Chapitre 29

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POV Natai

     Mes doigts parcourent son dos nu dans de longues caresses, elle dort paisiblement dans mes bras, détendue, loin de ses cauchemars et inquiétudes. Son harceleur ne s'est toujours pas manifesté après cette nuit-là, c'est bien la première fois que je me retrouve autant démuni. La police ne compte pas lever le petit doigt et moi, je ne sais vraiment comment la protéger à long terme de ce malade. De plus, je crains qu'elle sente ce que je lui cache. Je ne peux pas lui en parler maintenant, ça serait prématuré mais ce petit secret que je garde envers elle commence à affoler son esprit. Elle est loin d'être stupide, ses émotions sont certes fortes mais elle arrive parfaitement à les utiliser pour déceler quand quelque chose cloche. Je ne peux rien lui dire en ce qui concerne Léa, pas maintenant. C'est beaucoup trop tôt. Je souffle pour détendre les tensions qui s'emparent de mon corps pour la rejoindre dans le sommeil.

     Au petit matin, une douce odeur me tire de mon repos, beaucoup trop court à mon goût. Je n'ai pas réussi à m'endormir aussi vite que je l'aurais voulu, les démons concernant mon père et ce que je garde pour moi n'ont cessé de me rire au nez toute la nuit. Je m'extirpe de mes draps, restant en tenue d'Adam pour rejoindre la cuisine où je trouve Eline, occupée à lire quelque chose sur son téléphone et surveiller la cuisson du bacon. La voir derrière les fourneaux alors qu'elle déteste ça me fait sourire. Elle ne cesse de jeter des coups d'œil sur son portable, puis sur sa viande dans l'espoir de ne pas la faire cramer j'imagine. Je me faufile derrière elle sans un bruit.

— Qu'est-ce que tu nous prépares là ?

Eline se raidit sous la surprise mais elle reste néanmoins concentrée sur sa cuisson ce qui me fait glousser.

— Tu m'as fait peur !

J'enroule mes bras autour de son ventre, déposant un baiser au sommet de sa tête. Je ne l'embête pas plus et la laisse finir ce qu'elle nous prépare, même si mon corps reste évidemment soudé au sien.

— Tu sais, si tu veux que j'évite une catastrophe, tu devrais me lâcher, raille-t-elle.

— Mais tu te débrouilles très bien jusqu'à maintenant, alors je reste.

Je resserre mon étreinte alors que je sens sous mes mains son ventre être secoué d'un rire silencieux. Pour ce petit déjeuner, Eline a préparé des œufs brouillés, du pain grillé, du bacon, et une belle salade de fruit. Autant dire que j'en ai l'eau à la bouche. Je consens à la libérer de mon étreinte pour s'installer à table.

     Après ce repas digne d'un roi, nous nous rendons au travail, sa pommette n'a aucune trace, en apparence. Je devine facilement qu'elle l'a masqué sous son fond de teint. Rien que de repenser à ce que ce type lui a fait hier, l'envie de lui apprendre le respect me fait serrer les poings. Eline n'en a pas reparlé depuis, elle gère cet événement bien mieux que moi. Pour une fois, les rôles sont inversés, elle contrôle et moi, je tente de rester calme. Néanmoins, ce constat me rassure dans un sens, qu'elle arrive à mieux gérer ses émotions me rassure sur le fait que je pourrais lui parler de ce que je garde sous silence jusqu'à maintenant. Je crains vraiment que ça ne la chamboule trop pour qu'elle reste calme, aussi, la voir aussi détachée de l'incident de la veille est très rassurant. Je la laisse prendre son poste alors que de mon côté, je rejoins mon bureau.

— Qu'est-ce que tu fous là toi ?

Le sourire enjôleur de Léa répond à ma question. Elle est installée à mon bureau, ses longs cheveux noir maintenant devenu roux, exactement comme ceux d'Eline.

"Qu'est-ce qu'elle me fait encore?"

Je fais un geste de la main pour la sommer de se lever de mon siège mais elle reste assise, me fixant de ses grands yeux bleus, affichant une moue contrariée.

L'orchidée TourmentéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant