Une rentrée de plus, une rentrée de moins. On finit par en perdre le compte. Chaque année, la même routine. Ma mère me pousse à côté de ma petite sœur, une ardoise en main pour prendre la traditionnelle photo du mois de septembre qui sera bientôt affichée sur son mur Facebook et commentée par des gens dont je n'ai même pas conscience de l'existence. Soit.Mon sourire dévoile mes dents et j'entoure de mon bras les épaules de ma sœur. Une fois le flash survenu, je dépose un baiser sur son crâne et l'attire contre mon torse. Ma princesse rentre au collège tandis que j'entame ma dernière année de lycée.
Notre écart d'âge est conséquent, mais cela ne nous a pas empêché de nous aimer. Elle est probablement ce que j'ai de plus cher au monde. Je ne mesure jamais mes attentions envers elle. Elle est ma princesse. Ma Anatoli.
Littéralement son prénom signifie « aurore » en grec, et elle le porte merveilleusement bien, elle est née à cinq heures du matin lors d'un voyage à Athènes. Mes parents voulaient marquer le coup et ont demandé conseil aux sages-femmes grecques, abandonnant la liste de prénom pour les petites filles et les tendances à venir qu'ils avaient confectionnées.
Mon prénom me colle également à la peau comme aime me le rappeler ma mère : "Don de Dieu". Elle n'arrivait pas à tomber enceinte et a essuyé près de trois fausses couches avant d'enfin m'avoir. La suite logique a été que j'étais un cadeau du Ciel, reçu avec joie au cœur de ma famille. Le premier de tous mes cousins.
— Tu es beau mon fils.
Ma mère me caresse la joue tendrement et j'apprécie son contact en fermant les yeux.
— Mes bébés grandissent bien trop vite, se morfond-t-elle.
Je souris à nouveau et l'attire dans mes bras. Je suis bien plus grand qu'elle maintenant. Anatoli nous rejoint dans notre étreinte et je respire un bon coup.
Cette année sera différente. Je le sens.
Je le sais.
*
Je referme mon casier en fixant le cadenas. Josh et Fred me regardent et rigolent tous les deux. Justin, mon meilleur ami depuis la primaire arrive et on se salue d'une accolade.
— Vous êtes dans quelle classe ? nous interroge-t-il.
— C
— Pareil que Josh.
— A, on est tous les deux normalement, lui dis-je.
— Ça me plaît bien, cette année va être vraiment cool, quoi qu' avec toi en camarade de classe...
Il dit ça en m'envoyant son poing dans l'épaule. Je ricane et le pousse légèrement en arrière. Mon regard balaye le couloir où s'amassent les élèves, impatients ou non de retourner en cours, mes yeux sont attirés vers une personne dont le physique m'est inconnu. Il faut dire qu'ici tout le monde se connaît, ça reste une petite ville.
Cette nouvelle personne est une fille, une jolie fille si j'en crois les nombreux regards qui la toisent, dont le mien. Les regards qui se posent sur elle sont différents : curieux, admiratifs voire jaloux. Certaines filles s'empressent d'attraper le bras de leur mec et de les attirer vers elle. Menace en vue.
Elle ne bronche pas devant ces regards et continue d'avancer comme si elle connaissait ce lycée par cœur.
Mais je suis sûr d'une chose, elle fera partie de cette année spéciale pour moi.
Elle finit par s'arrêter à un mètre de moi et mes amis. Eux sont en train de discuter à propos de je ne sais quoi mais je ne peux pas m'empêcher de la regarder. Tout chez elle m'intrigue et m'attire. Je ne la lâche pas du regard, j'en suis incapable.
Ses cheveux bruns ondulés et légèrement gonflés à cause de la chaleur descendent en cascade le long de son dos. Je ne distingue que son profil gauche. Son visage semble harmonieux, de beaux sourcils épais et tracés, des cils longs recourbés vers le haut, des yeux verts émeraudes à se damner, un nez droit possédant une petite bosse et des lèvres roses qui m'appellent. C'est la plus belle femme que j'ai vu de ma vie. Voilà la première chose qui traverse mon esprit lorsque je la détaille.
Elle doit probablement sentir mon regard puisqu'elle se tourne vers moi et me toise quelques secondes qui me semblent durer des heures. Le temps est comme figé. Ma bouche s'entrouvre, je veux la saluer, me présenter, mais je n'en fais rien. Parce que ses yeux analysent tout de moi. De haut en bas. De gauche à droite. Ses yeux me scannent.
Il suffit d'un claquement de doigt pour me ramener à la réalité. Justin fronce les sourcils et me questionne du regard. Mon visage fait un aller-retour entre lui et la place qu'elle occupait mais elle n'est plus là. Elle est déjà partie.
J'humecte mes lèvres et inspire un bon coup, en souriant à mon meilleur ami. Son regard se fait toujours aussi inquisiteur.
— Rien, t'inquiète.
Justin fait la moue mais ne m'en demande pas plus. Il sait très bien que je ne cracherai pas morceau. Et puis, je ne compte surtout pas partager ce qu'il vient de se dérouler. Ce souvenir n'appartient qu'à moi et à elle. À nous.
Au fond de moi j'en suis sûr. Ce « nous » existe.
*
Lorsque je rentre dans la salle de mon option littérature, je la vois. Assise à l'avant-dernier rang, proche de la fenêtre. Les commissures de mes lèvres s'étirent d'elles-mêmes. Je souris encore plus quand je remarque que la seule place de libre dans cette salle exiguë est celle de sa table. J'avance avec confiance jusqu'à elle et lui adresse la parole, pour la première fois :
— Je peux m'asseoir ici ?
Ses yeux verts aux longs cils se relèvent vers moi et mon cœur fait un looping dans ma poitrine en détaillant la profondeur de ses iris. Elles sont magnifiques. Magnifique elle l'est. C'est sûr. Belle à s'agenouiller rien que pour pouvoir lui parler.
C'est une voix douce mais claire qui me répond.
— C'est la seule place qu'il reste. J'imagine que nous n'avons pas trop le choix d'être côte à côte.
Ça je le savais déjà. Mais l'entente de ce « nous » dans sa bouche me ravit au plus haut point. Un mot et je serai à ses pieds. Juste un seul.
— Matthew, enchanté, me présentai-je en m'asseyant.
Sans faire exprès ma main frôle la sienne lorsque je pose mes poignets à plat sur la table. Ce simple toucher me provoque un frisson dans la nuque. Gêné, je fais mine de me gratter l'arrière de celle-ci.
Elle continue de me détailler avec finesse, passant ses yeux sur chacun des éléments de mon visage. Un effet de lumière attire son regard sur mon poignet où brille ma gourmette de naissance en argent. Finalement son regard revient vers le mien et ses lèvres s'étirent tendrement, créant une envolée de papillons dans mon estomac.
— Isis.
Un prénom de déesse. Une déesse. Magnifique. Juste magnifique.
💫
Premier flashback... Première apparition de la belle Isis.
Affaire à suivre...
Kiss 💋
Anna 🌸
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Per Aspera Ad Astra
RomancePar des voies ardues jusqu'aux étoiles... « - Je t'aime Matthew... - Je t'aime ma divine Isis... » « - Tu m'avais promis de m'aimer jusqu'à ta mort... - Les humains mentent parfois mon amour... » « - Mais je n'ai jamais dis que cette promesse était...