ATTAQUE Z/Chapitre 9 : Nuit au chalet

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A travers le faisceau de lumière je peux voir le doux visage de Raphaël et je pousse un long soupir de soulagement avant de me laisser tomber au sol d'un coup. Mon arme qui tombe en même temps que moi produit un bruit de métal sourd contre le sol en carrelage de la pièce. Ma lampe de poche, elle aussi par terre, éclaire un coin de la pièce.

J'essaie de retrouver mes esprits et de me calmer. Je déteste les films d'horreur et c'est pas pour rien : je flippe beaucoup trop vite. Je sens encore mon coeur palpiter à toute allure, bien que je prenne des longues inspirations pour tenter de les calmer.

Toujours dans la pénombre,je sens le regard lourd et plein d'incompréhension de mon collègue sur moi alors que j'ai la tête baissée et que je ne trouve rien à dire, seul un mot sort de ma bouche avec difficulté :

-D...Désolé


Il ne dit rien. Se contente de m'observer. Puis se retourne, trifouille quelque chose que je ne voit pas car son corps me bloque la vue et j'entend un bruit. Un petit "Clic", puis un bruit léger qui fait penser à un moteur de tondeuse à gazon mais très faible. Il se lève, se place près de l'encadrement de la porte, inspire un coup et avance sa main sur ce qui semble être un interrupteur, avant de la pressée dessus il me regarde, sourit fièrement et appuie :

-ETTT..... MAGIE !

La petite ampoule à nue au-dessus de nos têtes s'allume et je sens au fond de moi un sentiment d'espoir et de joie. C'est comme si cette douce lumière chassait toutes les questions qui me tenaient éveillé un peu plus tôt. Mes yeux, qui se sont habitués à l'obscurité pendant quelques heures, sont éblouis et je les plisse en essayant de percevoir Raphaël dans toute cette lueur. Je distingue d'abord ses longues bouclettes rousses, ensuite ses yeux vert perçant, la forme de son visage et enfin son sourire qui pourrait faire craquer n'importe qui.

Je me relève avec difficulté, toujours sous l'effet du choc et de la l'adrénaline, en poussant un rire franc. Je ris encore et encore, jusqu'à me tenir les côtes, je ne sais pas trop pourquoi mais je me sens heureuse, me remémorant la phrase qu'il a dit juste avant de presser l'interrupteur je repart de plus belle. Cette suite d'émotions est tellement improbable : la peur, l'angoisse, le stress, la honte, l'incompréhension, la joie, le tout en quelques secondes seulement, que je ne peux que me laisser aller et traduire mon trouble par le rire. Mon collègue ne tarde pas à me suivre dans mon fou rire et nous continuons encore pendant quelques secondes. Après avoir fini je me redresse en portant un grand sourir et essuie du revers de ma main les quelques larmes qui perlent aux coins de mes yeux.

Lorsque je me souviens d'une chose et sans plus tarder je cours vers la cuisine, Raphael me suis perplexe et curieux de savoir ce que j'ai en tête. J'essaie d'allumer le micro-onde, puis le four, la hotte, la plaque de cuisson, et par miracle tout est fonctionnel. Enfin des bonnes nouvelles dans tout ce chaos !

Je me retourne et me mets face à l'îlot central de la cuisine pour voir mon collègue qui se trouve de l'autre côté.

-Bon, je crois que finalement on va pouvoir rester ici ! affirma le rouquin


Il me sonde un peu avant de me questionner :

-Aufet tu ne dors pas ?

-J'ai essayé plusieurs fois...Mais impossible. dit-je en haussant les épaules

-Pourquoi ?

-Honnêtement ? Je suis terrorisé.


Il marqua un temps de pause, avant de me regarder avec inquiétude et de me demander avec une voix douce :

-Et là tu as peur ?

-Non, pas vraiment

-Pourquoi ?


Je réfléchis quelques secondes avant de lui répondre en évitant le plus possible son regard :

-Parce que... Je crois... Je crois que c'est parce que tu es là. Avec toi... je me sens en sécurité. Enfin je sais pas, mais généralement quand tu es là j'angoisse moins.


Lui qui était affalé sur le plan de travail de l'îlot central se redresse, s'avance vers moi et me tient le poignet avec sa main en me demandant de le suivre. Il me ramène dans ma chambre, laisse la porte grande ouverte et repart. Je reste planté là ne comprenant pas ce qu'il se passe, lorsque j'entend un bruit de frottement venant du couloir. Je vois Raphael passer la porte avec son petit matelas et le poser au pied de mon lit. Son visage s'illumine avant de me sortir :

-Si avec moi tu n'as pas peur, je vais dormir avec toi alors ! Enfin dans ta chambre !

-Merci, mais tu n'es pas obligé tu sais...


Il se rapproche et me tape l'épaule :

-Dit juste oui !



Il se couche sur le matelas au sol et je pose une couette trouvée dans une armoire de la chambre sur lui avant de me glisser dans les draps à mon tour.

Les fins du monde d'ElieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant