Chapitre 5 - Les rêves, c'​​​​​​​est pour les fillettes !

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Ophélia

Mes yeux s'ouvrent doucement encore plein de brume de sommeil. Mon corps est endolori de délicieuses courbatures. Je souris en découvrant la chambre baignée de lumière orangée, signant la fin de la journée. Je roule sur le côté à la recherche de mon amant, mais ne trouve que des draps frais imprégnés de son odeur. Je m'assois au milieu du lit en étouffant un bâillement avec le dos de ma main. Je jette un regard autour de moi et ne vois personne. J'enroule maladroitement le drap autour de ma poitrine et me lève.

— Léo ?

Pas de réponse. Je passe sur la terrasse et reste une seconde ébahie par les incroyables dégradés de couleurs baignant Athènes. Comment reprendre ma vie après ça ? Après ces deux jours en dehors du temps et de la réalité. Je ne pense pas pouvoir retourner en France, réclamer ma place en centre d'hébergement et faire comme si cette aventure n'avait jamais existé. Je soupire et pivote sur mes talons. Ce n'est pas le moment pour mes questionnements intérieurs. Je compte profiter encore de ce moment en dehors de ma réalité.

Je regagne la suite et fronce les sourcils en voyant un papier avec une enveloppe sur la table de basse.

Léo m'a laissé un mot, semble-t-il. Je m'attends à un :

« Ophélia, je suis parti faire une course, ou faire de la musculation ».

Après tout, on n'a pas un corps comme le sien sans faire du sport. Je souris à cette idée et lis :

« La suite est payée. Tu peux en disposer autant que tu le souhaites. 

Léandro »

Je lis, relis, mais les mots ne changent pas. J'ouvre l'enveloppe posée à côté et la laisse tomber, les mains tremblantes, en même temps que la liasse de billets soigneusement rangés à l'intérieur.

Je ne suis qu'une idiote. Je ne suis qu'une stupide gamine naïve.

J'ai cru que je pouvais avoir une autre vie simplement parce qu'un type pas trop mal m'a dépucelée dans sa chambre luxueuse. Je ris jaune. C'est donc cela que j'ai représenté pour ce fameux Léandro ? Je ramasse les billets et les compte pour connaître ma valeur. Cinq mille euros. C'est ce que ma virginité a coûté. Il l'a fait au forfait ou il a détaillé chaque acte ? Fellation : cinq cents euros ?

Je jette l'argent sur la table basse et me laisse tomber dans le canapé, lasse d'un univers où je n'existe pas et qui ne veut décidément pas de moi.

Il ne m'avait même pas donné son vrai prénom... Comment ai-je pu être aussi idiote ?

Je m'étais pourtant promis de ne pas rêver, et voilà qu'à la première occasion je cède au monde scintillant d'un bellâtre grec. Finalement, ce n'est pas une légende, ça ne finit jamais bien pour les filles comme moi.

Je reste un moment le regard dans le vide et, sans que je m'en rende compte, l'obscurité est tombée sur Athènes. Je jette un coup d'œil en direction de la terrasse en repensant à la sensation d'émerveillement que j'ai ressentie la nuit dernière en découvrant le tapis de lumières au pied de la suite.

— Les rêves, c'est pour les fillettes, je lance en me levant.

Je vais à la salle de bain, me douche. Je sors mes vêtements de rechange de mon sac à dos et mets à la poubelle ceux de la veille. Je récupère l'argent, le fourre avec mes économies, embrasse une dernière fois la pièce et dis adieu à mes rêves ainsi qu'aux dernières pérégrinations de mon enfance.

On ne m'y reprendra plus à croire en l'amour ou même à la vie.

— Finies pour moi toutes ces conneries, je souffle en appuyant sur le bouton de l'ascenseur.

My Mad KingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant