Chapitre 8 - L'inconnue a un nom... Ophélia

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Léo 

— Alors, à ce qu'il paraît, tu comptes acheter un hôtel dans Londres ? me demande mon frère en entrant dans mon bureau sans prendre la peine de s'annoncer.

— Veuillez m'excuser, monsieur, il a été trop rapide, se lamente ma pauvre assistante, à bout de souffle, juste derrière lui.

— Ce n'est rien.

Je secoue la main pour lui indiquer de nous laisser.

— Elle ne devrait pas être à la retraite ? m'interroge mon frère en regardant la porte se fermer, les sourcils froncés.

Il est vrai que Lucia n'est plus toute jeune et que la ribambelle de petits-enfants qu'elle a en est la preuve. Ce que je ne dis pas à mon frère, c'est que j'aime bien Lucia. Elle a été l'assistante de ma mère, puis un peu de mon père et maintenant que j'ai dû reprendre malgré moi l'entreprise familiale en plus de mes études, je ne me vois pas diriger sans elle.

J'avoue que je ne suis pas certain d'y arriver sans elle. Avant de me retrouver propulser à la tête de l'entreprise familiale, je ne m'y suis jamais interessé. Mon truc à moi a toujours été les mathématiques, la physique et les échecs ! Clairement les différentes magouilles de mon père n'ont jamais été mon truc.

Et pourtant, me voilà à diriger en plus de préparer mon doctorat.

Heureusement, j'ai Lucia et mon frère, Loukas. Loukas qui est fait pour ce monde qui n'est pas le mien. Vivement qu'il ait terminé ses études de finance que je lui refile l'entiereté de la direction !

— Il ne me semblait pas que nous ayons rendez-vous, Loukas, je souffle à mon frère tout en étudiant un document comptable qui me gonfle royalement.

J'aime les chiffres, mais alors la comptabilité est quelque-chose qui m'ennuie prodigieusement.

— Premièrement, nous sommes samedi. Deuxièmement, je ne pensais pas avoir besoin d'un rendez-vous pour te voir.

Il retire sa veste et s'installe sur le siège en face de moi. Anna disait que mon frère était le stéréotype de l'homme grec fantasmatique des romans à l'eau de rose. Entre ses chemises blanches bien trop moulantes, son corps d'athlète, ses tatouages et ses trop nombreuses conquêtes, je pense qu'elle n'avait pas tort.

— Contrairement à toi, frangin, je fais de vraies études qui demandent beaucoup de temps. Donc, hormis le samedi matin, je ne vois pas quand je pourrais faire ça, je termine en lui désignant les différents graphiques sur mon bureau.

— Oui, d'ailleurs... même si je n'ai rien contre le fait que tu aies monté un empire familial avec les merdes que nous avait laissées notre géniteur, je pense que tu devrais prendre du temps pour toi. Tu n'as même pas 22 ans que tu vis comme un vieux garçon acariatre !

— Je ne suis pas acariatre, je marmonne vexé.

— En plus, ce serait pas mal que le foutu conseil d'administration qui nous colle au cul bosse un peu, histoire de justifier l'outrageux pourcentage qu'ils touchent tous chaque année, continue-t-il.

— Je n'ai pas besoin de prendre du temps pour moi. Et arrête de faire une fixation sur eux, ils finiront par te laisser tranquille, je réponds sèchement.

— Depuis quand est-ce que tu n'as pas pris de vacances ?

Mon esprit songe directement à mon inconnue. Je serre les poings et garde cet épisode peu glorieux pour moi.

La semaine dernière, quand j'ai découvert qu'elle travaillait à quelques rues de mon bureau, j'ai frisé l'euphorie. Sauf que lorsque j'ai eu accès au fichier contenant tous les noms des femmes de ménage, j'ai été incapable de retrouver le sien. Je n'ai aucun droit de la recontacter. Et j'avais de bonnes raisons pour la laisser ce jour-là.

My Mad KingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant