- 25 - Les masques tombent

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Elle m'interpelle, et je fais le rapprochement. Elle continue sa narration. 

- Donc tu l'auras compris, la belle et angélique femme bafouée, c'est moi. 

Effectivement, j'avais compris... Je pensais que l'histoire se terminait ici, mais elle a continué son déroulement, et évidemment, je me suis retrouvé en position de méchant.

- C'était écrit, Virgile. Notre union était voulue par les cieux. 

Elle était si sûre d'elle que j'éprouvais des difficultés à lui faire comprendre que cela ne provenait pas des dieux, mais plutôt du désir de mes parents de me voir me marier.

- Nous aurions formé un couple puissant, une force incontournable. 

Elle me dit ces mots avec une force, elle pourrait presque me convaincre si je n'étais pas enchaîné.

- Mais tu as préféré suivre ton cœur plutôt que le destin. 

Oui, c'est ce que les gens ordinaires font dans ce monde.

- Et regarde où ça t'a mené. 

Je rêve où elle fait référence à sa prise d'otage ?

- Tu as perdu toutes les femmes que tu as aimées, une à une. 

Pourquoi évoque-t-elle cela ? Il n'existe aucun rapport entre elle et ces femmes. Pour ma part, je les ai chéries jusqu'à leur dernier instant, jusqu'à leur dernier souffle. En ce qui la concerne, il ne s'agissait que d'une fille parmi tant d'autres, choisie par mes parents pour sa beauté, pensant que cela me ferait vaciller.

- C'était un mariage arrangé, Gaïa, il n'y avait aucun sentiment là-dedans. 

Ses yeux s'arrêtèrent sur moi, comme un éclair fendant les nuages. Elle éclata de rire, dissimulant une autre émotion. Ensuite, elle me dit :

- Tu crois vraiment que je te laisserai t'en sortir aussi facilement ? Tu sais, tes parents, je les ai manipulés. J'ai joué sur leurs sentiments, sur leur amour pour leur fils tellement triste de voir la femme qu'il aime dans les bras de son frère. J'ai pensé que la peur de perdre leur benjamin me donnerait l'avantage. Mais je ne m'attendais pas à ce qu'ils aillent aussi loin.

Elle éclate encore une fois de rire. Son rire était aussi glacial et sans pitié que l'hiver. C'était un rire qui figeait le sang et annonçait de nouvelles douleurs.

- Tu penses que le destin s'acharne contre toi ? Que tu es victime d'une malédiction ? C'est faux, Virgile. C'est moi qui ai tissé cette toile autour de toi, autour de vous. Fil après fil. À chaque fois que tu pensais avoir trouvé le bonheur, je le détruisais. Je voulais te faire ressentir la même douleur que j'avais ressentie. Je voulais que tu comprennes ce que c'est que de perdre tout ce que tu aimes à cause de toi. 

Les éléments du puzzle commençaient à s'assembler, et en y réfléchissant bien, alors que je me tenais pour responsable de la mort de ma femme à maintes reprises, quelque chose d'évident m'est apparu. Gaïa était, en réalité, à l'origine de sa disparition, chaque fois. Quand on me rapportait des cas de jeunes femmes mortes dans des circonstances mystérieuses, qui s'éprenaient de moi, je ne voulais pas croire que Gaïa en était la cause. Je pensais qu'elle était bien au-dessus de cela, mais je me suis trompé.

- Non, tu es folle ! Aurora était innocente ! Tu as détruit des vies innocentes par pur plaisir ?

En me débattant, craignant une nouvelle offensive contre Aurora, j'essayais, malgré la douleur, de me libérer de mes entraves, mais celles-ci paraissaient totalement impossibles à défaire.

- Tout ceci est de ta faute Virgil, si seulement tu avais tenu ton engagement en m'épousant, toute cette souffrance n'aurais jamais eut lieu.

- Tu es complètement barge ! Tu as détruit des vies innocentes par pur plaisir !

- Innocentes ? Tu crois vraiment que tu peux juger qui est innocent et qui ne l'est pas ? C'est toi qui es aveugle, Virgile.

- Je vais te détruire, Gaïa ! Je vais te faire payer pour tout ce que tu as fait !

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PDV Aurora 

Je franchis le seuil de la pièce, et une atmosphère chargée d'histoire m'enveloppe. Les tentures aux murs, aux motifs fanés, semblent raconter des histoires d'un autre temps. Des rideaux de velours bleu marine, épais comme des nuages, occultent les fenêtres, créant une pénombre mystérieuse. Au fond de la pièce, derrière un imposant bureau en bois sombre, se tient le père de Virgile, une silhouette énigmatique.

Il s'avança vers moi, son visage empreint de compassion. 

- Assieds-toi, me proposa-t-il en souriant légèrement. Nous allons tenter de nous servir de tes visions afin de savoir où se trouver Virgile.

Je me laissai guider jusqu'au fauteuil. 

- Je sais que c'est difficile, commença-t-il, mais essaie de te détendre et de te laisser aller à tes souvenirs. 

Ses paroles douces me réconfortèrent un peu. Je fermai les yeux, tentant d'évacuer toute tension. Il me parlait alors d'un ton apaisant, m'aidant à explorer les recoins de ma mémoire.

La corde, enserrant son poignet, est une image qui me hante. Je le vois lutter, se débattre, la douleur se lisant sur son visage. Ses cris me parviennent comme un appel au secours auquel je ne peux répondre. Je suis prisonnière de cette vision, impuissante à l'aider.

- Aurora, tu dois trouver un indice pour savoir ou il se trouve. 

Je plonge au cœur de ces images, fouillant désespérément. Tout autour de lui, l'obscurité est palpable, comme s'il était enfermé dans les entrailles de la terre. Et puis, une silhouette féminine émerge des ténèbres. Un frisson me parcourt. Elle tient le poignard, celui que nous recherchons depuis tant de temps. 

Mes yeux s'ouvrent en sursaut, le cœur battant à tout rompre.

...

AuroraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant