Chapitre 12

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Le silence de la nuit était lourd, pesant sur ma poitrine comme une dalle de pierre. Chaque inspiration était un effort, chaque battement de mon cœur un rappel douloureux. Je me blottis davantage sous les couvertures, cherchant en vain un refuge contre les démons qui hantaient mes nuits.

Un flash. Une image. Le coup.

Son poing, massif et brutal, s'abattit sur mon visage avec la force d'un marteau. La douleur fulgurante, la sensation de mon corps projeté en arrière, le goût métallique du sang dans ma bouche.

Je revoyais ses yeux, autrefois remplis d'amour et d'admiration, devenus froids, durs comme la pierre. Le sourire qui faisait fondre mon cœur s'était transformé en un rictus cruel, une grimace de mépris qui me glaçait le sang.

Ses paroles, des mots venimeux qui s'enfonçaient dans ma chair comme des lames de rasoir, me lacérant l'âme, résonnaient encore dans ma tête.

– Tu l'as mérité, avait-il craché, sa voix déformée par la rage.

La peur, un serpent glacé, s'était enroulée autour de moi, m'emprisonnant dans un cocon de terreur. Chaque bruit, chaque ombre me faisait sursauter, me ramenant à cette nuit où tout avait basculé.

Je me sentais brisée, comme une poupée de porcelaine tombée au sol, en mille morceaux.

Un cri étouffé s'échappa de mes lèvres tandis que je me redressais d'un bond, le cœur battant à tout rompre. La sueur froide collait mes vêtements à ma peau, et mes membres tremblaient de manière incontrôlable. L'obscurité de la chambre me semblait menaçante, chaque ombre un monstre potentiel prêt à bondir sur moi.

Je portai une main tremblante à ma joue, là où le souvenir du coup me brûlait encore. La douleur physique s'était estompée, mais la blessure émotionnelle restait béante, une plaie ouverte qui refusait de cicatriser.

Je jetai un regard autour de moi, cherchant un point de repère dans l'obscurité. La chambre était vide, silencieuse. Il n'était pas là. Un soupir de soulagement mêlé d'angoisse s'échappa de mes lèvres.

8h34.

Le chiffre rouge de mon réveil me narguait, un rappel brutal de la réalité. Je me levai, les jambes lourdes et l'esprit embrumé par les vestiges du cauchemar. Je me postai devant l'armoire, mon reflet dans le miroir me renvoyant l'image d'une femme que je ne reconnaissais plus. Des cernes sombres creusaient mes joues, et mes yeux, normalement pétillants de vie, étaient ternes et vides.

Mes doigts parcoururent les vêtements accrochés aux cintres, s'arrêtant sur une jupe en jean et un chemisier avec un grand décolleté. Un choix étrange, presque provocateur, pour une femme qui se sentait brisée et vulnérable. Mais peut-être était-ce une tentative inconsciente de reprendre le contrôle, de me réapproprier mon corps et ma féminité, bafoués par la violence.

Je m'habillai machinalement, les gestes familiers me procurant un semblant de réconfort. La jupe en jean moulait mes hanches, et le chemisier décolleté mettait en valeur mes clavicules saillantes. Je fixai mon reflet, essayant de déceler une once de la femme que j'étais autrefois.

Mais le miroir ne renvoyait que l'image de moi, dégoûtante. Ses mots, comme des lames rouillées, revinrent en mémoire, s'enfonçant dans ma chair, me lacérant l'âme.

Tu es dégoûtante.

Dégoûtante.

Dégoûtante.

Dégoûtante.

Ils résonnaient dans ma tête. Je fermai les yeux, tentant de chasser ces paroles venimeuses, mais elles s'accrochaient à moi comme des sangsues, aspirant ma force vitale.

The Price of SilenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant