Don't let me Die

Don't let me die ~ Vingt

Je me réveille douloureuse, les os lourds et une douleur lancinante au niveau de ma poitrine. Impossible de bouger, je suis comme liée. Un seul membre de mon corps peut éventuellement bouger, ma tête. J'essaie à tout prie de la lever, regarder autour de moi sans succès.

- Oh-ah.. , m'étouffais-je.

Prise d'une quinte de toux, je m'étouffe avec ma salive en essayant d'appeler à l'aide. Ma gorge me brûle à un point, comme si on y avait fait tomber une tonne de charbon brûlant à l'intérieur. Une porte s'ouvre grandement à ma droite, laissant apparaître une jeune femme à la blouse aussi blanche que les murs de la chambre. Elle installe un dossier sur une table de chevet à ma gauche et se penche au dessus de moi.

- Coucou, moi c'est Adeline, l'infirmière. Dis moi, comment tu t'appelles ? Et ton âge au passage? , dit-elle délicatement avec un léger sourire.
- Ka-trina.. 11 ans..
- Tu te souviens de ce qu'il s'est passé Katrina?
- Bouger.. , articulais-je difficilement.
- Je te détacherai promis, mais avant je dois évaluer ta lucidité , ma puce.

Alors, on m'a attaché? Pourquoi? Les sourcils froncés, j'essaie de bouger mes bras et défaire ces liens. Peine perdue. Je commence à m'agiter un peu plus fort, n'entendant pas les recommandations de l'infirmière. Je suis attachée et je n'aime pas ça. Pourquoi me faire prisonnière alors que j'ai réussi à échapper à ce monstre qui m'avait enfermé dans un mensonge pendant presque cinq ans?

- Calme toi Katrina. Si tu ne te calme pas, je ne pourrais pas te détacher, et en plus de ça, tu auras une petite piqûre comme la dernière fois.
- La-la dernière fois..?!
- Oui, ça fait presqu'une semaine que tu es à l'hôpital. Alors je vais avoir besoin que tu coopères et écoutes attentivement ce que je te dis.
- Mh.. , me calmais-je.
- De quoi te souviens-tu exactement?

Aaron me serre dans ses bras, dans un silence de mort. Mon cerveau en ébullition refuse de revenir à la réalité. Secouée par des spasmes, mon corps ne peut retenir les larmes causées par l'extrême chagrin que cette cicatrice me fait éprouver. Une tension énorme surgit dans ma tête. Les souvenirs qui me préoccupent se battent entre eux, m'épuisant mentalement. Un autre flash-back déchirant me refait surface.

- Maman? Pourquoi tu travailles autant? , demandais-je à ma mère le nez fourré dans une multitude de papiers.
- Tu sais, ma chérie, ton père a été un lâche. Et aujourd'hui, c'est moi qui doit tout payer. Élever un enfant seule, ce n'est pas chose aisée. Heureusement que ton oncle et ta tante sont là pour m'aider avec toi.
- Justement.. à ce propos.. , dis-je en m'avançant doucement, mon doudou à la main et près de mon cœur.
- Attend, chérie. Maman a encore plein de papiers à remplir, il faut absolument que je paye ta cantine sinon tu ne pourras plus y manger et je ne peux pas toujours demander à ton oncle de te garder. Il travaille aussi.
- D'accord..
- Tiens, prend moi le tabouret et aide moi à trier les feuilles. Celles qui sont vertes, on en fait une piles. Les rouges, on les jettes. Tu as neuf ans maintenant, tu es assez grande.

Obéissant, je trie les feuilles comme elle me le demandait. Aider ma mère à toujours été quelque chose que j'adorais faire. Participer à des affaires d'adultes, j'adore. Cela me permet de ne plus me considérer comme l'enfant qu'on me somme d'être en réduisant ma parole à parler que de l'école et des copains et copines. Mais en ce moment même, une sensation étrange se fait ressentir au niveau de mon cœur. Comme si ma poitrine était oppressée. Une peine immense me prend. J'aurais pu en parler maintenant..

- Aaron..?
- Mh?
- Parle moi s'il te plaît.. j'ai besoin que tu me parles et m'emmènes ailleurs.. , parlais-je à voix basse.
- Où tu veux que je t'emmène, Katrina? , dit-il dans l'incompréhension.
- Loin de lui.. loin de mon esprit..