CHAPITRE 4 (partie 2)

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Trois semaines se sont passée. Trois semaine où mon esprit se fragilise, où mes nuits s'écourtent. Je réalise peu à peu ce qui s'était caché au fond de moi. J'aime Romain. Plus qu'en ami. Beaucoup plus. Et le magicien l'a remarqué avant moi. Je ne peux pas laisser mon groupe mourir au front. Pas sans que j'ai essayé de les protéger. La nuit est tombée bien trop vite et le sommeil ne vient pas.

- Tu vas être fatiguée, m'apprends Sirius, l'homme que j'ai rencontré le premier jour. Va te coucher, on a besoin de toi demain matin.

J'ignore son conseil et m'approche des barreaux. Je les gravis un à un. Je m'élance dans la longues plaine qui s'étend devant moi. Le sol est plein de balles, de trous, de sang. Je m'arrête, plante mes pieds dans la terre et l'herbe et inspire. Puis je hurle, je hurle à pleins poumons, jusqu'à m'en brûler la gorge. Je vois des lampes s'allumer devant moi et je souris. Parfait. Je fourre une main dans ma poche et en ressors une dizaine d'explosifs à courte portée, volés il y a quelques jours. Les plus dangereux. Je cours sur les centaines de mètres qui me séparent de la tranchée ennemie. Mes jambes me brûlent, déjà fatiguées. Ça fait un peu plus d'un mois que je n'ai pas couru.

- Si vous ne vous rendez pas tout de suite, je balance les explosifs dans vos tranchées, je leur crie une fois assez près pour qu'ils m'entendent.

Pour affirmer mes dire je secoue les petites boites devant moi. 

Ça y est, je suis suicidaire. 

J'entends des chuchotements, puis une voix forte s'élève dans le nuit.

- Tu n'oserais pas. Tirez !

Le bruit des balles sifflent à mes oreilles mais je réussi à créer un portail assez vite pour qu'elle ne m'atteignent pas. Je lance la première boite dans la tranchée la plus proche et m'excuse juste avant qu'elle n'explose. La terre tremble et des cris déchirent le silence nocturne. Un nuage de poussière mêlé à de la terre et au sang s'élève dans l'air. Puis plus rien. Durant un moment, j'ai l'impression que leurs fantômes vont sortir de la tranchée pour me tuer à l'aide de leur regards réprobateurs.

- Attends, attends ! M'ordonne la voix. On... On va se rendre, c'est bon.

Il monte sur l'échelle et lève les bras en l'air. Je n'aurais pas pensé que c'était si facile. J'enlève mon portail et il sort rapidement un petit pistolet en visant mon front. 

Aïe, je ne l'avais pas vue venir.

- Un seul tir en ma direction et elle meurt, menace l'homme grand et barbu.

J'ouvre grand les yeux.

C'est sûrement le colonel.

Et qui dit Colonel, dit autorité et discipline. Sans notre colonel, on serait complètement désordonnés. Reste à espérer que la lumière et l'ombre se ressemblent plus qu'ils en ont l'air.

- Lancez vos armes au dessus du fossé, ordonne l'homme en se rapprochant de moi.

Je me recule d'un pas quand il regarde mes compagnons.

- Si vous voulez la sauver, je l'échange contre votre dirigeant. Mais mon offre ne tiens pas éternellement.

Il reste les yeux fixés sur les soldats et j'en profite pour me reculer encore un peu. J'entends des chuchotements. Mes compagnons ne savent pas quoi faire. Le bruit métallique de barreaux qui se plient sous le poids d'un homme de forte musculature retentit. Même le vent semble s'être tut. J'aperçois quelques mèches auburn dépasser de la tranchée et mon sang fait un tour.

Claire et le monde de l'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant