Lorsque que je me réveille, je ne vois pas Romain sur la couchette à côté de moi. J'arrange mes cheveux et m'habille avant de sortir. Le soleil n'est pas encore très haut et je peux déjà sentir la tension dans l'air. Je jette un œil au ciel et remarque que de grands nuages noirs s'avancent droit vers nous. Il va pleuvoir, ou faire de l'orage. Je souffle et m'assois sur la terre sombre.
- J'ai ma place, j'ai ma place, je m'efforce de me répéter.
Je ferme mes yeux et les images de mes amis s'imposent dans mon esprit.
Maya peux utiliser la lumière à sa guise.
Anna-Lou pourrait créer un incendie en un claquement de doigt.
Yii peut soulever une montagne à bout de bras.
Romain peux électrocuter quelqu'un rien qu'en l'effleurant.
Et moi ?
Je donne un coup de poing dans le sol et attends que la terre en tremble. Mais rien ne se produit.
- Pourquoi est-ce qu'ils sont doués et pas moi ? Je demande en regardant vers le ciel.
Je sais pertinemment que personne ne me répondra mais je m'accroche à l'espoir que quelqu'un m'entende de là haut.
- C'est ça, ignore moi Simon. Je sais que tu te moques de moi.
Son rire résonne dans ma tête alors, comme si je l'avais entendu hier. Les larmes me piquent les yeux et je sens une main se poser sur mon épaule.
- C'est lui ton ami ? Me demande Maya. Simon ?
J'hoche douloureusement la tête.
- C'était quelqu'un de très chanceux, si il t'a rencontré.
Je lui souris et pose ma tête sur son épaule.
- Tu penses qu'on arrivera à sauver Yii ? Me demande-t-elle. Je n'ai pas l'habitude de douter de nous, mais... Ça me semble tellement désespéré que je sens mon optimisme s'en aller.
- On le retrouvera, je lui réponds. Pour Anna-Lou. Et pour les autres.
C'est à son tour de me sourire. Elle s'amuse à jouer avec sa magie, qui diffuse une légère lumière sur son visage. Elle fait tourner son doigt et la magie se plie à sa volonté pour créer toutes sortes de formes. Un rose, un lapin qui court...
- Qu'est ce que tu ressens quand tu utilise ta magie ? Je la questionne.
- Je me sens entière. Comme si il manque constamment une partie de moi que je ne retrouve que lorsque je l'utilise.
Je compare nos deux sentiments. Elle se sent libérée, moi je me retrouve coincée.
- Claire, on est demandé aux tirs, m'apprends Anna-Lou en surgissant derrière nous. Maya, ils te demandent pour le bouclier.
On hoche toutes les deux la tête simultanément et on se sépare. Je laisse Anna-Lou me guider à travers le dédale de couloirs. Elle se retourne et me sourit quasiment tous les cinq mètres.
- Qu'est ce qu'il se passe, je lui demande enfin. Tu as l'air... Bizarre.
- Rien, c'est juste que suis contente de te revoir enfin. On a pas beaucoup eu le temps de discuter toutes les deux et... J'ai eu tellement peur de te retrouver morte que je profite de ta présence.
Ses mots me réchauffent le cœur et tous les souvenirs des discussions partagés le long de nos séances d'entraînement me reviennent en mémoire.
- Tu te souviens de la fois où on a supposé que les aliens avaient embarqués toutes les vaches du pays pour créer la Famine ? Je lui rappelle en me plaçant à côté d'elle.
- Oh, ou la fois où tu avais accidentellement renversé ton verre d'eau sur Flint ?
On rit toutes les deux en se remémorant ces bons souvenirs. On continue ainsi jusqu'à se retrouver devant le bac des armes.
- C'est bon de te revoir, Claire.
Je lui souris et met mon arme en bandoulière avant d'aller me poster à la place qui m'a été attribuée. Je suis contente de l'avoir retrouvée aussi. Je découvre une petite faille dans le bouclier, crée par un aigle de lumière et je tire dans le petit trou qui s'est formé. Je ne sais pas si j'ai touché quelqu'un. Je ne me retourne même pas pour voir de quelle couleur est la pastille. Ce n'est pas un mort en plus dans le rang ennemi qui nous mènera à la victoire. Je trouve un autre endroit où le bouclier s'est relâché et tire. Ce jeu est lassant, mais c'est la dure vie d'un soldat. Alors je me plie à la règle et tire jusqu'à ce que mon temps est fini. Mes doigts me font souffrir, mais je ne suis pas encore fatiguée. Il est vrai qu'à la deuxième zone il y avait moins d'ennemi et pas de bouclier, mais on devait quand même rester des heures allongés au sol à tirer sur les cibles qui dépassaient un peu. Un vrai jeu de concentration.
- Claire, on y va ? M'appelle Romain.
J'acquiesce et le suis dans les tranchée. J'ai l'impression de ne faire que ça. Marcher dans les tranchées, me battre, m'entraîner. Encore et encore, comme un incessant manège.
Un mois. Ça m'a pris un mois pour savoir créer deux portails de ma taille sans sombrer de fatigue.
- C'est bien, me félicite Romain en me voyant revenir. Trois minutes cinq. Quelle tranchée ?
Je souris. C'est comme un petit rituel maintenant, je pars le plus loin possible et je reviens.
- Tranchée de l'Opéra.
Il me sourit en retour et me tape dans la main.
- Je pense que tu seras bientôt prête. Si tu veux toujours mettre le plan à exécution.
- Je suis déjà prête.
Il me regarde de la tête au pied, un petit sourire moqueur sur les lèvres.
- Plus on traîne ici, plus on a de chance de retrouver Yii mort, j'insiste. Demain, à midi. J'y arriverai, on rentrera dans le château, on trouvera Yii, et se tirera d'ici.
- Comment on va faire pour le retour ?
- Je créerai une nouvelle diversion pour que vous puissiez passer.
- Ça ne marchera pas, m'indique-t-il. Il ne seront pas aussi surpris que la première fois. Et tu risque d'être déjà fatiguée.
- On y va demain, point final.
Il fait une moue désapprobatrice et je dois me faire violence pour ne pas le prendre dans mes bras. Il tourne les talons et je suis forcée de le suivre. Je sens mon corps se détendre et je pile. Le soleil se lève lentement. J'inspire un grand coup et, pour un peu, j'ai l'impression que je suis de nouveau chez moi. Je monte sur la pointe des pieds et laisse les rayons du soleil se poser sur moi.
- Claire, dépêche toi, me presse Romain. Les autres vont s'inquiéter. Qu'est ce qu'ils vont se dire si ils nous voient tous les deux ensemble à deux heures du matin ?
- Qu'on a eu un rencard nocturne ?
C'est sorti tout seul. Je sens l'angoisse monter en moi et je deviens rouge de honte.
- C'est... C'est pas ce que je voulais dire.
Il rit et je me détends. Il ne l'a pas prit au sérieux. Tant mieux.
- Si c'est ça tes rencards, il va falloir s'améliorer, c'est pas comme ça que je tomberais amoureux de toi, se moque-t-il.
- Tu dis ça mais tu es déjà sur moi, avoue, je le taquine.
Il s'arrête et se rapproche de moi, plaçant son visage à quelques centimètres du mien.
- Si je voulais sortir avec toi, je t'aurais déjà embrassé depuis longtemps.
Puis il repart, me laissant complètement désorienté. Je baisse la tête en essayant de cacher mes joues qui se sont empourprées. Crétin. Si il savait que je suis amoureuse de lui, est ce qu'il aurait agi différemment ?
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Claire et le monde de l'Ombre
Science-FictionClaire est une apprentie soldate, prête à tout pour venger son ami défunt. Mais lorsque que d'étranges vision la réveillent la nuit pour la prévenir d'un danger bien plus grand, Claire s'embarque dans une aventure qui dépasse son imagination. Entre...