CHAPITRE 9 (partie 1)

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On s'enfonce toujours plus profondément dans les couloirs. Mon sac me scie les épaules, mais je me force à continuer. Je marche près Maya, en tête de file. Je ne supportait pas l'idée d'être à côté de Romain durant le trajet. J'accélère. D'après Alex, on n'est plus très loin des prisons.

- À droite, Claire.

Je m'oriente grâce à son instruction. Le plan dans ma tête est étrangement clair. On n'est pas très loin du campement. Je m'approche d'une porte noir boisée et je sais que c'est ici. L'odeur de sang est déjà présente, alors qu'on est encore à l'extérieur. Je m'arrête, les autres derrière moi. Alors que je pose ma main sur la porte, les gravures s'allument. Un douce lueur violette s'en échappe avant de s'assoupir. Personne ne semble avoir remarqué quoi que ce soit. Je secoue la tête, voilà que je me met à délirer. Décidément, plus rien ne va.

- Prêts ? Je demande, hésitante.

Je vois leurs visages motivés et je me rends compte qu'il n'y a que moi qui ne l'est pas. Je soupire avant d'ouvrir la porte.

L'odeur est épouvantable. Elle forme presque des remous dans l'air, un mélange entre du rouge et du vert. Je ferme les yeux. C'est encore pire. Les autres derrière moi me poussent un peu, alors je me met à avancer. D'énormes traces ornent les murs, autrefois blanc immaculés. Je ne veux pas savoir ce qu'il ont fait subir aux prisonniers.

- On doit retrouver Yii, j'annonce. Et vite.

Tout le monde hoche la tête et on se sépare en plusieurs groupes. Moi et Alex, Ashe et Nathaniel, et enfin Romain et Maya. Les nettoyeurs arrivent derrière nous, à quelques minutes près. En voyant l'écusson sur notre uniforme, leur visage expriment de l'incompréhension. Ils ont raison, on ne devrait pas être là. Je m'approche du premier et, un sourire planté au visage, je lui envoie un coup de coude bien placé dans la mâchoire. Il baisse un peu la tête pendant que je murmure de rapides excuses. Je dois faire vite. Un coup de genou dans le ventre, et ma cible est assommé pour un petit moment. Je remplace l'écusson de soldat de mon uniforme pour enfiler celui de nettoyeur attitré. On touche presque au but. 

Je me demande si les autres ont réussi à enfiler le leur, lorsque Alex me tire soudainement vers une des cabines à ma droite. Une présence sombre envahit les lieux. La magie noire envahit la pièce, et je dois étouffer un cri. Un homme imposant ouvre la porte d'un coup sec. Ses hommes gisent encore à ses pieds. Je me maudis de ne pas avoir pensé à ramener le corps de ma cible avant de remarquer que Romain et Maya n'ont pas eu le temps de se cacher. L'homme se rapproche d'eux et les attrape par le col.

- Vous avez fait ça ? Demande-t-il de sa voix grave et profonde.

Je déglutit. Que va-t-il leur arriver ?

- On... Non.

Maya ne peux même plus poser ses pieds sur le sol. Elle a beau avoir adopté un ton sans réplique, l'homme a vu clair dans son mensonge. Son sourire lui fend le visage dans une affreuse grimace. Il me dégoûte. Ma peur me fait trembler. J'hésite à intervenir. Quelque chose me dit qu'il est bien trop puissant pour moi, pourtant, j'ai tellement envie d'agir pour sauver mes amis. J'allais me relever, quand je distingue que Romain s'efforce à nous faire passer un message à l'aide de sa main inutilisée. Il la déplie et la referme deux fois.

Ne bougez pas.

Un des nombreux signes qu'on nous a appris à l'entraînement. Je sens Alex effectuer une pression sur mon épaule droite. J'étouffe un sanglot. Ils vont mourir.

- On verra ce qu'en dira le Magicien.

Je me retiens d'éclater en larmes. Si le soldat les livre au Magicien, mes cauchemars sont susceptibles de se réaliser. Ça me fait un coup. Je peux les perdre. Je m'apprête à me relever pour les empêcher de partir, mais Alex me retient en passant ses bras autour de ma taille. Je sais aussi que je n'ai aucune chance, pourtant je veux essayer. Je tente de me dégager de son emprise, en vain. Il est beaucoup trop fort pour moi. Je regarde l'homme emmener mes amis vers une morte certaine avec impuissance. Lorsque le silence retombe, j'ai l'impression que ma vie est fichue. Qu'on la traîne par terre durant trop longtemps, la rendant molle et sale. Je me sens vide. Terriblement vide.

Claire et le monde de l'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant