Chapitre 6: Spectre

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Pdv Akira

J'entend mon réveil. Il sonne pour m'indiquer qu'on est arrivé. Je prend Taimu dans mes bras. Iel dort encore. Nous faisons le reste du trajet en navette et arrivons devant mon immeuble. Nous prenons l'ascenseur et je déverouille ma porte. J'entre et je retrouve Moralbot, le mini robot qui parle à travers un haut parleur avec sa voix insuportable et qui me serre de larbin.

- Bonjour Akira. Un plaisir de vous revoir!

Je prends un ton sarcastique.

- Ouais ravis aussi.

Putain je déteste ce robot à la con. Ce robot nous est donné par le gouvernement pour nous permettre un meilleur train de vie et une santé mentale soi-disant opérationelle afin d'optimiser nos chances de ne pas devenir fou avec tout le travail qu'on fait et les interventions violentes que l'on exécute. Mais je vous jure, ce truc est une vraie plaie! Impossible d'avoir un minimum de vie privée tant qu'il est allumé!

- Comment allez vous aujourd'hui ? Est-ce que ce voyage vous a permis du repo...

Je l'ai éteint. Je fais tout le temps ça quand il me soule trop. Et le pire c'est que quand je l'éteins et que je pars au boulot, il se rallume automatiquement et m'acceuille quand je rentre. Il peut être pratique hein, mais il fait chier. Beaucoup chier.
Bon, maintenant, faut réfléchir à ce que je vais faire de ce petit, si je puis dire... Je le pose sur le canapé et va dans ma chambre.
Mais d'abord, je me pose dans mon lit. Je regarde à gauche. Mon bureau est en bordel. À force de bosser, j'en perd la notion du temps et de l'organisation. Je regarde à droite. Mes plans, photos, en bref, mon shéma d'enquête est sur mon tableau en liège.
J'avais oublié, mais depuis que j'ai commencé, je bloque sur l'enquête sur laquelle je me suis lancée. Sur quoi j'enquête? J'en sais rien. Peut-être sur un moyen de libérer mon frère et ma soeur (surtout mon frère).
Je sais pas. Je sais plus. J'ai juste envie de me laisser partir. De m'en aller. De ne plus exister. De disparaître simplement, même si je laisse mon équipe et Taimu derrière moi. J'ai l'impression de tomber sans cesse. Dans une fosse de plus en plus profonde. Une fosse entre les morts et les remords qui vous replonges dans l'enfer des pensées qui séjournent entre les différentes synapses et neurones de mon cerveau, cette machine infernale qui ne cesse de fonctionner et pourtant si utile à la survie de n'importe quel espèce évoluée. Ça y est, ça va commencer. Ce moment si désastreux où je me sens si vide, où je ne suis qu'un fantôme qui hante ma propre maison. Personne ne pourra m'en sortir à part mon instinct de survie à chaque fois que je suis sur le balcon et que j'avance un pied vers le vide. C'est comme un silence radio. On entend rien, mais si on écoute, les grisaillements se font forts. Et ils le deviennent de plus en plus à chaque seconde et je finis souvent par m'enfoncer de plus en plus en attendant que ça finisse. Mes yeux sont lourd à porter. J'ai laisser s'envoler tellement d'eau que je ne sens même plus le poids lourd dans ma tête. Mes yeux, les géniteurs de ces larmes, mes iris rouges flamboyantes que tant de gens m'envient, ont ils gardés de leur fureur?
Je me regarde dans le miroir. Je ne suis même pas surprise honnêtement. Cette couleur d'yeux s'est ternis. Je deviens ce que j'appelle une âme égarée. Comme si j'étais morte. Si c'est ça la mort, si elle est aussi paisible, si elle est aussi lointaine que l'espoir et le moindre sens dans ce monde illogique, alors oui, je veux bien m'y soumettre. Mais je crains que même ici, la mort soit illogique. Pourquoi je ne me bourerais juste pas d'anesthésiants pour ensuite me trancher le bras et me laisser mourir en me vidant de mon sang? Ce serait plus simple, si simple, non?
Une petite voix me dit de le relever. Je ne l'écoute plus maintenant. Un esprit en face de moi, un esprit qui me regardent avec les mêmes yeux, le même corps et la même déception de ce que je suis, juste un simple jouet.
Cette petite. Elle ne fait que me fixer. Je sais bien, j'étais jeune. Je n'aurais pas du partir. J'aurais du attendre de mourir sous les météorites enrobées de restant de peau et de peau synthètique. En réalité, même si il est humain, on dirait qu'il n'est fait que de fer. Comme elle. Elle n'est qu'une poupée à qui on a redonner des souvenirs. Elle n'est même pas humaine. Elle n'est qu'un monstre comme lui, elle n'est qu'une décoration. Elle nous disait je t'aime, mais elle ne servait à rien. Elle n'était rien. Juste un jouet, comme moi.
Et maintenant, qu'est-ce que je fais petite? Dis moi. J'ai l'air grande, mais je ne suis qu'une enfant. J'ai beaucoup dans ma tête, mais je n'ai plus rien dans le coeur. Non, plus rien malheureusement...

- Akira..?

Je ne tourne même pas les yeux. Iel est là. En face de moi.

- Je me souviens des noms de tout ce qui se trouve autour de nous. Tu n'auras plus à m'expliquer rien. Ou du moins, tu n'auras plus à m'expliquer les différents objets basiques de notre environnement actuel. Mais il y a quelque chose que je ne comprends pas.

J'attend qu'iel finisse. Iel parle avec un ton étonnamment calme.

- Tu es devenu si vide. Toute ton énergie positive s'est évaporée d'un coup et des ondes négatives ont envahie l'appartement. C'est cela qui m'a réveillé.

Iel monte sur le lit. Iel pose une main sur mon coeur.

- Au moins tu n'es pas morte. C'est ça l'important.

C'est ça l'important? Vraiment? Je ne suis qu'une chose, un jouet à l'existence puérile et misérable, donc non, ce n'est pas vraiment important.
Iel s'approche de moi et me prend dans ses bras.

- Vous semblez apprécier ça, vous les humains. J'espère t'apporter du réconfort comme ça.

Tu sais, le pire, c'est que ça marche. Je me sens étrangement mieux. C'est comme quand Carlos me câline quand je suis comme ça. Mais là, c'est, disons, beaucoup plus réconfortant. Je retrouve la force de pleurer. Ça me fait du bien. J'essaie de sècher mes larmes a chaque sortie.

- Arrête, ça fait du bien de pleurer. Laisse toi aller.

Je me sens un peu mieux et, une sensation agréable me parcours le corps.

- Mais, comment?

- Je puise dans tes bonnes émotions et dans mon énergie vitale pour te consoler. Et ça semble marcher.

Je m'abandonne à iel. À force de pleurer, je finis par me rendormir.

Interstellar QuestOù les histoires vivent. Découvrez maintenant