20 - big bang

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Le big-bang a chamboulé les ordres de l'univers et ce pour toujours.

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J'étais stressée. Stressée de me tromper de sortie, de rue, de virage et même de gare. Toute la matinée, j'avais tourné en rond, attendant simplement le moment de sortir de chez moi pour marcher à toute vitesse vers la gare. Une fois là-bas (en avance bien sûr), je n'avais pas tenu en place jusqu'à être assise dans le train.

Le paysage qui défilait maintenant de l'autre côté de la fenêtre se transformait progressivement de grandes étendues boisées à bas bâtiments puis enfin à immeubles de plusieurs étages. La voix métallique du train annonça la gare de Sendai alors que je me levais déjà pour aller me coller à une porte.

En marchant le long de l'allée centrale, les vitres renvoyèrent mon reflet et j'en profitai pour rajuster la tenue que j'avais soigneusement sélectionnée. Pour une fois, j'avais fait attention à mon apparence et il était hors de question que le voyage froisse ne serait-ce qu'une manche.

"Avec la chance que j'ai je vais trouver un moyen de me tâcher..." je songeai alors que j'arrangeais mes cheveux.

Comme pour se moquer de moi, le train freina soudainement, si sec que je manquai de m'écrouler au sol. Quand les portes s'ouvrirent, le flot de la foule me porta vers la sortie plus que mes jambes ne le firent. Mes pas avalèrent le quai puis le hall de la gare avant d'enfin arriver sur le grand parvis. Cette fois, il ne s'agissait pas de traverser la place pour prendre la perpendiculaire ; si j'en croyais l'itinéraire que mon téléphone montrait, je devais passer la (fameuse) boulangerie pour ensuite emprunter une longue rue sur quelques centaines de mètres.

"Tōru m'a dit que le gymnase était à l'opposé des illuminations..."

Ça me faisait encore tout bizarre de l'appeler par son prénom après avoir passé tant de tant à utiliser son nom. Il avait été le premier à faire le pas et tout naturellement je me devais de faire de même. L'idée que nous étions maintenant assez proches pour se permettre ce genre de familiarité faisait monter en mois une bouffée de joie que je  tentais de rationaliser. Même après mes grandes réflexions de cette semaine, je n'arrivais pas à me faire à l'idée de la nature de mes sentiments envers Tōru à cause d'un mélange entre la gêne de prononcer les mots rien que par la pensée et la peur de me prendre un immense râteau.

Il fallut qu'un groupe de jeunes me bouscule pour que je me décide à me mettre à marcher non sans confirmer une dernière fois mon chemin. En passant devant un 7/11, je regardai l'heure et fut rassurée, il était 11h30 et le match ne commençait qu'à midi. Une petite voix, sûrement celle de mon estomac grondant, m'intima de prendre du temps pour acheter à manger.

Néanmoins, les envies de nourriture furent vite poussées dans un coin de mon cerveau alors que j'arpentai l'avenue, cherchant où était le bon virage. J'étais tellement sur les nerfs que je ne levais même pas les yeux au point où ma tête manqua plusieurs fois de rencontrer un mur où un poteau.

Quand j'en eus marre de foncer tête baissée, je pris une pause pour lever les yeux vers n'importe quelle indication qui pouvait m'aider contrairement à mon téléphone.  Peut-être que voir le grand panneau "Gymnase" plus tôt m'aurait aidé. Peut-être.

Ce même panneau me mena à un parallèle de l'avenue puis enfin devant un bâtiment rectangulaire frappé des lettres de métal : Kamei Arena Sendai. Si l'indication n'était pas assez, la foule de gens me convainquit que je ne trompais pas.

Dans un coin, des gars de mon âge en veste uniforme jaugeaient un autre groupe habillé de la même manière mais d'une couleur différente, des joueurs sûrement. Le parvis aussi grouillait de petits groupes qui discutaient avec animosité tout en se dirigeant vers le préau qui abritait l'entrée.

𝐇𝐈𝐆𝐇 𝐀𝐂𝐇𝐈𝐄𝐕𝐄𝐑𝐒 | 𝘵. 𝘰𝘪𝘬𝘢𝘸𝘢 𝘹 𝘳𝘦𝘢𝘥𝘦𝘳Où les histoires vivent. Découvrez maintenant