Chapitre 29: A contrario

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Pdv Akira

Je me dirige vers un sas d'entraînement virtuel à proximité. Pas besoin de navette. 10 minutes de marche suffiront.
  Je sais pas pourquoi, en ce moment, je me sens de plus en plus mal. Comme si il y avait quelque chose d'anormal chez moi. Je sais que je suis casse-couilles, j'en suis bien consciente, mais, c'est comme si je le faisais exprès, et pas exprès en même temps.
  J'ai envie d'avoir des copines avec qui parler pendant des heures dans un café, j'ai envie d'aller dans des soirées auxquelles les gens s'éclatent et discutent, j'ai envie de partir en voyage avec ces fameux "amis d'enfance", malgré le fait que je ne sois jamais allée à l'école. J'ai envie de passer la seule année qui me sépare des 18 ans à m'éclater sur des jeux vidéos en ligne ou, juste prendre un fast food avec mes potes insoucients en parlant du dernier album d'un chanteur connu que tout le monde adore.
  Mais je ne sais pas pourquoi, un autre côté de moi me dit que ça va forcément finir mal. Qu'il vaut mieux sociabiliser au minimum, juste pour pas finir taré. Ce côté prend toute la place. J'arrive pas à le contredire. C'est tellement plus facile de se lamenter dans sa tête plutôt que d'aller parler aux autres. J'y arrive pas. Peut-être que je suis pas aussi courageuse et droite dans mes chaussures en réalité. Peut-être que je suis pas aussi mature. Peut-être juste qu'en fait je suis qu'une gamine. Une sale gamine. Sans dignité. Sans personne pour l'aimer. Parce que même si je joue mes grands airs, en fait personne n'a besoin de moi. Si je disparaissais personne ne s'en soucirait. J'entends déjà leur voix dire:
  "C'est pas grave, de toutes façon c'est juste Akira.", "De toutes façons personne ne la connaissait.", "Ça nous arrange bien! C'était une sauvage."
  C'est infernal. Pourquoi j'y arrive pas? Pourquoi je me sens aussi mal alors que d'habitude ça m'arrange que les gens ne me parlent pas? Pourquoi c'est aussi dur d'aller voir quelqu'un et juste échanger un "Bonjour"? Pourquoi ma vie à l'air si parfaite alors qu'en fait je suis qu'une peste capricieuse? Pourquoi je suis même encore en vie? Ça fait longtemps que j'aurais dû sauter, ça m'aurait évité bien des problèmes.
  Mais même pour me tuer je suis lâche. Même pour lutter contre ma propre tête, je suis inutile. Je me prends pour qui à faire la cheffe? Je suis juste un sex toy sur patte. Un jouet. Un objet. Parce que ça me fait du bien de n'avoir aucune conscience et de juste me faire violer par les gens. Même mon corps à été créé pour ça. Bah oui, je m'attendais à quoi? Ces gros seins, ces hanches, cette taille, ces jambes, ce visage, ces cheveux, ces fesses. Tout a été conçu chez moi pour servir de pute.
  Je sens mon corps ralentir, jusqu'à en tituber. Je tombe sur le mur à côté de moi, tout en continuant à marcher. Mes yeux me piquent et s'alourdissent. Ça y est, c'est trop tard. Bientôt je m'arrêterais de marcher. Je tomberais juste en avant. Et je resterais là. À déprimer. Puisque je ne sais faire que ça.

- Akira?

Je pousse une légère expiration de surprise. C'est Carlos. Qu'est-ce qu'il fait là?

- Ca...

- AKIRA!

Je m'éffondre au sol. Je suis toujours consciente. Je suis juste épuisée.

- Akira, ça va?!

- J'en sais, rien...

Il me prend le visage et me regarde dans les yeux. Il soupire.

- Viens.

Il me prend dans ses bras. J'arrive plus à bouger. Je laisse mon corps couler sur lui. Il me porte jusqu'à la salle d'entraînement.
  Il me pose sur un banc. Je m'assois, tête dans les genoux.

- Tu veux manger quelque chose?

- Non. Laisse moi.

Il me fait un câlin. Je veux pas qu'il me voit. Je veux pas qu'il me parle.

- Laisse moi tranquille.

- Dis moi. Qu'est-ce qu'il se passe? Mh?

- Je veux pas que tu me regarde. Pars.

- Non Akira. Je partirais pas. Je peux pas te laisser comme ça.

- Si tu peux. Ça sera mieux pour toi comme pour moi.

- Akira je-

- Laisse moi tranquille. Je veux voir personne. Je veux que personne ne me voit, plus jamais, que personne ne me voit, plus jamais, plus jamais, que personne ne me voit jamais...

- Écoute...

Il me prend le bras. Je veux qu'il me laisse putain mais CASSES TOI!
Je commence à me relever et à tirer mon bras pour qu'il me lâche.

- Nan j'écouterais pas!

- S'il te plaît, calme toi.

- Nan j'me calmerais pas!

Je tire de plus en plus fort et me débat.

- Akira ne réagis pas comme une enfant s'il te plaît respire et réfl-

- NAN TAIS TOI LAISSE MOI TRANQUILLE!

Je le gifle sans faire exprès. Il me lâche. J'attrape mon poignet. Mon bras tremble. Maintenant, c'est tout mon corps. J'ai l'impression de devenir folle. J'hyperventile. Et, et qu'est, qu'est-ce que j'ai fait?
  Je me tourne, il a sa main sur sa joue.

- Aouch... Tu m'as pas manqué...

- Pardon pardon pardon pardon pardon pardon pardon...

Qu'est-ce que j'ai fait? Qu'est-ce que, pourquoi? Ça prouve bien que j'ai pas de cœur. Je me hais. Personne ne mériterais de voir l'horreur que je suis. Même pas les pires criminels.

- Hey... c'est pas grave! Ne-

Je cours en dehors de la pièce. Carlos cri mon nom. Je cours. Jusqu'où? J'en sais rien, mais en tout cas je cours, encore comme la lâche que je suis. Je suis, détestable. Je préfère me perdre ici plutôt que de le regarder dans les yeux après ce que je lui ai fais. Je suis toute seule. Seule.

Personne ne peux me sauver.

Pdv Taimu

*pendant ce temps...*

Je découvre son laboratoire. Même si il parle beaucoup et que je ne comprend rien, je suis impressioné par le nombre d'écran et d'objets qui se trouve ici.

- Tu vois ça? C'est ma toute nouvelle invention! Ça s'appelle un gläser!

Il sort une sorte de verre de lunette.

- Ah. Et ça sert à quoi?

- Ça sert à afficher discrètement des infos sur la personne que tu as en face de toi! J'en ai dans mes lunettes, mais, étrangement je ne trouve rien sur toi... Pas grave. De toutes manières j'ai besoin de faire des réglages. Et, tu penses pouvoir appeler ta copine? Le programme de préparation est prêt!

- D'accord!

J'appelle Akira. Elle ne répond pas. Je la rappelle. Toujours rien. Étrange...

Interstellar QuestOù les histoires vivent. Découvrez maintenant