13. Hadrien - Sa représentation

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Sur le trajet qui mène jusqu'au bar, aucun de nous ne parle. Il n'est pas difficile de comprendre que nous pensons tous à la même chose. Il est impossible de ne pas se poser une multitude de questions concernant cette histoire de tatouages. Nous étions censés effectuer des recherches sur le sujet, mais je crois qu'il était préférable que tout le monde se repose, parce que c'est une nouvelle longue nuit qui nous attend. Et d'abord, il y a la première étape, cruciale.

— On retire nos tee-shirts ensemble.

— Trois, deux, un...

Nous nous observons mutuellement.

— Les tatouages sont de nouveau là !

— Qu'est-ce que tu fais, Antonin ?

— Je veux les prendre en photo. Faisons une recherche d'image inversée sur Google, pour voir si cela donne un résultat.

Je ne comprends rien à ce qu'il vient de dire. J'ai tellement de choses à rattraper, la technologie a progressé de manière spectaculaire. J'imagine que ceux qui ont vécu au rythme de ces progrès ne s'en rendent même pas compte.

— C'est quand même incroyable, ce truc.

— Je ne sais pas à qui on pourrait demander des conseils sans passer pour des fous.

— On est en Bretagne, il n'y a plus de druides ou des trucs du genre ?

— Euh... peut-être, mais je pense qu'ils n'ont pas pignon sur rue.

— Salut, les mecs !

Nous sommes interrompus par l'arrivée des autres employés. De toute manière, ce n'est pas encore ce soir que nous trouverons un début d'explication au phénomène que nous sommes en train d'expérimenter. Cette fameuse recherche sur Google n'a rien donné.

Je rejoins le premier étage, et Baptiste. Pour l'instant, en tant que nouveaux, Antonin et moi n'avons pas à participer à la mise en place du bar ni au rangement.

— Tu as agencé la salle autrement ?

— Ce soir, on accueille un enterrement de vie de garçon. Version gay, évidemment.

— Bien sûr.

— Il y aura plus d'agitation qu'hier. Ils seront là pour faire la fête, picoler et seront bien excités.

— C'est le genre de truc où ils vont faire venir un strip-teaseur ?

— Eh oui ! une sorte de tradition. Je crois surtout qu'on aime croire que c'est la tradition, une obligation, parce que c'est toujours agréable pour les yeux.

— Le strip-teaseur sera un membre du personnel ?

— On a étudié cette possibilité un jour. Mais il vaut mieux que nous gardions le mystère, ce qui excite les clients, c'est de ne pas savoir ce qu'on a dans le slip. Le mec à poil viendra de l'extérieur.

— Il y en a vraiment qui font ce genre de chose pour vivre ?

Nous discutons tout en finissant de préparer la salle, ce qui consiste à poser des bougies sur les tables et à les allumer. Des fausses bougies, ce serait beaucoup trop dangereux d'avoir des vraies flammes à proximité de mecs sous alcool.

— C'est souvent un job d'appoint, plutôt sympa. Tiens, d'ailleurs le strip-teaseur arrive.

— Salut.

Waouh, la bombe ! Il paraît logique que le mec ne serait pas moche et gras... enfin, ne soyons pas si radicaux, peut-être que si celui qui enterrait sa vie de garçon était attiré par les mecs plus corpulents, ce serait possible.

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