Les fins du monde d'Elie

LE GRAND FROID/Chapitre 9 : Bonhomme de neige

Je me réveille seule, je manque de tomber de la table en me levant. La tête encore endormie, je me dirige vers les toilettes pour me passer un coup d'eau sur le visage.

Une fois fait, je me dit que prendre une douche serait mieux, je me souviens qu'il y en a une dans les vestiaires. Faisant partie des bureaux je n'y passe jamais car je n'ai pas besoin de me changer, donc je n'y ai pas pensé avant.

L'eau chaude sur moi me fait vraiment du bien, un petit moment de paix dans l'incertitude du temps qu'on va encore rester bloqué ici. J'ai de la chance qu'une personne ai oublié sa trousse de toilette sur l'étagère de la mini salle de bain, je trouve tout ce dont j'ai besoin.

Je passe prendre une vieille tasse qui traîne depuis longtemps dans un tiroir de mon bureau avec un joli cactus qui dit "le lundi ça pique" (cadeau d'Alex parti de la boîte il y a deux ans qui me voyais toujours faire la tête le lundi matin) ainsi qu'un sachet de thé à la menthe, avant d'ouvrir la porte du réfectoire.

Je mets l'eau à bouillir et pendant ce temps je regarde par la fenêtre pour la première fois de la journée. Toujours environ quarante centimètres de neige, mais tout semble glacé. L'abris fumeur est couvert de glace, les bancs aussi, des stalactites se forment sur les feuilles des arbres. Je regarde le thermomètre, il indique moins dix-sept degrés. La température baisse à toute vitesse, une chance que le chauffage et la bonne isolation des murs suffisent pour l'instant.

Je bois mon thé seule assise à une table, d'autres personnes se sont regroupées dans un coin de la pièce et discutent calmement. J'ai l'habitude d'être plutôt solitaire et ça me fait du bien de me retrouver seule un peu. Même si je me demande bien où peut être passé Raphael.

Je fini ce qu'il me reste dans ma tasse et je me lève pour prendre ma blouse, mes clopes et aller fumer. Oui je vais encore une fois braver le froid pour ma pause clope matinale, même si hier j'ai eu le courage de ne le faire qu'une fois.

Dès mon arrivée à l'espace dédié à cet effet, je sais que je ne vais pas m'attarder. Ma peau, contre l'air glacée, me fait presque mal, mes doigts sont engourdis et je peine à finir ma cigarette. Je vois à travers la fenêtre mon collègue qui avait disparu un peu plus tôt me regarder avec un air pensif dans les yeux. Sans plus attendre je cours le rejoindre, avec qu'une seule envie : me mettre près du chauffage avec une tasse de thé fumante à la main !

Raph me rejoint avant de me sermonner sur le fait que je sorte vu la température extérieure :

-T'abuses Elie, imagine si tu tombes malade ? On est bloqué ici je te rappelle !

-Et imagine si je manque de nicotine et que je me contrôle plus et je te tues ? Lui balançait je avec un grand sourire

Il se frotte le haut du nez avec son pouce et son index avant de soupirer.

Il a l'air en colère. J'aime pas ça. Il a déjà été en colère contre moi car je fais pas vraiment attention à ma santé ou quand je me rabaisse. A chaque fois ça me fait un pincement au cœur de me dire qu'il est en colère ou déçu à cause de moi.

Une petite ampoule se met à briller au-dessus de ma tête et je vais chercher ce dont j'ai besoin pour mettre mon plan à exécution, à savoir : me faire pardonner et redonner le moral a Raph.

Je me place à sa table, l'air déterminé, un rouleau de papier toilette et un tube de colle liquide trouvé dans un bureau à la main. Il me regarde l'air surpris et je pense qu'il ne comprend pas où je veux en venir.

-Tu voulais faire un bonhomme de neige non ?

-Et tu veux en faire avec du PQ et de la colle ?

-Le mélange des deux fait du papier mâché ! Et en plus le papier est blanc comme la neige ! On peut pas aller dehors sinon tu va me tuer. Encore une fois.

-Bien, j'espère que tu t'en souviendras la prochaine fois !

Raph me fait un grand sourire en frottant le dessus de ma tête avec sa main. Je crois qu'il me prend pour un chat, mais c'est pas grave parce que j'aime ses caresses.

Il me prend immédiatement les ingrédients des mains et commence à créer une espèce de pâte blanche.