Chapitre 6 - L'inconnue

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Léo

Les pieds enfoncés dans le sable, le regard perdu dans l'horizon, j'admire la mer et le ciel qui ne semblent faire qu'un. Aucun lieu n'est aussi merveilleux que mon île...

J'inspire une grande bouffée d'air marin et ferme les yeux. La quiétude me gagne et m'apaise. Plus rien n'existe que cette sensation d'être enfin chez moi, à ma place. Pourtant, une part de moi sait qu'il me manque quelque chose. Mais je ne sais plus de quoi... de qui il s'agit.

Je fouille ma mémoire, cherche au loin dans l'horizon azuré, au creux des vagues qui lèchent le sable. En vain, je ne sais plus.

— Elle ne reviendra pas, me glisse à l'oreille une voix féminine familière.

Je rouvre les yeux et la vois, allongée sur le sable, nue, magnifique comme toujours. Ses tétons pointent vers le soleil brûlant de notre île. Son ventre se creuse comme s'il me montrait le chemin que je dois suivre pour goûter aux plaisirs de sa chair.

— Tu ne devrais pas être là.

Je m'installe auprès d'elle. C'est là qu'est ma place. À ses côtés. Pour toujours.

— Je suis morte, je fais ce que je veux ! me lance-t-elle, taquine, avant de monter à califourchon sur moi.

— Je t'ai oubliée l'espace d'un instant.

— Oui. Non. Je suis elle. Elle est moi, dit-elle en écrasant son index sur mon front.

— Elle n'est pas toi, je murmure en cherchant dans les traits de son visage les différences qui m'apparaissaient pourtant si évidentes ce jour-là.

— Tu n'en es pas sûre.

Elle chuchote contre mes lèvres, son souffle chaud me caresse. Je ferme à nouveau les paupières et la laisse m'embrasser, me prendre en elle, me perdre en elle.

— Je ne pensais pas que c'était possible d'avoir aussi mal, je geins tandis qu'elle va et vient sur moi.

— Et tu pensais pouvoir faire autant de mal ?

Ses grands yeux bleus me scrutent durement.

Anna...

Non ce n'est plus elle.

Mes doigts se crispent. Mon désir devient incandescent.

Mon inconnue...

J'ai besoin de plus. J'ai besoin de la sentir se serrer autour de moi. Je la renverse sur le sable qui se change en un lit couvert d'un drap de satin rouge sang et la prends avec vigueur. Je veux l'entendre crier mon nom, scander son plaisir, mais elle ne bouge pas, se contente de m'observer.

— Je suis tellement désolé, je souffle, la gorge serrée, sans m'arrêter de la prendre toujours plus fort.

— C'est toi qui devrais être mort, pas moi, dit-elle tandis que de fines gouttes de sang s'écoulent de sa tempe.

Je la lâche, m'écarte... et me réveille, le corps trempé de sueur, la respiration courte. Je regarde tout autour de moi, complètement hagard. Ce n'était qu'un cauchemar.

Je crois.

Je ne sais plus.

Je détaille les éléments de ma chambre à coucher comme si je la découvrais pour la première fois, mais ne vois que l'inconnue. Peu importe où se posent mes yeux, au final je ne vois qu'elle, son fantôme. Son regard bleu perdu. Sa chevelure blonde emmêlée qui retombe sur le bas de ses reins. Ses seins hauts et ronds, sa bouche qui n'appelle qu'à être embrassée. Elle hante mes rêves et mes songes les plus intimes. J'aimerais la chasser de mon esprit, mais je n'y arrive pas.

My Mad KingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant