My Mad King

Chapitre 9 - Prison Break

Ophélia

Je suis pétrifiée. Je ne me rappelle même plus comment on parle, on bouge, on respire. Je mets ma main droite sur mon cœur et constate qu'il bat encore. Il bat fort et vite, mais il est là, il ne s'est ni brisé ni échappé en voyant Léo.

Léo était là, à quelques pas de moi, je me répète, comme si j'essayais d'intégrer cette information. Je croyais l'avoir laissé à Athènes, oublié, ou même qu'il était parti ailleurs, loin de moi, que nos chemins ne se croiseraient plus jamais. C'est comme si le jour où j'avais quitté Athènes, il avait arrêté d'être réel. Pourtant, il l'est. Et il est à Londres.

— Je suis désolé, s'excuse l'homme qui était avec lui.

Je le regarde enfin et trouve que Léo et lui ont des traits en commun.

— Mon frère ne voulait pas être impoli, reprend-il.

Donc ils sont frères. Léo est plus fin que son frère qui a une certaine allure de bad boy avec ses tatouages et ses larges épaules qui tranchent avec son polo et son pantalon couleur crème. Il est tout aussi beau que Léo. Il paraît plus dangereux également. Le fait est qu'ils semblent tous deux sortir d'un magazine. Elles doivent être sympas leurs photos de famille !

— ... sa femme lui manque, termine-t-il tristement.

Et là, mon cerveau comprend. Léo est marié. Comme si mon corps n'était pas assez tendu, il en devient carrément rigide ! Léo est marié !

Mais il a quel âge ?!

J'ai bien vu qu'il avait une bague, mais je ne pensais pas...

— Non, il est veuf, me dit son frère en m'observant avec une attention étrange.

J'ai parlé à haute voix ?

— Je ne te savais pas dans le coin, lui dit Audrey, tandis que mon cerveau s'emballe de milliers de questions.

Veuf ? Depuis quand ? Comment ? Est-ce que c'est pour ça qu'il est parti pendant que je dormais ?

— Moi non plus, lui répond-il alors que mes yeux naviguent de l'un à l'autre.

J'ai l'impression d'être un lapin pris dans des feux de voiture ! Je ne sais plus où j'en suis et à peine où je suis. J'ai perdu tout sens de la réalité.

Je scrute le frère de Léo de la tête au pied avec une insistance à la fois étrange et malpolie, comme si j'allais trouver la réponse à mes questions sur l'un de ses tatouages.

Mon cerveau déraille et se demande comment se nomme la série où un type se fait emprisonner avec le plan de la prison gravé sur sa peau.

— Prison break, je murmure, le regard perdu sur mes baskets.

Baskets que j'ai payées avec l'argent de Léo.

— Je vais y aller, souffle son frère sans me quitter des yeux.

J'avale avec difficulté ma salive. Est-ce qu'il me dévisage parce qu'il sait ce qu'il s'est passé au Nouvel An avec son frère ou parce qu'il me croit folle ? Peut-être les deux...

Je sens mon sang quitter mon visage. Il sait pour l'argent ? Il va le dire à Audrey ? Le fait de l'avoir utilisé fait-il de moi une prostituée ?

Ma gorge se serre et la panique étreint tout mon être. Je vois déjà la petite vie que j'ai mis tant d'énergie à construire voler en éclat. Je me sens sale. Je croise les bras sur ma poitrine comme si cela allait me protéger du danger immédiat que représente toute cette situation.