17. Théophile - Le messager

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Nous avons beaucoup de choses auxquelles réfléchir, beaucoup d'énigmes à résoudre, et pourtant, la vie est ainsi faite qu'elle se fiche de nos questionnements et remises en cause. La vie, elle, continue sa route, toujours comme si de rien n'était, comme si elle ne faisait pas attention à nous ni à nos états d'âme. Que l'on soit de bonne ou de mauvaise humeur, que l'on soit plein d'espoir ou au fond du gouffre, le temps ne s'arrête pas, le cours de l'existence n'est jamais suspendu. Il faut aller de l'avant, continuer. Ce n'est pas comme un jeu vidéo, on ne peut pas mettre la vie en mode pause.

Je regarde Antonin et Hadrien travailler, l'air de rien. Ils sont absolument parfaits. Ils arrivent à jouer la comédie, à être présents dans l'instant, à faire leur job, même si comme moi ils sont perturbés par tout ce qui arrive en ce moment. Je ne sais pas où cette aventure nous mènera, mais au fond je suis content de les avoir à mes côtés. C'est un sentiment difficile à expliquer, je me sens mieux depuis qu'ils sont là. Même si tout a changé, j'ai l'intuition que nous étions faits pour être ensemble, réunis, que nous allons accomplir quelque chose d'important tous les trois.

— Boss, on a un problème.

Ah oui ! je suis le responsable et je ne peux pas me contenter de regarder mes employés travailler. J'accompagne le videur jusqu'à l'entrée du bar.

— Ce jeune homme veut entrer avec sa valise.

— Bonsoir.

— Bonsoir, je suis vraiment désolé, je sais que ce n'est pas pratique d'entrer dans un bar avec sa valise, mais je ne sais vraiment pas où aller.

— Venez avec moi.

Normalement, je devrais lui refuser l'accès. Nous ne sommes pas une association caritative ou un refuge. Mais ce jeune homme semble totalement désemparé. Il y a des personnes qui, d'un regard, vous touchent en plein cœur. C'est le cas avec lui.

Je le fais monter au deuxième étage. J'ai moi-même interdit la présence de tout client dans la partie réservée aux employés, mais je suis le patron, je peux faire ce que je veux !

— Asseyez-vous et dites-moi ce qui se passe.

J'ai cette tendance à vouloir aider les autres. Cela m'a déjà joué pas mal de tours dans ma vie, mais je ne peux rien y faire, je ne peux pas lutter. C'est dans ma nature.

— J'avais réservé un appartement sur Airbnb et quand je suis arrivé il était déjà occupé. J'ai essayé de contacter plusieurs hôtels, ils sont tous pleins.

— Nous sommes au pic de la saison touristique, c'est normal.

— Oui, enfin, on ne dirait pas, à l'intérieur des remparts c'est mort, rien n'est ouvert.

— Nous sommes un des seuls bars à rester ouvert jusqu'à cinq heures du matin.

— Je ne savais vraiment pas quoi faire, je vous promets de ne pas trop déranger.

Il semble totalement paniqué.

— Je reste juste le temps de trouver une solution et ensuite je m'en vais.

— Pour aller où ?

— Je ne sais pas, je peux sans doute dormir sur la plage.

— C'est une très mauvaise idée, le coefficient de marée sera assez important cette nuit.

— Quoi ?

— Détendez-vous. Je vais vous chercher de quoi boire. Une préférence ?

— Euh, non. Mais je ne veux vraiment pas gêner, si vous me demandez de partir je le ferai.

L'ImaginaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant