Chapitre 16

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POV Eline

     Mes doutes sont apaisés, ce moment avec Natai les a balayés définitivement. Je ne me suis jamais sentie aussi bien, nous sommes restés un moment lovés dans les bras l'un de l'autre. Après une douche pleine de tendresse, on se retrouve au comptoir de la cuisine, à manger notre petit-déjeuner qui a été écourté un peu plus tôt. J'ai eu le temps de pouvoir admirer le dos large de Natai à loisirs et j'observe une cicatrice que j'avais déjà remarquée sans m'y attarder, partant de son épaule gauche, elle traverse son omoplate pour finir au milieu de son dos. Je ne veux pas le questionner maintenant sur son origine, ni gâcher ce moment si cher à mon cœur.

— Hé voilà ! Les pancakes du chef !

J'éclate de rire en voyant l'assiette, je lui ai certes dit que j'avais faim, mais tout de même. Le plat est rempli et déborde même de ces petites crêpes épaisses ; il en a préparé pour deux régiments; l'armée et la marine confondue. Natai est cependant très fier de lui.

— Bah quoi ? Je sais que je t'ai épuisé, faut que tu reprennes des forces.

— Tu te surestimes un peu là non ?

Ma réplique le fait sourire en coin et il me fixe.

— Tu veux que je te prouve que ce n'est pas le cas.

Mon estomac fait un looping alors que mon bas-ventre se réchauffe, je secoue la tête par la négative et je me mets à manger aussitôt en silence. Cette fois, c'est lui qui éclate de rire.

***

     La plage de la Concurrence est déserte, c'est agréable. Je tiens la main de Natai, nos doigts entrelacés, l'air est encore un peu frais en ce mois d'avril, l'odeur de la mer chatouille mes narines et le bruit des vagues est apaisant. On prend garde tout de même à ne pas trop s'éloigner de la maison de Natai pour éviter de croiser la police qui patrouille parfois en journée. On se pose alors, admirant l'écume s'écraser sur la plage.

— Natai, je peux te poser une question ?

Son bras entoure ma taille pour me caler contre lui et il caresse doucement celle-ci.

— Bien sur mon orchidée. Qu'est-ce qu'il y a ?

— Ta cicatrice, comment tu l'as eue ?

Son corps se raidit subitement et ses caresses cessent également, je me décale alors pour l'observer et son visage est fermé, tendu, il serre les dents si fortement que sa mâchoire en tremble. J'ai l'impression que je n'aurais pas dû lui poser cette question, s'il garde en lui quelque chose de douloureux et je veux le savoir pour l'aider au mieux.

— Natai ? Tout va bien ?

Pas de réponse, il fixe les vagues, ses veines ressortent sur ses bras. Je décide de m'installer à califourchon sur lui, venant prendre ses mains doucement dans les miennes. Sa mâchoire se détend alors que son regard éteint rencontre le mien. La colère, la rancune et la tristesse que j'y vois me font mal, il a dû vivre des choses vraiment dures pour se retrouver dans cet état en parlant de sa cicatrice.

— Parle-moi.

Ma voix est douce, basse, je ne veux pas le brusquer, mais il a besoin de parler, il le faut. Sa tête se pose contre mon épaule, il respire profondément et je viens caresser ses cheveux doucement.

— Cette cicatrice me vient de mon père.

Ma gorge se serre quand j'entends ça, je continue de passer mes doigts dans ses cheveux, l'encourageant à continuer de se confier. Si son père lui a causé cette blessure, je n'ose imaginer ce qu'il a pu subir d'autres. Il a du mal à respirer, sa respiration est tremblante et il renifle par moment. Le voir comme ça me brise le cœur.

L'orchidée TourmentéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant