Les passagers entrent doucement, trop doucement. Ils m'agacent, j'ai envie de les bousculer ! Je ne sais pas pourquoi je suis si impatient de partir. Peut-être parce qu'au fond je ressens une certaine excitation. C'est la mission de ma vie. Seuls quelques agents sont sélectionnés pour totalement disparaître puis renaître sous une autre identité, dans le but de sauver l'Amérique. Car il s'agit bien de cela, le gouvernement ne se donne pas toute cette peine juste pour une petite affaire de rien du tout. Si cette procédure a été enclenchée, c'est que l'enjeu est énorme. Cet enjeu, je ne le connaîtrai sans doute jamais, et d'ailleurs il ne vaut mieux pas. Plus on possède d'informations compromettantes sur l'État profond, plus on court le risque d'être éliminé. Ils ont assassiné Kennedy, alors se débarrasser de ma petite personne ne leur poserait aucun problème.
— Bonjour, désolée, excusez-moi.
Super ! Non seulement je suis en deuxième classe, mais en plus je vais passer sept heures assis à côté d'une grosse.
— Je suis Cindy.
— Antonin.
Elle transpire, elle pue, c'est une infection qui vient de s'asseoir à côté de moi. Il n'y a que dans les fictions que c'est un joli jeune homme qui prend place sur le siège vacant dans l'avion, le train, ou même le bus.
— Je suis tellement stressée. Je prends rarement l'avion. J'ai si peur. Il peut arriver tellement de choses.
Je n'ai pas du tout envie de faire la conversation. Être aimable avec mon prochain ne fait pas partie de ma mission. Heureusement, parce que dans ce domaine je ne suis pas qualifié.
— Vous voyagez souvent ?
— Très peu.
— Je vais rejoindre mes enfants et petits-enfants. C'est toujours une expédition !
Elle semble tout de même assez jeune. Elle aurait déjà des petits-enfants ? Bon, ne commençons pas à juger.
— Je devrais prendre des calmants, mais ils me donnent la migraine. J'ai au moins des huiles essentielles pour ne pas vomir.
Ils ont fait exprès de m'asseoir à côté de cette femme ? Serait-ce pour tester mes nerfs ?
— Bonjour, monsieur. Veuillez attacher votre ceinture s'il vous plaît. Si vous avez besoin d'aide...
Génial, le steward commence déjà à me draguer. D'accord, il est mignon, mais quand même, se jeter sur moi d'entrée de jeu, ce n'est pas très classe. Et je sais encore comment attacher une ceinture ! Il n'aura pas besoin de me toucher pour m'aider, de poser ses mains près d'une partie de mon anatomie qu'il aimerait sans doute explorer.
— Je n'arrive pas à la fermer.
Évidemment, t'es obèse ! Je prends une profonde inspiration. Il ne faut pas avoir ce genre de pensée. Quand même, il y a des limites. On peut être gros, manger, c'est un plaisir. Mais aller jusqu'à l'obésité morbide, je ne comprendrai jamais.
— Ah, là, là ! ils allument les moteurs.
C'est quand même mieux pour voler au-dessus des nuages.
— On bouge ou c'est l'aéroport qui bouge ?
Elle fait de l'humour ou elle est conne ?
— Le décollage, c'est le pire moment. J'ai l'impression que mon cœur va lâcher.
Si seulement ! Je ne dirai rien, je ferai semblant qu'elle dort, au moins j'aurai la paix. Si les autres n'existaient pas, est-ce qu'on connaîtrait la rage ?
— On est en position. Je sens que je vais hurler.
Elle transpire de plus en plus. Les odeurs qui se dégagent d'elle sont à la limite du supportable. Et ça va durer sept heures ! On devrait obliger les gens à se laver avant de prendre les transports en commun. Dans ta voiture, seule, tu fais ce que tu veux, mais là, tu incommodes tout le monde.
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L'Imaginaire
Ficción General« Ils sont trois : Antonin, Hadrien et Théophile. Leurs prénoms sont des indices. Pour l'instant, ils ne se connaissent pas. Le destin, lui, ne recule devant rien pour arriver à ses fins. Et la destinée a un objectif : réunir ces trois hommes. Ens...