Chapitre 23

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POV Natai

      Cette bulle est beaucoup trop agréable, je n'ai aucune envie d'en sortir. Eline est toujours endormie et moi ça fait une heure que je la regarde comme un adolescent amouraché. La nuit d'hier était vraiment intense, aussi bien pour elle que pour moi et ce petit week-end imposé ne nous fait pas de mal non plus. La police ne semble pas vouloir bouger pour l'aider et ça me rend fou. Si mon père travaillait encore avec eux, je suis sûr que les choses auraient été bien différentes mais je dois me résoudre à faire sans.

Je caresse doucement le dos de la femme qui m'a littéralement fait perdre la tête la veille, retraçant une légère cicatrice entre ses omoplates. Le soir de l'accident, le choc a été si violent qu'elle s'était retrouvée avec un morceau de verre dans le dos. Heureusement, il ne s'est pas enfoncé assez loin pour lui causer des dommages, je suis toujours autant soulagé qu'elle soit restée inconsciente entre l'impact et sa prise en charge à l'hôpital. Mais même si elle n'a pas souffert à cause de ça, la souffrance qu'elle a éprouvée par la suite était la pire de toute.

      Ma gorge est serrée, je ne sais même pas à qui je peux demander une information. Je ne sais même pas pourquoi je suis là. Si, en fait je le sais, même si ça me semble toujours aussi dingue, je ne connais cette fille que depuis un an et me voilà à l'hôpital après avoir reçu un appel de la police. Pourquoi moi ? Car mon numéro était dans sa poche, ils ont pensé que j'étais son petit ami et je ne l'ai pas nié juste pour pouvoir la voir, lui apporter mon soutien. Je finis par arrêter une infirmière qui m'indique où aller. Je hais les hôpitaux, la seule fois où j'y suis allé, ma mère n'en est jamais ressortie.

Je marche comme un fou dans les couloirs avant d'arriver à la chambre que l'on m'a indiquée. Un hurlement à vous en déchirer l'âme se fait entendre, c'est elle, c'est sa voix. Je fonce sans réfléchir et me tétanise face à ce que je vois. Eline est soutenue par une infirmière, elle hurle comme une hystérique, cherche à s'arracher les perfusions qu'elle a aux bras. Elle est en état de choc, le personnel soignant lui dit de rester calme, mais impossible de lui faire entendre raison. Ses pleurs et ses cris couvrent toutes directives du médecin. La voir comme ça me brise de l'intérieur et sans réaliser ce que je fais, mes jambes me guident jusqu'à elle et je la prends fermement dans mes bras. Eline se débat, hurle, supplie qu'on les lui rende, qu'on lui rende ses parents et je comprends subitement sa détresse. Elle me frappe, cherche à me repousser mais je ne bouge pas d'un millimètre, la gardant toujours dans mes bras ce qui permet au médecin de lui administrer un calmant qui la détend doucement avant de l'endormir.

— Natai ?

Je reviens dans le présent, Eline s'est réveillée et elle me sourit. Il y cinq ans, j'aurais juré qu'elle se serait laissé mourir de chagrin et aujourd'hui elle sourit à nouveau et j'en remercie le ciel chaque jour. Je la tire contre moi, laissant mon corps se lover contre le sien.

« Pitié ne me l'enlevez jamais »

— Tout va bien Natai ? Tu avais l'air ailleurs.

— Ça va, je repensais juste à ce jour-là, à l'hôpital.

Subitement mon corps est poussé et elle prend place au-dessus de moi. Elle s'impose, telle une déesse à la chevelure de feu avant de se pencher et de m'offrir un baiser amoureux, enivrant. Je caresse la peau nu de ses hanches. Elle serait capable de me faire bander à être ainsi sur moi et complètement nue.

— Interdit de penser à ça après la nuit qu'on vient de passer. Ordonne-t-elle.

— Bien madame ou dois-je t'appeler ma déesse ?

Son rire me chatouille le ventre et gonfle mon cœur de doux sentiments. Subitement son regard passe de la joie à la malice. Une idée vient de germer dans son esprit, je sais qu'elle peut être joueuse quand elle veut, même si elle n'ose jamais la plupart du temps. Mes bras s'enroulent autour de ses hanches, elle reste silencieuse, comme si elle pesait le pour et le contre de son idée. Je me redresse, elle se retrouve assise et collée à mon torse alors que mes lèvres se déposent sur le bout de son nez.

L'orchidée TourmentéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant