LA REBELLION DES MACHINES/Chapitre 1 : Thé et sentiments

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Je m'étire sur ma chaise, je sens une douleur partir du bas de ma colonne vertébrale jusqu'au milieu de mon dos. Comme si tout était bloqué. Je pourrais me dire que j'ai juste mal dormi cette nuit, mais ça ne refléterait pas la réalité qui est que j'ai toujours mal au dos depuis toute petite. J'ai jamais su pourquoi j'avais ça, et je crois que j'ai peur de le savoir. Quoi qu'il en soit l'étirement me fait du bien, certaines vertèbres craquent et la douleur s'en va un peu.

Je me lève, en prenant soin de remettre en place mon pull en laine jaune, ma tasse et un sachet de thé à la main et passe la porte de mon bureau. Je traverse le long couloir qui mène jusqu'au réfectoire puis entre dedans.

Mes yeux se posent sur l'image décorant ma tasse : d'un côté une photo de Raph avec les pouces en l'air et de l'autre une photo de Raph faisant des doigts d'honneur. Il me l'a offerte au Noël dernier, avec comme seule explication "je sais qu'il y a des jours où tu n'aimes pas socialiser avec des gens et où juste leur parler t'énerve. Donc avec cette tasse tu peux communiquer par oui ou pas fuck". Je me rappelle avoir ri jusqu'aux larmes ce jour-là, il arrive ,je ne sais pas comment, à toujours me surprendre. Bien évidemment la seule personne avec qui j'utilise le mode "Fuck", c'est lui quand il déblatère des bêtises comme à son habitude et ça nous fait rire à chaque fois.

J'ouvre le robinet pour la laver lorsque quelqu'un rentre dans la pièce. Il me salue et je fais de même. C'est un opérateur que je croise de temps en temps, je ne le connais pas trop car je n'ai jamais eu besoin de faire de projet dans sa zone de travail. Mais je dois dire que même si je ne connais pas son prénom, et que je ne lui ai parlé que quelques fois autour de la machine à café, c'est quelqu'un d'agréable et avec qui j'apprécie papoter de temps en temps.

Il s'avance pour me serrer la main :

-Tu vas bien ?

-Ouais ça va et toi ? répondit-je

-Oui oui, alors quel thé à tu choisi aujourd'hui ?

-Je me suis taté à prendre le menthe, mais j'ai finalement choisi un thé vert au jasmin. Et toi ?

-Il ne me restait plus que le thé vert alors mon choix était vite fait !



Je le regarde et je doit dire que quand il sourit il est encore plus beau : il est plutôt petit (mais quand même plus grand que moi), cheveux court souvent décoiffées avec des jolies boucles brunes, des yeux turquoises où il serait facile de se perdre et ses vêtements moulant toujours son corps athlétique et musclé. Il doit avoir un ou deux ans de plus que moi, et vu qu'il m'a déjà invité à sortir je sais qu'il est célibataire. D'ailleurs je ne sais plus pourquoi j'ai refusé ce jour-là, peut être que j'avais déjà quelque chose de prévu ?

En tout cas, maintenant qu'il est en face de moi, avec sa voix douce et son regard de braise, j'avoue que je regrette un peu. Je me tourne vers lui alors qu'il me tourne le dos pour attraper la bouilloire :

-Tu... sais, la dernière fois... Tu m'avais proposé d'aller boire un verre au bar ?


Il se retourne, me regarde avec un petit sourire charmeur :

-Oui, et je me souviens que tu ne pouvais pas venir


Je prend mon courage à deux mains, comme si j'allais affronter un vilain dans un film en sachant pertinemment que mourrrerai en l'affrontant :

-Est... Ce que tu en a toujours envie ?


Il ne me répond pas, je stress encore plus. Je sais que je n'ai pas de sentiments pour lui, donc si il refuse ça ne me fera pas vraiment mal (a part pour mon ego). Mais je n'aime pas le sentiment de rejet, j'ai peur de l'abandon depuis toujours et c'est ce qui m'a fait le plus défaut dans ma vie jusqu'à présent. Ne pas oser dire certaines choses ou faire ce que j'ai envie à cause de cette peur, du regard des autres, d'être rejeté.

Les fins du monde d'ElieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant