— Est-ce que vous vous masturbez ?
Elle retint sa respiration, surprise par ma question. Ses petites lèvres roses se tordaient alors qu'elle regardait en l'air pour chercher ses mots. J'avais enfin touché un point sensible.
— Qu'est-ce que vous entendez par là ? Je ne suis pas sûre de comprendre.
— Est-ce que vous vous caressez, vous vous doigtez, vous vous pénétrez, vous vous frottez, et j'en passe. Est-ce que vous prenez du plaisir sexuel toute seule ?
Je la poussais dans ses retranchements, et je le savais. J'avais pointé du doigt quelque chose qui la mettait mal à l'aise, une piste pour essayer de mieux la comprendre.
Après quelques secondes de silence, je repris la parole.— Ce ne sont pas des gros mots, vous savez. Ce sont de simples verbes qui décrivent quelque chose de parfaitement normal. Il n'y a aucune honte à avoir, vous êtes libre de vous masturber ou non. D'ailleurs, je veux qu'il n'y ait aucune gêne entre nous. Je suis là pour vous aider, pas pour vous juger.
— Non, je ne me masturbe pas.
— Jamais ?
— Jamais.
Elle grimaça quand je griffonnais quelques mots sur mon carnet. Il n'était pas commun d'avoir une femme de son âge qui ne fasse pas de bien toute seule. Son absence de masturbation m'indiquait une gêne ou un manque d'attrait pour le sexe ou le plaisir.
— Avez-vous déjà essayé ?
— Quelquefois. Mais ça ne m'a jamais rien fait.
— Que faisiez-vous exactement ?
Elle fronça les sourcils, retournant ses mains, ses paumes maintenant face au plafond.
— Ah, parce que je dois vous le mimer en plus ?
Je dus contenir mon rire peu professionnel. Elle m'amusait.
— Vous n'avez pas besoin de mimer, seulement de m'expliquer ce que vous faisiez.
Elle s'enfonça autant qu'elle le pouvait dans son siège, une mine toujours agacée. Elle qui voulait paraître nonchalante, je ne pensais pas tomber sur un sujet sensible en si peu de temps.
— Je ne sais pas trop. Je touche un peu partout. Je n'y réfléchissais pas, je l'ai fait comme on le voit dans les films.
— Vous consommez de la pornographie ?
Elle poussa un petit soupir, comme soulagée de changer de sujet.
— De temps en temps. Deux à trois fois dans le mois, je dirais.
— Quel genre de pornographie regardez-vous ?
— Un peu de tout. Je peux regarder des choses très douces comme un peu plus hard. Seules les œuvres sans consentement me dérangent. Même si c'est de la fiction, j'ai du mal à trouver du plaisir là-dedans.
Parler de masturbation la mettait dans tous ses états, mais étaler son historique porno ne lui posait aucun problème. Je pensais que la simple notion de sexe la gênait, mais il n'en était rien. Elle devait avoir des difficultés concernant le plaisir, les sensations, ses sensations.
— Si vous ne vous masturbez jamais, que faites-vous devant ces films ?
— Rien du tout.
— Et vous ressentez quelque chose ? Du plaisir, de l'envie, de l'excitation ?
Le malaise réapparut dans ses beaux yeux verts.
— Ça me picote en bas, je sens qu'il se passe quelque chose.
— Est-ce que vous mouillez ?
Elle se pinça une nouvelle fois la lèvre inférieure, me jetant un regard furtif. Un frisson me parcourut le corps.
— Oui. Toujours.
Je fis mine de prendre des notes pour reprendre mes esprits. Sans le comprendre, sa réponse m'avait déstabilisé.
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Les masques de la chair
RomanceQuand je suis entrée dans le club, les règles étaient claires, je ne devais en aucun cas enlever mon masque et montrer mon visage aux autres joueurs. Tout ce qui se passait entre ces murs devait rester secret. À 28 ans, j'avais tout pour être heureu...