Chapitre 9

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POV ???

« Elle ne rentre pas chez elle. Pourquoi monte-t-elle dans la voiture de ce type ? Pourquoi elle ne rentre pas chez pas elle ? »

     Ces questions l'obsèdent, mais il n'a pas besoin de l'observer longtemps pour comprendre. Ce connard l'a ramené chez lui avec cette mauviette qu'il pensait avoir tué. Rester là, dehors, alors qu'elle est à l'intérieur avec deux hommes, voilà bien une situation qui peut le rendre fou. Sa lame passe entre ses doigts, ses yeux ne lâchent pas la fenêtre qui lui donne une vue d'ensemble sur le salon. Ses muscles lui hurlent de bouger, ses mains veulent faire pénétrer cette lame dans le corps de ces deux vermines. Surtout ce vigile de malheur, il la regarde, avec un désir qui n'est censé appartenir qu'à lui, il la frôle, la fait rire ; il convoite une fleur qui est déjà prise par nulle autre que sa propre personne.

Il doit réfléchir à un moyen de se débarrasser de ce vigile en vitesse. Il est certes très fort, mais cet agent de sécurité l'est tout autant, si ce n'est plus. Ce n'est pas au corps-à-corps qu'il faut attaquer, c'est avec de la ruse. Un début de plan se profile dans son esprit.

     La nuit est longue, lente et voir Eline boire plus que de raison le met hors de lui, elle ne boit que très rarement, ce n'est donc pas étonnant que l'alcool finisse par lui monter à la tête. La voir dans cet état le rend nerveux et impossible de penser de manière raisonnable quand Natai la ramène à l'intérieur, dans ce qu'il présume être sa chambre et donc hors de son champ de vision. Il attend, patiente et ne bouge de sa voiture que lorsqu'il est certain que le sommeil s'est abattu sur la maison. La pénombre le camoufle alors qu'il entre chez Natai. Il observe la plus grande vigilance pour ne pas se faire repérer. Cette petite intrusion à deux buts : repérer les lieux et aussi la voir elle. Pour que son plan vis-à-vis de son rival fonctionne, il allait avoir besoin d'un certain temps pour le mettre en place. Il est évident que Natai convoite Eline, il doit donc avoir la possibilité de la surveiller aussi quand elle vient ici. Comme il l'espérait, tout est calme, endormi. Le seul son qui se manifeste est le bruit des vagues s'écrasant sur le sable tandis qu'il se faufile dans la chambre.

Le spectacle qui s'offre à lui le fait bouillir de l'intérieur. Eline est étendue sur le dos, en culotte, un t-shirt qui ne lui appartient pas, remonté au-dessus du nombril et la main de ce connard est posée sur son ventre. Il profite d'elle, de sa faiblesse, il n'a aucun droit sur elle. Elle lui est destinée et il doit se contenir comme un forcené pour ne pas la récupérer sur-le-champ. Il prend une simple photo avant de s'en aller.

Après les avoir observées toute la matinée, il est contraint de rentrer chez lui. Aller sur l'île de Ré n'est pas impossible, mais il préfère éviter les flics. Le simple fait de la savoir seule avec lui le rend malade, persuadé que ce type va profiter d'elle. Eline est belle mais naïve, fragile, il estime être le seul qui puisse prendre soin d'elle.

Il guette son retour, mais, rien, après deux heures, il devient fou. Ne pas l'avoir sous la main le rend dingue. Son appartement est entièrement libre, il décide de s'y faufiler, sans difficultés, l'ayant déjà fait, et son odeur le frappe de plein fouet, un mélange de vanille et de thé. Il s'en imprègne, respire à pleins poumons.

« Mon dieu que cette odeur est délicieuse. »

     L'appartement d'Eline est à son image, le blanc prédomine, égayé par des touches de bleu, vert et rose pastel. Elle possède aussi beaucoup de plantes et de fleurs, plus que la dernière fois qu'il est venu de ce qu'il constate. C'est un univers aussi doux qu'elle. Il flâne jusqu'à sa chambre, l'ambiance y est radicalement différente. Des étagères remplies de livres, là encore, il trouve qu'il y a beaucoup plus, mais rien d'étonnant, elle passe tout son temps à lire, écrire ou à regarder des séries. Néanmoins, il remarque que le mur qui était en cours de modification est maintenant terminé. Il est entièrement peint, représentant un paysage montagneux avec une ville en contrebas, le tout sous un magnifique ciel étoilé. En bas de ce chef d'œuvre, est inscrits « Velaris », une ville tirée d'une série de romans d'après ses recherches, livres qu'il trouve très vite dans la bibliothèque de la jeune femme. Elle est passionnée, c'est ce qu'il aime chez elle. Il prend place sur son lit, humant son oreiller, et il se dit que ce serait bon de l'avoir à ses côtés. Ça sera bientôt le cas. Il reste dans ses draps, l'imagine, endormie dans ses bras. Il pourrait rester ici durant des heures, mais c'est risqué, la possibilité qu'elle rentre à tout moment le pousse à quitter son lit à contrecœur et il installe les caméras. L'observer seulement dehors ne lui suffit plus, surtout avec ce confinement qui réduit considérablement ces moments-là. L'idée d'avoir accès à elle dans l'intimité de son appartement fait monter une certaine excitation en lui.

Les endroits où dissimuler son matériel ne manque pas, il s'assure que tous soient connectés et vérifie le retour d'images avant de disparaître tout aussi discrètement qu'à son arrivée. Au moment de partir, il s'immobilise à l'entrée de cette chambre, une envie lui prend, un désir de posséder quelque chose qui lui appartient. C'est risqué, si elle s'en rend compte, elle sera sur ses gardes. Si elle doit découvrir qu'elle est surveillée, ça sera par ses bons soins. Malgré tout, ce désir est trop fort, ses pas le mènent à la commode présente en face du lit. Sa main ouvre le premier tiroir, tombant tout de suite sur le trésor qu'il convoite. Il se saisit d'une culotte bleu nuit, avec une fine dentelle. Ses yeux admirent cette trouvaille, sachant déjà à quoi elle va lui servir. Il va devoir garder son petit larcin secret, au risque d'avoir des remontrances, car ça ne fait pas partie de leur plan. Après tout, cela fait presque cinq ans qu'il y travaille. Chaque détail compte et pour cela, il faut être patient.

     Le soir venu, il a l'immense joie de la voir en petit short noir, brassière de même couleur, assise en tailleur sur son canapé, concentrée sur son ordinateur. Ses doigts caressent doucement la culotte dérobée alors qu'il l'admire travailler.

« Encore un peu de patience. »


L'orchidée TourmentéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant