Don't let me die ~ Dix-huit

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Je me réveille ce matin, en boule au pied de mon lit, le visage inondé de larme et mon corps en sueur. Aucune force ne m'anime, je n'arrive même pas à me lever du sol. Cela me paraît impossible. Hier soir, j'ai fait face a une crise. Ils se sont tous inquiété pour moi. Andrew , Will, Emy. Je n'ai rien pu avaler du tout, restant enfermée à pleurer toute la nuit. Andrew était le seul à rester derrière la porte, avec moi. Il me parlait, m'apaisait, mais même ses mots pourtant doux n'arrivaient pas à faire disparaître mes larmes. Quelqu'un frappe à la porte, je me redresse en sursaut, avec un mal de dos me tiraillant de tous les côtés.

- Katrina? C'est Andrew. Tu vas mieux? Tu t'es endormie hier soir, je t'ai laissé. Mais là, tu vas mieux? , dit-il à travers la porte.
- Mh.. , est seulement ce que je réussi à lui répondre.
- Tu me laisses entrer? Personne n'est là. Je ne suis pas allé en cours exprès pour rester avec toi. Laisse moi entrer princesse.

Touchée, je me lève péniblement, la main sur mon dos et vais déverrouiller la porte. Le voir me fait terriblement de bien. Il me prend dans ses bras, m'arrachant une petite plainte de douleur.

- Merde, tu t'es fais mal? , s'alarme-t-il en voyant mon visage renfrogné par la douleur.
- J'ai juste mal au dos. Pas de quoi en faire un drame. , roulais-je des yeux.
- Tu veux en parler?
- Pas le moins du monde. J'ai fais une crise voilà tout. Ce que certains nombre de gens instable font quand ils font face à plein d'éléments déclencheurs je pense. , répondis-je indifférente.

Je pars m'asseoir sur mon lit, prenant le dessin d'Emy au sol au passage. Je le range dans ma commode et jette un regard à Andrew, qui lui, vient s'asseoir à côté de moi. Il fixe le mur, aucun son ne sort de sa bouche.

- Quoi? Toi aussi tu déprimes? On est pas dans la merde, hein. , essayais-je de dire pour détendre l'atmosphère.
- Quand j'étais petit, j'avais un meilleur ami. Mais cet ami a très mal tourné par la suite. Je l'ai donc perdu. , se confie-t-il.
- Qui ça?
- Aaron Moreno.
- Aaron? Aaron, le Aaron? , bafouillais-je mal à l'aise et le cœur se serrant un peu plus dans ma poitrine.
- Oui. Ce Aaron là. Tout a basculé quand on avait 13 ans. Du jour au lendemain, c'est comme s'il avait totalement changé. Comme si plus rien n'avait d'importance. Il faisait du mal à tout va. Il avait tenté de me noyer dans une piscine chez un pote à nous.
- Oh..
- Vers nos quinze ans, bien que je me sois énormément éloigné de lui, en vue de ses actes, il s'est passé quelque chose. Sa sœur est morte. La petite Rachelle. Je l'aimais bien, elle était vraiment mignonne. Je pense qu'il l'a tué. Ça court les rues. C'était une rumeur. Mais c'est sa mère qui a été arrêtée.
- Sa mère a été arrêtée? , fronçais-je les sourcils.
- Ouais, elle est en prison actuellement.
- Attend, q-quoi? , m'étonnais-je.

Comment sa mère pouvait être en prison alors que je lui ai parlé et vu à mainte reprise chez Aaron? Je ne comprend plus rien, tout se mélange. Qui est donc cette femme qui se faisait passer pour sa mère, chez lui?

- Elle est en prison. Apparemment elle avait fait passer ça pour de la schizophrénie. Mais tu te rends bien compte qu'une personne qui se prétend malade, on lui fait des tests. Tests qui se sont avérés négatifs. Elle n'est pas schizophrène sa mère. Et tu sais quoi? Elle a été condamné seulement à 7 ans de prison. C'est bien trop peu. Apparemment elle a réussi à avoir cette peine par manque de preuve. Tu me diras, mais un meurtre est déjà une preuve immense non? Eh bien, apparemment non. Elle avait plaidé la folie. Bref. Tout un bordel. Ça avait fait la une des journaux de la ville. T'imagine, sept ans de prison seulement pour une petite fille de quatre ou cinq ans? Vive la justice. Mais dans le fond, j'ai toujours cru que c'était Aaron le meurtrier. Je ne sais pas.. En vue de ses actes.. Le fait qu'il ai voulu me noyer.. , pense-t-il.
- C'est pour ça que tu le hais autant? , demandais-je.
- Je ne le hais pas. Enfin.. Je ne veux juste pas qu'il s'approche de ma famille. Sa famille à lui est déjà bizarre, un meurtre a été commis et je ne sais absolument pas le fin mot de cette histoire. Il n'est même pas venu me voir après, pour s'expliquer, pour m'expliquer tout simplement. J'ai refusé directement après l'affaire d'avoir tout contact avec lui. Je ne voulais pas qu'il approche Emy. Mais moi et mes conneries de drogues, pour les fameuses soirées que j'organise parfois.. J'étais obligé de reprendre contact avec lui, car c'est le seul mec en qui je pouvais avoir confiance avant. Donc j'ai repris contact et c'est devenu mon dealer de came.
- Je vois.. mais tu n'as aucune preuve que ce soit lui qui ai tué sa soeur? Pourquoi l'avoir accusé à tort comme ça? , essayais-je de défendre Aaron.
- Il a essayé de me tuer. Ça n'a fait qu'un tour. Il est fou à lier ce mec. Ça m'étonnerai même pas qu'en fait, ce soit lui le schizophrène. Je ne veux plus que vous vous adressiez la parole tous les deux. Il est dangereux. Je ne sais pas pourquoi tu l'as retrouvé dehors avant ta crise d'asthme l'autre soir, ni pourquoi tu es partie le chercher. Ni pourquoi vous avez tous les deux fini à l'eau cette nuit là. Mais regarde, il ne t'arrive que des merdes avec lui. Tu te tape une crise d'asthme, tu finis à l'eau, tu as failli mourir Kat. Je ne veux pas te perdre. Je tiens énormément à toi. Tu es ma petite sœur. Tout ce qui l'entoure lui, c'est le noir et le vide. Il est déjà oublié. Il s'oublie lui-même. Ne le laisse pas t'entraîner dans l'oubli avec lui, je t'en prie.
- On s'est embrassé hier. Derrière le bahut. , avouais-je.
- Quoi? Attend, comment ça? , s'étonne-t-il.
- Oh, laisse tomber. C'était une erreur en fait. J'ai cru que ça me ferait quelque chose, mais je me suis trompée. , mentais-je.
- Il n'en vaut vraiment pas la peine.
- J'ai remarqué, merci. C'était une grosse erreur. De toute façon, les amours c'est pas pour moi. Et berk, ça me dégoûte.
- Dis pas de connerie, c'est beau l'amour. , sourit-il.
- J'ai toujours vu l'amour comme un terme sale. C'est dégueulasse. T'aimes quelqu'un, puis après il t'abandonne. Ou il te fait les pires crasses du monde. C'est dégoûtant.
- Pourquoi tu l'as embrassé alors?

Je tourne la tête brusquement vers lui, fais la moue et me lève pour fouiller mon armoire et chercher des vêtements que je pourrais me mettre aujourd'hui.

- Je l'ai embrassé car j'ai pensé que je l'appréciais. Ce n'était en aucun cas de l'amour. C'était.. un réconfort.
- Un réconfort, c'est ça.. , pouffe-t-il.
- Eh arrête de te moquer ! , dis-je en lui lançant un pantalon en pleine tête.
- Tu l'aimes bien avoue?
- Non, je ne l'aime pas. Je l'apprécie je t'ai dis. Sa différence et le fait qu'il soit toujours seul m'intriguait alors, j'ai mené mon enquête et je l'ai apprécié. Voilà.
- Tu sais que tu t'es adoucie? T'es plus la même fille qu'au début. , me charie-t-il.
- Attend que je redevienne comme celle que j'étais avant, bouffon. Tu vas moins rigoler.

S'en suit une bagarre de chatouille. Les rires résonnent dans la maison. Il me rend vraiment heureuse Andrew. Même si cela est compliqué pour moi, d'établir un lien complet avec lui, le lien que j'ai actuellement me convient parfaitement. Peut-être qu'il me manquait un frère, dans ma vie.

• Ellipse •

Trois jours après, je n'avais pas de nouvelles d'Aaron. Et c'était beaucoup mieux comme ça. J'essaie de ne plus penser à lui, et étrangement, ne plus y penser me fait du bien. Je suis moins focalisée sur lui. Il me rendait faible. Ma carapace étant remise en place, je peux continuer de vivre sans soucis.

- Mh, Katrina? Tu me passes une feuille? , me demande James.
- Bien sûr, t'as 30 centimes?
- T'es pas sérieuse?
- On ne peut plus sérieuse. 30 centimes. , réclamais-je en tendant ma main avec un sourire narquois sur les lèvres.
- T'es vraiment une garce.

Il me passe les trente centimes, en boudant. Oh, c'est pas trente centimes qui vont ruiner ce gosse de riche hein. Je ris intérieurement, fière de moi. James était assis à mes côtés, il boudait encore. Je l'aimais bien, il était droit, simple, un peu des attitudes de bourge mais rien de bien choquant. Et il me faisait rire aussi, vraiment, beaucoup.

- La prochaine fois, je ramènerai mes feuilles. , boude-t-il toujours.
- James, c'est trente pauvre centimes. Ça va te tuer?
- Et ce n'était qu'une pauvre petite feuille de rien du tout. Moi qui te pensais généreuse. J'ai eu tort.
- Tu m'adores. , le taquinais-je.

Il sourit légèrement et me donne un coup de coude dans l'épaule. Puis il se penche vers moi, euh, il fout quoi là?

- Tu t'es trompé, le résultat c'est 178. Pas 185.

Il prend mon stylo et corrige mon erreur. Son odeur mentholée envahit mon nez. Je retiens ma respiration, qu'est ce qu'il fait? Écarte toi bordel. J'inspecte la façon dont sa langue roule sur sa lèvre inférieure. Mais putain, dégage maintenant. Je déteste cette sensation qu'il me procure.

- Mh, merci. C'est bon, tu m'étouffes. , dis-je en le poussant un peu.
- T'étouffer ? À ce point ? Dis, en fait, ça te dirait qu'on aille à la plage tous ensemble?
- À la plage? On est en plein mois d'octobre. Elle doit être froide maintenant.
- Pas ici, elle est à 1h30 d'ici, c'est un spot qu'on a découvert avec Andrew il y'a un an environ. À cette période l'eau est bien chaude, et turquoise. Ça devrait te plaire, je pense.
- Vous y allez quand? , demandais-je.
- Dans deux jours, samedi quoi. Et je me demande même si on ne va pas dormir là bas.
- Dormir, dormir là bas comment ça? Dans une tente genre? Avec les bêtes? Et le vent qui tape sur la tente? Et les ours?
- On est pas dans la forêt déconne pas! Et s'il se passe quelque chose, je serais là. , hausse-t-il les épaules.

J'essaie tant bien que mal de cacher ma gêne. Je ne comprend pas du tout son but. Il me rentre dedans on est d'accord? Mais oui, bien sûre qu'il te rentre dedans. Pourquoi maintenant ? C'est un des meilleurs potes d'Andrew, il devrait pas me tourner autour. Et puis merde, je déteste les hommes actuellement alors il a beau faire ce qu'il veut, penser ce qu'il veut , vouloir ce qu'il veut , il atteindra simplement un mur. Puis, on est absolument pas raccord, ça c'est sûr. Il te rentre dedans parce qu'Aaron n'est plus là, et que t'as été assez aveugle pour te rendre compte dès le début qu'il est attiré par toi. Je déteste les pensées qui se manifestent d'un coup sans prévenir. Ça m'exaspère.

- Ouais. Bah écoute, pourquoi pas.
- Parles-en à Emma.
- Je n'y manquerai pas.

La sonnerie retentit et je prend rapidement mes affaires pour me diriger vers le cours qui m'attend ensuite, et pour semer James en même temps. Je me suis déjà faite avoir par Aaron, je ne laisserai plus personne m'atteindre comme il l'a fait. Si mon cœur était muselé avant tout ça, j'y ai rajouté des chaînes incassables afin que personne ne m'atteigne profondément. Maintenant , ce n'est qu'une espèce de vide que je ressens , et je me complais parfaitement dans celui-ci. Même si j'avoue que voir James s'intéresser à moi me fait légèrement pouffer de rire..

Don't let me DieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant