POV Eline
Il est là, ses mains sur moi, empêchant toute fuite, la panique me gagne, je hurle, je supplie qu'on me vienne en aide sans résultat. L'homme sans visage ne me lâche pas, sa respiration ou plutôt ses râles parviennent à mes oreilles, son corps contre le mien alors que ses mains cherchent par n'importe quel moyen à atteindre ma poitrine. J'ai peur, je veux qu'on me sorte de là.
— Eline, la voix semble lointaine avant de se faire plus forte, Eline !
Mes yeux s'ouvrent en grand, ma respiration reste coincée dans ma gorge, Natai est au-dessus de moi, tenant mes bras de chaque côté de ma tête. Un cauchemar, encore. Il lâche mes bras et m'aide ensuite à me redresser pour que je puisse reprendre mon souffle. Ces dernières nuits mes cauchemars ne cessent de me hanter, cet homme a détruit le peu de sérénité qu'il me restait. Je n'arrive même plus à faire une nuit complète et Natai non plus. Il passe son temps à m'apaiser après chaque mauvais rêve et je me sens coupable de lui imposer ça.
J'ai bien essayé de voir avec mon médecin pour qu'il me prescrive des médicaments contre le stress et des somnifères pour dormir mais il refuse de me faire une ordonnance sans un avis psychologique, sauf qu'avec ce foutu confinement, impossible d'avoir un rendez-vous avec un spécialiste dans l'immédiat. Le plus tôt qu'on m'ait proposé c'est au mois d'août. Natai passe donc ses nuits à m'immobiliser quand je suis trop agitée et il m'oblige à faire des exercices de respiration après mes réveils nocturnes. Tenir ce rythme avec le travail est éreintant mais je refuse de poser des jours de congés, surtout pour ça. Je préfère mille fois me faire violence que de rester ici, enfermée toute seule pendant que Natai travaille.
— Tout va bien, c'est terminé, dit Natai d'une voix douce.
— Je suis désolée de t'avoir réveillé...
— Tu vas t'excuser comme ça toutes les nuits ? Raille-t-il.
— Peut-être.
Il sourit en coin avant de déposer un doux baiser sur mon front, murmurant que je n'avais pas à m'excuser, que ce n'était pas ma faute. Et pourtant, c'est moi qui le réveille tout le temps à cause de mes cauchemars, c'est à cause de moi qu'il ne dort pas correctement. Il me faudra une bonne heure d'exercices de respiration pour réussir à me détendre et me rendormir. Heureusement qu'on était en week-end. D'ailleurs, je soupçonne Natai d'avoir parlé à Pierre car, en plus d'avoir tous mes samedis, il me fait bosser uniquement le matin pour que je puisse avoir mes après-midis.
Ce matin, je reçois un appel de la police, autant dire que j'ai décroché aussi vite que Lucky Luke dans l'espoir que mon interlocuteur ait de bonnes nouvelles à m'annoncer. Je tombe très vite de haut, hélas. Non seulement ils n'ont toujours rien qui justifierait qu'ils interviennent et en plus Loan Hermant n'existe pas. Personne n'a été trouvé portant ce nom, c'est un fantôme. J'ai l'impression que l'univers entier me tombe sur la tête, la raison la plus probable est que l'homme qui me harcèle m'ait contactée sous un pseudonyme, ce qui signifie qu'en plus d'être dangereux, il fait attention à ne laisser aucune traces qui permettraient de remonter jusqu'à lui. Un frisson d'effroi me parcourt le dos rien que d'y penser. Natai me dévisage, je devais tirer une tête de six pieds de long car il quitte le canapé pour me rejoindre en cuisine.
— Ils n'ont rien.
— Comment ça ?
Sa voix est calme, comme depuis quelques jours. Il fait en sorte de garder une attitude calme et posée alors que je suis une véritable bombe émotionnelle.
— La police n'a rien sur Loan Hermant, il n'existe tout simplement pas...
Ma gorge se serre subitement, ma vision devient floue, j'ai l'impression que ça ne va jamais se terminer, c'est un cercle infernal et il est en train de me tuer à petit feu. Je n'arrive pas à cacher mon désarroi, c'est impossible même, les larmes coulent toutes seules sur mes joues et j'enfouis ma tête dans le torse de Natai. Ses bras m'offrent une étreinte réconfortante, il m'offre la sécurité qui me manque cruellement ces derniers temps.
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L'orchidée Tourmentée
RomansaEline est une jeune femme sensible, vivant à la Rochelle. Brisée par son passé, ses collègues et son travail prennent une place importante dans sa vie, en particulier le vigile de son magasin. Natai est un homme sportif, sûr de lui, qui passe son t...