LE GRAND FROID/Chapitre 2 : L'appartement de Raph

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C'était la première fois que je venais dans son appartement et moi qui avais toujours imaginé une décoration sobre, épurée et inexistante, je fus étonnée et troublée par son bon goût. La plupart des meubles sont en bois sombre et les autres sont en bleu profond. En levant la tête je peux observer que des branches de plantes suspendues aux poutres en bois du plafond incliné et qui se trouvent un peu partout. En regardant bien j'ai pu remarquer qu'il avait peut être une vingtaine de plantes dans son petit appartement situé dans les combles. Ça rapporte vraiment une touche chaleureuse et je m'y sent directement bien et à l'aise. Tellement que je m'avance vers un cadre représentant une grande fleur, type margueritte mais en bleu. J'avance ma main vers lui et ma maladresse habituelle me fait faire tomber l'objet suspendu et le verre du cadre se brise en milles morceaux. Je me souviens qu'à ce moment-là j'ai regardé Raphaël complètement désolé et avec un air de panique. Par réflexe j'ai ramassé les petits bouts de verre au sol avec mes mains mais comme pour ne rien arranger et gaffer encore plus je me suis coupé au niveau du pouce. Il m'a tout de suite pris l'autre main pour me relever et m'éloigner de la scène de crime. Il a réparé ma bêtise avec une pelle et une balayette (ce que j'aurai dû faire dès le départ évidemment).

Après cela, il a jeté un coup d'œil vers moi et m'a traîné jusqu'à la salle de bain en me demandant de m'asseoir sur le bord de sa baignoire blanche.

Une fois assise, il a ouvert une boîte et en a sorti une bouteille de ce qui semblait être un désinfectant, un coton et un pansement.

Raphaël s'est accroupi devant moi, il est tellement grand que même dans cette position il me dépassait légèrement. Il m'a pris la main, tourné mon pouce pour mieux voir la blessure et à tapoter avec le coton imbibé du liquide que contenait le flacon sorti plus tôt dessus. Puis place le pansement autour de mon doigt délicatement.

Durant tout ce moment, j'étais absolument incapable de regarder autre chose que son visage : son regard concentré sur ma plaie, ses long cheveux bouclé retombant sur ses épaules musclées me faisaient totalement perdre pied. Et c'est lorsqu'il lève la tête vers moi que je plonge mes yeux dans ses beaux yeux verts et que je me perds dedans. Mon regard est redescendu un peu en passant devant son nez jusqu'à ses lèvres. A ce moment-là je ne comprenais pas et je ne comprend toujours pas pourquoi j'avais une irrésistible envie de l'embrasser. Mon cœur battait tellement fort dans ma poitrine qu'il semblait qu'il pourrait se décrocher à tout moment. Un peu comme si j'avais des sentiments pour lui, que j'éprouvais autre chose pour lui que de l'amitié. Sauf que c'est impossible, c'est mon ami, ça a toujours été mon ami et ça restera toujours mon ami.

J'ai difficilement réussi à me retenir de presser mes lèvres contre les siennes, mais lorsque j'ai essayé de me relever j'ai perdu l'équilibre et je suis tombé en arrière dans sa baignoire. Je me suis redressée vaguement et me suis mise assise en tailleur, sachant pertinemment que je n'arriverai pas à sortir de là sans chuter à nouveau avec le taux d'alcoolémie présent dans mon sang et essayant de garder le peu de dignité qu'il me reste. Raphaël gloussa bruyamment avant de me rejoindre dans la baignoire et de se mettre en face de moi dans la même position, comprenant très certainement la raison pour laquelle je n'y suis pas encore sortie. Il a fait comme si tout était absolument normal et nous avons commencé à parler de tout et de rien.

Une bonne heure plus tard, Raphaël a dû voir que je commençais à décuver et s'est levé, toujours dans la baignoire, avant de me tendre une main pour m'aider.

Seulement, pour mon plus grand malheur, je glisse et bascule en arrière en l'entrainant avec moi. J'ouvre les yeux et constate qu'il est allongé sur moi, son visage dans ma nuque, son avant bras au-dessus de moi, son autre main sous ma tête surement pour protéger celle ci du choc lors de notre chute, et ses jambes entre les miennes.

Les fins du monde d'ElieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant