Chapitre 12 - Il n'y a pas plus hargneux qu'un enfant qui n'a rien.

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Ophélia 

Je tente de garder mon calme, mais aucune parcelle de mon être ne l'est.

— Je ne remets pas en cause la qualité de votre travail, Ophélia, me dit le responsable des ressources humaines.

— Je l'ai bien compris.

— Un rachat entraîne souvent des changements et la nouvelle direction souhaite faire des économies. Vous êtes la dernière arrivée et votre contrat est le plus petit, s'excuse-t-il à nouveau.

— Je l'ai bien compris, je répète.

Ma gorge est sèche. J'avale ma salive avec difficulté. Ce matin, en venant travailler, je ne pensais pas que ce serait mon dernier jour. Mais s'il y a bien une chose que j'ai apprise avec le temps, c'est que rien n'est jamais acquis.

— Est-ce que vous connaîtriez un autre établissement qui recrute ? je demande avec une voix posée qui contraste étonnamment avec l'attitude de mon interlocuteur.

Il secoue la tête et je me dis qu'il n'a pas dû souvent licencier quelqu'un quand il se met presque à pleurer.

— Est-ce que vous pourriez me faire une lettre de recommandation en même temps que mon solde de tout compte ?

— Je... j'attends que le comptable de monsieur Antonopoulos me contacte pour pouvoir l'établir...

Je n'écoute pas la suite de sa phrase. Le mot résonne dans ma tête : Antonopoulos.

— C'est... monsieur Antonopoulos qui vous a demandé de me licencier ? je l'interroge en tentant de contrôler les trémolos dans ma voix.

— Oui... non, ce n'est pas personnel... vous savez...

— Les rachats entraînent souvent des changements, je le coupe en répétant mot pour mot ses précédentes paroles.

Il ouvre, puis ferme la bouche, il cherche toujours les bons mots, tandis que moi, je bous de colère.

— Quand est-ce que monsieur Antonopoulos est-il devenu le propriétaire de l'hôtel ?

Je frotte mes poings sur mes genoux. Samedi, il était surpris de me voir dans le parc. Savait-il déjà que je travaillais ici ? Avait-il déjà pour ambition de m'exclure de sa nouvelle acquisition ?

— Hier soir, ou plutôt cette nuit. Le rachat s'est fait très rapidement. Pour ma part, je ne l'ai appris que ce matin à mon arrivée ! geint le responsable, visiblement dépassé par cette nouvelle.

— Je vois. Vous avez l'adresse de la société de monsieur Antonopoulos ?

Il semble surpris par ma demande.

— J'ai simplement besoin de mon solde. Vous comprenez, je suis étudiante et je n'ai que ce revenu.

Ce qui est vrai. Je n'ai plus l'argent qu'il m'a donné à Athènes et sans mon salaire, je ne peux pas payer le loyer de la chambre à Audrey.

— Oh oui, bien sûr !

Le responsable tape fiévreusement sur le clavier de son ordinateur, clique une fois, puis deux et sourit en notant l'objet de ma demande sur un post-it.

— Je suis certain que vous trouverez rapidement un nouvel emploi. Je vais immédiatement rédiger votre lettre de recommandation pour que vous l'ayez en même temps que votre solde.

— Je vous remercie, je laisserai mon uniforme à la blanchisserie, je l'informe en partant avec le post-it dans mon poing.

Je ne perds pas une minute. Je regarde l'heure, consciente que je dois choisir entre ma première heure de cours et aller tordre le cou de cet enfoiré de monsieur Antonopoulos.

My Mad KingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant