Chapitre 4 - La fuite est parfois la meilleure défense

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Léo

Assis au bord du lit, la tête entre les mains, je fixe la moquette beige à mes pieds. L'aube a laissé place au soleil flamboyant d'Athènes. Le doux ronron de la ville qui s'agite est seulement troublé par la respiration régulière de ma belle inconnue.

Ma main droite se soulève et s'arrête à quelques centimètres d'une mèche de cheveux blonds que je m'apprêtais à caresser. Je ne le ferai pas. Je n'en ai pas le droit. À la place, je serre mon poing et soupire.

Mon inconnue est belle, même endormie. Même sa respiration est douce et mélodieuse. Une belle tigresse apprivoisée. Éveillée, elle semble sauvage, prête à se défendre contre le monde entier, mais endormie, elle a l'air jeune et innocente. Ce qu'elle est.

J'ai peu de souvenirs de la nuit dernière, mais je sais qu'elle n'a pas menti et qu'elle était bel et bien vierge. J'ai baisé une jeune fille vierge.

Je jure, me passe les mains sur le visage, me lève et enfile un pantalon de jogging en contemplant mon inconnue, encore incrédule. Je suis donc devenu fou. C'est à ça que m'ont conduit ces putains de mois à pleurer mon Anna ?

Une paire de jambes interminables, de grands yeux bleus, des lèvres roses et charnues, une chevelure blonde lui donnant un air sauvage et je me suis embrasé comme une allumette trop près d'une flamme.

Quand je l'ai vue à mon réveil, j'ai mis ma faiblesse sur le coup de sa vague ressemblance avec Anna. Mais tout à l'heure, je la désirais elle, pas mon Anna. Son corps. Sa bouche. Elle. Mon inconnue.

Je pose ma main sur ma nuque. Je n'ai jamais voulu ça. Je voulais juste céder à la pulsion de mon corps, assouvir mon besoin... oublier. Oublier mon chagrin et me sentir à nouveau vivant, mon cœur battre, mon sang pulser dans mes veines.

Je regarde mon inconnue, incrédule. Elle sourit dans son sommeil. Mais moi, je ne souris pas. Le remords me dévore de l'intérieur. Je serai à jamais son premier.

Elle ne m'oubliera jamais. Qui que soient ses prochains amants, je resterai le premier et ça n'aurait pas dû arriver.

Je ferme les yeux en songeant que je ne sais même pas si j'ai pris soin de me protéger cette nuit dans mon délire d'ivrogne.

Les hommes sont-ils tous des barbares ?

Oui, Anna. Les hommes sont tous des barbares.

Notre fils aurait été probablement meilleur grâce à toi. Mais il ne le sera pas. Il ne deviendra jamais un homme et, pour ma part, mes actes s'expriment pour moi.

Je ne connais même pas son nom. J'ai marqué sa vie à jamais et je ne sais rien d'elle, hormis qu'elle est française. Chose facile puisqu'elle ne parle qu'en français !

Mon inconnue change de position, et le drap glisse délicatement, révélant ses seins ronds et fermes. Mon corps réagit immédiatement. Le désir me submerge à nouveau et je m'écarte du lit comme s'il représentait un danger imminent. Ce qui est le cas.

Tout mon être la réclame encore et encore. Je n'ai jamais désiré une femme comme je la désire. Pourtant, je sais que cette nuit était une aberration. J'aurais pu la mettre sur le coup de l'alcool, mais pour ce matin, je n'ai aucune excuse, hormis ma faiblesse. Je dois m'en aller. Oublier et espérer qu'elle en fasse autant.

Je me traite de lâche, mais m'habille malgré tout. Je rassemble mes affaires à la hâte, enfile mes chaussures et, summum de ma lâcheté, je dépose tout l'argent liquide que je possède sur la table basse.

Je jette un dernier coup d'œil à mon inconnue et me hais. Je ne pensais pas qu'il m'était possible de me haïr plus après la mort d'Anna, mais j'avais tort.

Mon cœur se brise un peu plus. Je doute de moi et me demande ce qu'il se passera si je ne pars pas. Je la ferai mienne encore et encore.

Et elle finira comme Anna.

Je ne peux pas lui faire ça. Je ne peux pas me faire ça.

My Mad KingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant