Un rictus s'affiche sur son visage, il ouvre la bouche en me lançant un regard quelque peu séducteur que je ne manque pas de remarquer.
J'ai un peu l'impression d'agir dans le dos de Raph, comme si lui, n'apprécierait pas ça Ou peut être que moi même je n'aimerai pas passer du temps avec un autre homme. Mais les faits sont là. Et les faits sont que le rouquin reste mon ami, et qu'au bout d'un moment il faut bien que je pense à ma vie amoureuse qui est plus déserte que le désert du Sahara. Sans blague, mon dernier rendez-vous date d'y a au moins trois ans. C'est long trois ans.
Il s'apprête à me répondre, mon cœur bat face à l'attente insoutenable. Il laisse s'échapper un "Eh bien à vrai dire ça me..." tout en agrippant la bouilloire avant de se figer et qu'un petit éclair électrique bleu parcourt l'ensemble de l'objet jusqu'à son corps. Quelques secondes interminables plus tard, il s'écroule. J'ai l'impression que le temps s'est figé autour de moi, qu'aucun son ne peux me parvenir. Tout semble irréel. Presque inventé de toute pièce, comme une blague, une farce. Mais je sais que ce n'est pas le cas. Je suis terrorisée, je n'arrive plus à bouger, comme si j'avais été pétrifié sur place par la gorgone de la mythologie grec Méduse. Seuls mes yeux réagissent et laissent s'échapper de l'eau qui me brouille la vue.
D'un coup tout semble prendre sens et je me reprends. Je m'empresse de reprendre le contrôle de mon corps et de mes doigts tremblant et je sort mon téléphone de la poche arrière de mon jeans noir pour appeler les secours. Une fois en main il me lance une décharge électrique. Pas suffisamment forte pour me tuer ou m'assommer, mais suffisamment pour que je le laisse tombé et qu'elle m'offre une marque de brulure presque ronde et rouge sang dans ma paume.
Je cours en direction de l'open space où se trouve mon bureau dans l'espoir de recevoir de l'aide de quelqu'un.
La planche de bois recouverte de peinture verte, couleur du logo et présente dans toute l'entreprise, grince lorsque je la pousse pour entrer dans la pièce. De nouveau le temps s'arrête sans que je ne comprenne rien. Une vingtaine de bureaux sont devant moi. Un champ d'une quinzaine de personnes, la tête couchée sur leur clavier, inanimé se dresse devant moi.
De petits traits bleu vif sortant du matériel informatique m'indique la raison de ce massacre. Je fais un pas en arrière, puis un autre, sans arriver à quitter cette scène des yeux en plaçant ma main en arrière pour attraper la poignée de la porte et quitter cet enfer au plus vite.
Il n'y a qu'une pensée qui hante mon esprit à cet instant précis : Raphaël. Il bosse sur une des machines d'usinage. Si un simple ordinateur ou une petite bouilloire peut tuer quelqu'un, j'imagine même pas ce qu'une machine comportant une armoire électrique plus large et haute qu'un humain de taille moyenne pourrait faire. Dans son secteur il y en a huit comme ça. Ce serait un miracle qu'il s'en sorte indemne. Mais croyant en la chance, ma bonne étoile, en l'homme en qui j'ai toujours fait confiance, et surtout ne sachant pas quoi faire à part le rejoindre, mes pieds m'emmènent dans la direction de son poste de travail.
Je passe près des machines à café, de la fumée et des traits cyan s'en échappent, me faisant frissonner davantage face à la peur. La peur de mourir ? La peur de ne pas le retrouver ? Ou bien la peur de le retrouver mais pas dans l'état que j'espère ? C'est-à-dire en vie.
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Les fins du monde d'Elie
RomanceNous suivons Elie, qui s'ennuie devant son PC au travail et qui s'amuse à imaginer différentes fin du monde possible. A travers ses périples elle explore ses sentiments pour son ami et collègue Raphael, que va-t-elle y découvrir ? Va-t-elle surviv...