Chapitre 13

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La bulle de liberté dans laquelle j'ai flotté un court instant se dissipe lentement, alors que la réalité revient comme un coup froid.

Tout autour de moi devient flou, et je sens la nausée monter en moi. À la périphérie de mon champ de vision, de petits points noirs apparaissent et deviennent de plus en plus grands. Mon corps réagit avant même que mon esprit ne puisse saisir pleinement les paroles de mon père.

« Comment, Père ? » Ma voix est faible, presque étouffée, et je la sens se briser. Un frisson me traverse, et je peine à croire ce que je viens d'entendre.

Comment ai-je pu être aussi aveugle ? Comment ai-je pu, ne serait-ce qu'un instant, croire que je pourrais échapper à mes obligations et être libre ?

J'ai envie de me gifler, me sentant stupide, naïve et trahie par mes propres espoirs.

Ce matin, mon père et ma belle-mère sont venus de la capitale, Heian-Kyo, jusqu'à Takayama. Leur arrivée a été marquée par les formalités et les politesses de la cour, ce qui m'a toujours semblé étranger et oppressant. Et maintenant... maintenant, tout devient encore pire.

« Tu m'as bien comprise, Kazuko. Tu es désormais fiancée à un noble de Takayama. » Les mots de mon père résonnent en moi, lourds et implacables.

Un son étrange et indéfinissable s'échappe de mes lèvres alors que mes mains commencent à picoter, et une sensation désagréable d'engourdissement s'installe en elles.

« Mais... » Ma voix n'est qu'un murmure, écrasée, désespérée. Mais avant que je ne puisse continuer, ma belle-mère prend la parole.

Sa voix est joyeuse, presque enthousiaste, alors qu'elle annonce ce qui, pour elle, semble être un grand honneur. « Il vient d'une des familles les plus respectées de Takayama. Une famille de samouraïs renommée. » Elle sourit, satisfaite, comme si cette information devait me réconforter, sans percevoir mon malaise.

« Père, Mère... » J'essaie à nouveau de parler, mais ma gorge est serrée, le nœud dans ma gorge grossit, devient de plus en plus lourd, jusqu'à presque m'étouffer. Les mots restent coincés, et un tourbillon d'émotions m'envahit, impossible à démêler.

Mais mon père me coupe avant que je n'aie la chance de me ressaisir. « Il s'appelle Satoshi Gojo, un jeune homme respectable qui maîtrise parfaitement les usages de la cour. » Sa voix est pleine de fierté, presque triomphante, et je le vois gonfler légèrement la poitrine, comme s'il attendait des félicitations pour cette décision.

« Je... » Ma voix n'est qu'un murmure, à peine audible.

« Lui et sa famille veulent te rencontrer. » Mon père sourit, satisfait, alors qu'il continue, comme s'il voyait déjà l'avenir se dérouler devant lui. « Son père est ravi à l'idée que son fils aura une épouse aussi exceptionnelle. » Ses paroles sont si joyeuses, si insouciantes, comme si tout cela n'était qu'un autre accord d'affaires brillamment conclu.

En plus de la tension et de la nausée qui grondent en moi, une autre émotion commence soudain à monter.

La colère.

Une colère froide, furieuse, qui envahit ma poitrine et submerge mes pensées. Mes mains se crispent en poings, et je cligne des yeux pour chasser les points noirs qui dansent encore devant mes yeux.

« Tu me l'avais promis », je murmure. Ma voix est bien plus faible que je ne l'avais voulu, à peine un souffle dans le silence qui suit les paroles de mon père.

« Parle clairement, Kazuko ! » La voix tranchante de ma belle-mère fend l'air comme un couteau. Ses yeux brillent d'impatience, et elle me regarde sévèrement. « On ne marmonne pas ici. » Son ton est sec, comme si mon objection n'était qu'une gêne à éliminer rapidement.

Ma Vendetta / Sukuna x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant