Chapitre 13- Les gens ont sur vous le pouvoir que vous leur donnez.

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Ophélia 

— J'ai le droit d'être jalouse de ta taille de guêpe ? me demande Audrey en me regardant avec une moue.

— Arrête, Audrey, tu es superbe et tu le sais !

Ce qui est vrai. Elle est magnifique avec ses grands yeux verts et ses formes à faire pâlir de jalousie la plupart des femmes.

Peut-être que quand j'aurai plus de sous, j'arriverai à avoir ses fesses rebondies, je m'interroge en la lorgnant, tandis qu'elle considère le rendu de son pantalon en cuir ultra moulant. J'observe mon reflet et abandonne. Je ne suis pas à sa hauteur. Mon seul avantage est ma « taille de guêpe » comme elle le dit si bien !

J'adore Audrey, mais parfois, la regarder me donne envie de m'enterrer dans un trou.

— On est des bombes, ma cocotte, me dit-elle en arrangeant à nouveau mes cheveux.

Non, elle est une bombe !

Elle m'a prêté une robe à fleurs près du corps et un gilet. Elle a eu beau me coiffer et me maquiller, je ressemble toujours à une gamine. Je comprends que Léo se soit barré le matin de la Saint-Sylvestre ! À la lumière du jour et à jeun, je devais avoir perdu tout mon attrait. Attrait qui se limitait à une vague ressemblance avec sa femme décédée.

Pourquoi faut-il que ma vie soit aussi pathétique ?

— On peut peut-être juste aller manger un morceau et se faire un ciné ? je tente à nouveau.

Mon porte-monnaie me crie : « un verre d'eau et au lit », mais ce soir je ne l'écoute pas. Je ne sors jamais et fais sans cesse très attention. Certes, ce n'est pas comme si j'avais le choix, puisque mon salaire ne couvre que ma part du loyer, je me rappelle avec une grimace. Il faut vraiment que je trouve un travail mieux rémunéré. Au moins pour les vacances d'été...

— Ophélia, juste pour ce soir, arrête d'être une fille sage et amuse-toi !

Je remercie mentalement l'univers, ou tout du moins la personne qui vient de sonner à notre porte.

— Je vais ouvrir, je souffle, heureuse d'échapper à l'un de ses interminables serments sur « Il faut profiter de notre jeunesse, mais faire attention aux MST ».

J'ouvre la porte et déteste l'univers.

— Bonsoir, me salue Léo, toujours aussi incroyablement beau. Je l'observe de la tête aux pieds et ne peux m'empêcher de trouver qu'il détonne avec mon piteux couloir aux murs tagués et délabrés.

Il se tient devant moi dans son costume sur mesure, les mains dans les poches, ses cheveux noirs sont mouillés et ébouriffés, ses yeux me fixent avec une intensité qui contractent mon corps dans son entièreté. Encore une fois, il envahit tout l'espace.

— Il n'y a pas de numéro de téléphone renseigné sur ta fiche du personnel, ajoute-t-il.

— Je n'ai pas de téléphone.

Léo fronce les sourcils et encaisse avec surprise ma révélation. Je vois des pourquoi se dessiner sur son visage. Certaines personnes pensent que c'est une manière de me rebeller contre notre société de consommation ou une autre connerie écologique. Pourtant, la vérité est aussi simple que :

— C'est cher un téléphone.

— Certes. Mais c'est pratique, souffle-t-il comme s'il s'adressait à une folle.

— Manger et avoir un toit aussi.

— C'est exact, dit-il en regardant autour de lui comme s'il prenait la mesure de mes paroles et voyait enfin son environnement.

My Mad KingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant