CHAPITRE 10

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Maya s'écroule avant d'avoir passé la porte. Elle se referme derrière moi.

- Super, je marmonne.

Des milliers de soldats de l'ombre m'encerclent. Je ne suis plus dans une pièce, je suis dehors. Et ce lieu me rappelle vaguement quelque chose. Mes ennemis se rapprochent dangereusement, leurs armes chargés pointées sur moi. L'adrénaline me pousse à courir, mais je ne sais pas où je vais. Je ne sais même pas où je suis. Un soldat tire et je sens mon bras piquer. Je préfères ne pas regarder. Je n'ai pas le temps d'admirer ma blessure, ni même tenter de la soigner. Le moindre faux pas, et je suis morte. Pas le temps de jeter un regard derrière.

Je me souviens.

Ce lieu, c'est celui que j'ai vu dans mon rêve. C'est celui qui m'a fait peur au point que j'ai décidé d'abandonner mon équipe. Pourtant il se réalise. J'ai bel et bien des soldats à mes trousses. J'entends les fantômes de mes confrères hurler de douleur et de désespoir face à leurs existences qui n'ont durées que trop peu de temps. Un rambarde, la même que dans mon rêve, se matérialise sous mon nez et je l'enjambe de justesse. Pour un peu, j'aurais pu tomber. L'immense prairie s'étend à des kilomètres devant moi. Sur l'herbe mouillée de sang, gisent les cadavres de mes camarades. Je sais ce qu'ils me reprochent. Je ne les ai pas sauvé. J'aurais dû.

 Pourquoi, à mon avis, suis-je la seule à avoir survécu ? 

Je sens les soldats gagner du terrain. Ils tirent sans retenue désormais. Je sens les balles siffler tout près de mes oreilles. Je vois s'étendre un grillage au loin. Il me suffirait de passer au dessus pour être hors de portée de leurs tirs. La petite fille m'attends de l'autre côté, son visage innocent planté sur le visage. J'ai échoué la dernière fois. J'y arriverais aujourd'hui. Au lieu de continuer à courir tout droit, je bifurque à droite, puis à gauche pour semer la confusion dans les rangs de mes ennemis. Je passe un pied dans une des mailles du grillage et je me hisse à la force de mon bras valide au dessus. En moins de cinq seconde, je suis en sécurité. Le magicien n'est pas apparu. Comme quoi, l'avenir n'est pas figé dans le marbre. La jeune fille me serre dans ses bras. Je sens la douleur dans mon bras disparaître. Sans un mot, elle me pointe du doigt une port qui n'a rien à faire au milieu d'un plaine. Son regard m'incite à y pénétrer. Je pousse délicatement la poignée et me voilà dans une pièce qui m'est vaguement familière aussi. La petite rigole avant de m'enfermer dans la pièce. Il fait noir. Mes yeux prennent une bonne minute pour réussir à distinguer quelques détails comme les objets déposés à terre. Je m'en approche, presque curieuse de savoir ce que c'est. Seulement, l'objet bouge.

- Claire... Tente une voix, déjà éteinte.

La lumière s'allume. Ce ne sont pas des objets posés à terre, ce sont les cadavres de mes amis qui gisent. Tous sont recouverts à certains endroits de magie noire. Mes mains sont noires et rouges, recouvertes de sang et de ma magie. Je tremble. Ce n'est pas possible. Mes amis étaient encore bloqués dans la salle lorsque je suis arrivée et Maya n'a pas pu entrer avec moi. 

Il faut que je sorte d'ici au plus vite, je dois aller les aider.

- Claire !

Je me retourne, Maya vient tout juste de ressusciter devant moi.

- Viens, je vais te faire visiter.

Elle se force à sourire. Je me recule, mais Anna-Lou m'empêche d'accéder à la porte. La petite fille l'a verrouillée de toute façon.

- On aurait jamais dû te faire confiance. Tu n'as jamais fait partie de la famille des 113.

Les larmes me piquent les yeux. Ce n'est pas réel. Je me force à me le répéter.

Claire et le monde de l'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant