ATTAQUE Z/Chapitre 10 : Mauvaise blague

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Le soleil matinal qui passe à travers la fenêtre de la chambre caresse ma peau alors que j''ouvre doucement mes yeux encore collée par la fatigue.

Je me relève difficilement avant de regarder le matelas où Raphaël a dormi qui est a présent vide.

Je m'extirpe du lit en direction de la salle de bain privative qui est reliée à la pièce. J'ouvre la porte doucement, ayant peur d'y trouver mon collègue sous la douche ou entrain de se changer. Mais rien. La pièce est vide. Je regarde la grande douche présente en face de moi, pressé de me laver et de retirer l'odeur du sang du zombie que j'ai tué hier incrusté dans ma peau. J'ouvre le robinet de celle-ci, et rien ne coule. Je souffle dans un état de désespoir "ah oui, pas d'accès a l'eau..".

Je m'apprête à fermer le robinet lorsque je sens une goutte d'eau tomber sur mon bras, puis une autre, et encore une autre. D'un coup une pluie sort du pommeau et une larme de joie brouille la vue de mon oeil gauche.

Je me rue vers le petit meuble à côté et trouve par chance une bouteille de gel douche. Ni une, ni deux je jette mes vêtements a l'autre bout de la pièce et cours sous le jet d'eau.

L'eau est chaude, les gouttelettes roulent sur ma peau pour mon plus grand bonheur. Une odeur de vanille se dégage du savon et je lève les yeux au ciel, c'est tellement bon de se sentir enfin propre.

Je sors au bout d'une dizaine de minutes, ayant pleinement profiter de ce moment de tranquillité et de plaisir. Je saisis une serviette rose disposée dans un meuble et me sèche avant de remettre mon t-shirt blanc au logo d'un arbre vert (offert par une association avec qui je suis allée planter des arbres dans une forêt détruite par un feu quelques temps avant),d'enfiler mon jeans noir, mes chaussettes et mes chaussures de sécurité (pas les plus confortable vu le poids des coques de protection a l'avant). Le seul bémol : mes fringues elles, ne sont pas propres. Le contraste entre ma peau qui sent la fleur et mes habits qui sentent la mort et la transpiration est relativement étrange.

Je sort de la salle de bain, passe la porte de ma chambre et descend au rez-de -chaussée toujours les cheveux mouillés.

Je peux apercevoir dans la cuisine Albert qui m'observe avec un air joyeux :

-behskns eau dnekeozka doche endnen cheveux djekzn

J'avais complètement zappé que parler à Albert était une tâche compliquée, surtout le matin ! Il parle vite, mâche ses mots et a un accent ch'ti ce qui fait que personne n'arrive à le comprendre. Il m'a fallu pas moins de deux ans pour enfin réussir à le déchiffrer et savoir tenir une conversation avec lui. Malgré tout, c'est une personne que j'apprécie énormément !

Après quelques secondes de réflexion et de décryptage je lui répond :

-Ahhh oui, effectivement j'ai pris une douche ! Comment ça se fait qu'on a de l'eau maintenant ?

-C'erttffs thikl William ! Il a ouvhjklh lij arrivée d'eyju !


Je lui demande où il se trouve, histoire que j'aille le remercier et il me pointe du doigt la porte arrière de la maison qui mène au jardin. Je retrouve William assis sur un banc collé au mur et je m'assoie à côté de lui après l'avoir salué avec un grand sourire qu'il me rend aussitôt.

-Merci d'avoir remis l'eau en marche

-C'est rien ! Il fallait juste trouver la bonne vanne à ouvrir, et il se trouve qu'elle était bien planquée !


Il me montre du doigt la poignée collée à la façade de la maison juste à côté de nous.

Je mets ma main dans la poche de mon jeans et miracle j'y trouve mon paquet de clope et mon précieux briquet ! Oui je sais, fumer c'est pas bon pour la santé, mais c'est bon pour mon stress et là, tout de suite, maintenant j'en ai besoin !

Je les sort et met une cigarette entre mes lèvres prête à l'allumée lorsque William me tend sa main et me demande de lui en passer une.

J'hésite, me rappelant son statut dans la boîte et en regardant son visage rond presque enfantin. Je lui demande, pour être sur qu'il n'est pas mineur :

-Tu as quel âge ?


Il me fixe le regard plein d'incompréhension :

-Je te rassure, je suis majeur ! J'ai vingt-six ans. Je sais que je fais plus jeune quand je me rase la barbe, mais de là à croire que je suis encore un ado ! Je sais que je suis stagiaire, mais je suis en master ! Enfin j'en suis à mon second master pour me spécialiser dans la programmations de robots. J'avoue que là... Tu m'as vexé un peu.


Je ne dis pas un mot, morte de honte. Il doit me détester maintenant. Bien joué Elie ! On est cinq à être coincés dans ce chalet (limite de luxe d'ailleurs) et tu as déjà réussi à te mettre une personne à dos ! Plus qu'à espérer que ça se passe mieux avec les trois autres.

Je reste muette, allume ma clope et en passe une à la personne assise à côté de moi ainsi que le briquet sans le regarder. Il l'a prend, l'allume à son tour, tire une grosse taffe, soupire de soulagement, puis hurle de rire.

Moi, à quelques centimètres de lui, ne comprend pas du tout la situation. Je m'écarte de lui, toujours mes fesses posées sur le banc, le regardant avec des grands yeux presque près à sortir de mes orbites. Lui, toujours en riant, les larmes aux yeux avant de s'exclamer :

-Tu m'as cru ? Sérieusement ?

-Co...Comment ça ?

-Elie, même en me rasant la barbe je ne peux pas faire presque dix ans de moins que mon vrai age ! J'ai dix-sept ans ! Je pensais pas que tu allais me croire !


Il fixe son regard ancré dans le mien, se retenant de rire à nouveau. Troublé et légèrement colère je lève mon poing et lui tape l'épaule comme j'ai l'habitude de le faire avec Raphaël avant de pester :

-Sale gosse !


Je tourne la tête pour cacher mon sourire, j'avoue que c'était relativement drôle quand même. Enfin ma bêtise et ma naïveté étaient relativement drôles.

On reste là, à fumer, en silence. Mais pas un silence gênant ou pesant, juste un silence calme qui nous permet de prendre le temps de se poser et d'écouter le bruit du vent à travers les feuilles des arbres à quelques mètres devant nous.

Les fins du monde d'ElieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant