18- l'espagne

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Bureau de Richard

Richard, mon parrain, était assis derrière son large bureau en acajou, les sourcils légèrement froncés. Moi et Elyo nous tenions debout face à lui, un peu mal à l'aise sous son regard perçant. Les murs du bureau étaient ornés de tableaux anciens, et une lumière tamisée filtrée par les rideaux épais plongeait la pièce dans une ambiance solennelle.

— Vous allez partir en Italie pour une mission, annonça-t-il, sa voix grave résonnant dans la pièce.

Je fus frappée de stupeur. Avant que je ne puisse répondre, Elyo éclata de rire et se tourna vers moi, un sourire narquois aux lèvres.

— QUOI ?! JE SUIS UNE SALOPE SI JE VAIS EN ESPAGNE AVEC LUI !

Le silence lourd qui suivit mes paroles fut brisé uniquement par le tic-tac de l'horloge sur le mur.

Quelques heures plus tard, à bord du jet privé

Le bruit sourd des moteurs résonnait autour de nous alors que nous volions au-dessus des nuages. Elyo, toujours avec cet air moqueur, se pencha vers moi.

— Bah alors, t'es une salope du coup ? dit-il en rigolant.

Je lui lançai un regard noir, n'appréciant pas du tout la plaisanterie.

— Va te faire enculer, crachai-je, sans vraiment y mettre de conviction.

Lorsque le jet se posa enfin sur la terre ferme, je n'hésitai pas une seconde. J'arrachai ma ceinture de sécurité et me précipitai vers la sortie. La nuit était noire, et un vent glacial me fouetta le visage dès que je mis le pied dehors. Il devait être près d'une heure du matin, et l'obscurité semblait envelopper tout ce qui nous entourait.

Alors que je m'apprêtais à avancer, Elyo, qui me suivait de près, attrapa mon bras pour me retenir. Avant que je ne puisse protester, il enleva son pull d'un geste rapide et, sans un mot, me l'enfila sur les épaules.

— Tu trembles comme une feuille, couvre-toi la prochaine fois, dit-il sèchement, son ton ne laissant place à aucune réplique.

— J'ai mal aux pieds, me plaignis-je, exaspérée par la situation.

Sans un mot de plus, Elyo se baissa pour enlever ses chaussures. L'odeur en fit frissonner plus d'un, mais il s'agenouilla devant moi, retira mes talons hauts et me tendit ses baskets. Je fus trop surprise pour protester, et il prit mes chaussures dans ses mains avant de se relever et de commencer à marcher sans un regard en arrière.

Je restai figée un instant, puis je me dépêchai de le rattraper en courant. Il avait déjà arrêté un taxi, et je le vis essayer de parler au chauffeur, visiblement en difficulté.

— On est mal barrés avec lui... murmurai-je pour moi-même.

Arrivée à sa hauteur, je me penchai au-dessus de la vitre du taxi et pris les choses en main.

— Hola, ¿pueden llevarnos a Barcelona, por favor ? demandai-je d'une voix claire.

— Claro, subir, répondit le chauffeur en nous faisant signe de monter.

J'ouvris la porte du taxi et fis un signe à Elyo de monter avant moi, mais alors qu'il s'avançait, je posai ma main sur son torse pour l'arrêter et passai devant lui. Il leva les yeux au ciel, exaspéré, puis monta dans le taxi en refermant la porte derrière lui.

Quelques minutes plus tard, à l'hôtel de Barcelone

Nous arrivâmes enfin à notre hôtel, fatigués mais soulagés d'être finalement à destination. Les lumières de la ville éclairaient les rues désertes, et je sentais déjà la chaleur réconfortante de l'intérieur nous appeler.

Hate to love [ en cours]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant