Chapitre 24

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Je me retourne encore et encore dans mon lit sans réussir à trouver le sommeil. Les images de la veille me hantent, les mots de Marwan résonnent dans ma tête comme un écho sans fin. À 2h00 du matin, je n'en peux plus. Abandonnant l'idée de dormir, je descends discrètement à la cuisine pour me faire une tisane, espérant que ça m'aidera à apaiser mon esprit.

Après avoir préparé ma boisson, je remonte dans l'obscurité silencieuse de la maison. Mais en arrivant à l'étage, des bruits de mouvement attirent mon attention. Je m'arrête, tendant l'oreille. Ça vient de la chambre de Marwan. Je fronce les sourcils, surprise qu'il ne soit pas endormi à cette heure.

Je prends l'ascenseur et me dirige discrètement vers sa chambre. Tout est plongé dans le noir, sauf un faisceau lumineux qui vient de sa salle de sport . Je m'approche en silence.  J'entends le souffle lourd et rythmé de Marwan, les bruits des poids qu'il soulève.

Je pousse doucement la porte, et la scène se dévoile devant moi. Marwan, torse nu, transpire sous l'effort. Ses muscles se tendent et se détendent avec chaque mouvement, et il a l'air perdu dans ses pensées .

— Tu dors jamais ? dis-je doucement pour ne pas l'effrayer.

Il s'arrête net, reposant les haltères. Essuyant son front avec une serviette, il me regarde avec un mélange de surprise et de fatigue.

— Je pourrais te poser la même question, murmure-t-il, son souffle encore un peu court.

Je hausse les épaules, m'appuyant contre le cadre de la porte avec ma tasse encore chaude entre les mains.

— J'ai pas réussi à dormir. Trop de choses dans la tête... Et toi ?

Il soupire, jetant la serviette sur le banc de sport avant de s'asseoir, les coudes posés sur ses genoux.

— J'ai arrêté de compter les nuits où je dors pas. C'est comme si le sommeil voulait plus de moi

Je m'approche et m'assieds à côté de lui, nos épaules se touchant légèrement. Le silence retombe, seulement interrompu par nos respirations 

— Tu sais, tu pourrais aussi me parler. Parfois, ça aide plus que de se tuer à la tâche, dis-je doucement.

Il esquisse un sourire en coin, comme si mes mots le touchaient plus qu'il ne veut l'admettre.

— Je te parle déjà, répond-il en relevant doucement une mèche de cheveux tombée sur mon visage. C'est juste que... certaines choses, je préfère les affronter seul j'ai l'habitude 

Je remarque la cicatrice sur son ventre, fine mais visible, une marque qu'il semble porter depuis longtemps.  Sans réfléchir, je tends la main et touche délicatement la cicatrice du bout des doigts. Il frissonne  légèrement à mon contact, surpris, mais il ne recule pas.

— C'est qui t'a fait ça ? je demande doucement, incapable de détacher mon regard de cette trace

Marwan reste silencieux un instant, puis il soupire, 

— C'est... compliqué, commence-t-il, les yeux perdus dans le vide. Alya et moi, on devait se marier. J'avais tout prévu, mais elle m'a trompé avec un autre mec.

— J'ai pété les plombs, avoue-t-il. Ça s'est terminé en bagarre... et lui, il avait un couteau. Il m'a écorché sans pitié. Je pensais que c'était l'amour de ma vie mais elle était la seulement pour mon argent.

Je reste silencieuse, touchée par  toute la souffrance qui à due supporter . C'est comme si je découvrais un nouveau côté de Marwan, celui d'un homme brisé qui tente de se reconstruire.

— C'est à cause de tout ça que j'ai tout perdu... même la foi en Dieu . L'accident, cette cicatrice, Alya... c'était comme si Dieu m'avait abandonné il tremblait 

Je le regarde, profondément touchée. Je réalise qu'il a traversé un enfer auquel je n'aurais jamais pensé. Je veux être là pour lui, pour l'aider à guérir, même si je ne peux pas effacer ses blessures.

— Tu sais, Marwan, Dieu voit tout et entend tout. Il ne t'a jamais  abandonné, même si ça paraît dur à croire, lui dis-je doucement.

Je m'approche un peu plus et lui dépose un léger baiser sur la joue. Il se redresse, un peu gêné, comme s'il n'était pas habitué à ce genre de tendresse. Sans un mot, il se lève et se dirige vers sa salle de bain pour prendre une douche, me laissant seule avec mes pensées.

Je me sens lourde, la chaleur de la tisane m'envahit, et je finis par m'endormir là, par terre, dans sa salle de sport, sans même m'en rendre compte. Quelques minutes plus tard, je sens une douce secousse. J'ouvre les yeux et vois Marwan, qui me porte dans ses bras . Il me dépose sur mon lit et s'apprête à partir, attrapant un oreiller pour dormir ailleurs.

— Non, reste, murmurai-je en attrapant sa main, le retenant avant qu'il ne parte.

Il hésite, me regarde comme s'il cherchait une raison de refuser, mais je tire doucement sur son bras, l'invitant à s'allonger à côté de moi.

 un sourire en coin, puis s'allonge à mes côtés, laissant un petit espace entre nous. On reste là, dans le silence de la nuit, nos respirations se mêlant. C'est étrange, apaisant. Pour une fois, on se retrouve sans dispute, juste tous les deux, et ça fait du bien.

À un moment, je sens son regard se poser sur moi. Je tourne légèrement la tête et nos yeux se croisent.

— Sofia... commence-t-il, sa voix grave et un peu hésitante.

Je me redresse légèrement, surprise par son ton sérieux.

— J'ai jamais rencontré quelqu'un comme toi. Une fille qui ne se laisse jamais faire, qui garde toujours la tête haute. Tu sais, t'es pas seulement forte, t'es aussi douce, gentille... Tu sais comment me toucher là où personne n'a jamais réussi.

Ses mots me frappent de plein fouet, et mon cœur rate un battement. Marwan, le mec que j'ai toujours vu comme froid et distant, est là, en train de s'ouvrir. Il continue, le regard sincère.

— Je crois... non, je sais que je t'aime, Sofia. Et ça me fait flipper parce que je me rends compte que j'ai jamais ressenti ça pour qui que ce soit avant toi  même pour Alya se n'était pas la même chose .

Je ne m'attendais pas à cette aveu, surtout pas de sa part. J'essaye de dire quelque chose, mais je suis comme paralysée par ses paroles Marwan m'aime ? Ça paraît fou, irréel, mais dans ses yeux, je vois toute la vérité de ses sentiments.

Je reste figée, incapable de croire ce que je viens d'entendre. Les mots de Marwan résonnent en moi, et mon cœur bat si fort que j'ai l'impression qu'il va exploser. Il m'aime... il m'aime vraiment. Je le regarde, les yeux brillants, incapable de masquer mes émotions. Pendant un instant, je ne sais pas quoi dire ni quoi faire,  entre la peur de me dévoiler et l'envie de lui montrer à quel point il compte pour moi.

Je m'approche lentement de lui, ma main tremblante se posant sur sa joue. Je le caresse doucement, sentant la chaleur de sa peau sous mes doigts. Puis, sans réfléchir davantage, je me penche et l'embrasse. Un baiser tendre, mais chargé de tout ce que je ressens pour lui. Tout ce que je n'ai jamais osé dire.

Quand je me recule un peu, le souffle court, je murmure :

— Moi aussi... je t'aime Marwan, plus que tu ne pourras jamais l'imaginer.

Je souris timidement, laissant mon front reposer contre le sien. Je prends sa main et entrelace mes doigts aux siens, comme si ce simple geste pouvait dire tout ce que je ressens.

— Je suis tombée amoureuse de toi malgré moi. Ton caractère, tes failles, tout ce que tu es...

Il me regarde, et un sourire doux se dessine sur ses lèvres. Marwan me serre doucement contre lui, et je me blottis dans ses bras, sentant pour la première fois que c'est exactement là que je dois être : avec lui.

Sous son empriseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant