci.
- Je déconne. , balance-t-il en sortant seulement une trousse et une feuille.

Eh bien. Il est gentil dis donc. Quel con. Je ne le suis peut-être pas moi-même mais quand même. Intérieurement, je rigole. Ça doit encore être un mec qui essaye de se donner un genre devant les nanas. Le cancre de la classe qui ne s'intéresse à rien. Mais dans le fond, bah.. rien. C'est profond. Je ne devrais pas le juger sans le connaître mais c'est ce qu'il dégage malheureusement. Andrew part après m'avoir fait un signe de la main. Sa copine pousse un petit cri à peine perceptible et se tourne vers moi, les yeux rouge de rage. Je la regarde et hausse les épaules, les mains en l'air. Je sens que je vais adorer la faire chier.

- Bien, silence ! Nous allons commencer le cours ! Désolée, ça a pris plus de temps que prévu, il y a eu un contretemps. Mh, aller nous commençons. Ouvrez les manuels page 67, nous allons lire une poésie de.. mh.. Charles Baudelaire. , annonce la professeure.

Elle semble agitée, un peu bouleversée. Je fronce les sourcils et ne peux m'empêcher de penser à Andrew. Qu'est ce qu'il a bien pu lui dire pour la mettre dans cet état? J'ouvre mon manuel et regarde ce fameux poème de Baudelaire. Je n'avais jamais entendu parler de celui là, cependant je connais Charles Baudelaire, célèbre poète français du XIXè siècle. J'ai lu quelques poèmes de Les Fleurs du Mal dans mon ancien lycée. Drôle d'atmosphère ce poète.

Don't let me DieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant