Chapitre 1

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POV Natai

     Déjà que mon job est difficile, ce foutu confinement n'arrange rien. Les clients sont insupportables, plus qu'à l'accoutumée. La moitié insulte les employés et ne respecte pas les gestes barrières, l'autre moitié menace de nous coller un procès au cul pour atteinte à la liberté individuelle. Heureusement, aujourd'hui j'ai un cas plutôt drôle à gérer. Être vigile a aussi des côtés amusants. Le gamin qui se trouve dans mon bureau, mort de honte, n'en est pas à son coup d'essai. Il vient souvent faire quelques courses à la place de ses parents et à chaque fois il tente de voler soit des bonbons, des chips ou comme aujourd'hui, des capotes.

— Alors qu'est-ce qu'on fait ? Tu es mineur et là je devrais appeler tes parents.

Le gamin blêmit alors qu'il commence à se lancer dans une tirade d'excuses pour me convaincre de ne pas appeler sa mère. Je dois bien l'avouer, cette situation m'amuse, ce n'est qu'un gosse prit la main dans le sac. Je tire une chaise pour m'asseoir devant le jeune garçon en tentant de le rassurer.

— On se calme Molière. Je ne vais pas appeler ta mère mais tu peux me dire pourquoi tu recommence à chaque fois ? Surtout que là, on est confiné donc je ne suis pas sûr que tu aies besoin de préservatifs.

— C'est un pari avec les potes, une sorte de compétition.

— Tu es en train de me dire que tes amis font pareil avec les magasins prêts de chez eux ?

— Bah ouais.

Être compréhensible c'est une chose, être un divertissement pour adolescent s'en est une autre. Je décide donc finalement d'appeler sa mère au grand désespoir du petit délinquant. Ce problème me prend une bonne heure avant que le pauvre voleur en herbe ne rentre chez lui en silence.

     Avec ce confinement, le magasin est assez calme pourtant ça n'empêche pas les gens de chercher à voler à tout va, chose stupide vu qu'on possède plus de caméra de surveillance qu'une banque. Je me pose à mon bureau en scrutant à nouveau mes écrans. La surface de vente n'est pas très grande en soi. Les caisses se trouvent à quelques mètres de l'entrée principale, elles font face au rayon hygiène, ensuite les rayons des conserves, pâtes, bonbons, gâteaux et boissons se succèdent. On possède un tout petit coin frais situé au fond du magasin près de la porte qui mène à la réserve. C'est assez linéaire et pratique à surveiller. J'y travaille maintenant depuis que j'ai vingt ans. Être en freelance me laisse un large champ d'action sur comment gérer ma surveillance et aussi, sur le choix des entreprises avec qui je travaille.

Aujourd'hui, nous avons un groupe de jeunes un peu suspects, une mamie tête en l'air, la routine en somme, mon attention se porte alors sur les caisses. Je remarque qu'une de mes collègues est en conflit avec un client, heureusement elle gère la situation sans problème, mais mon job consiste aussi à répertorier les incidents. J'enregistre donc la séquence avant d'aller demander les détails de ce dernier

Des cheveux roux foncé joliment ondulés, de beaux yeux marron clair, un visage doux et des lèvres légèrement rosées, cette femme a attiré mon regard dés son premier jour au magasin. Elle cherchait un apprentissage pour son diplôme, une petite boule d'énergie avide de faire ses preuves et c'est chose faite puisque Pierre, le patron, l'a embauchée dès qu'elle a obtenu son diplôme.

— Eline ? Tu as eu un souci ?

— Non Natai, encore un client qui s'indigne des prix du magasin !

— En même temps c'est un magasin de centre-ville, à quoi ils s'attendent sérieusement ? intervient Hugo, un autre caissier.

— Pas faux, admis-je

L'orchidée TourmentéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant