CHAPITRE 6 (Louise)

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Malgré la peur, j'étais tout de même venue. J'avais dit au revoir à mes collègues en souriant, enfilé cette robe un peu trop sexy dans les toilettes de mon immeuble et étais rentrée dans le club en essayant de contrôler mes tremblements. Personne ne savait que je venais ici, étant bien trop honteuse pour en parler à qui que ce soit, même au sexologue. Les gens devaient penser que ce genre d'endroit était réservé aux pervers, à ceux qui n'arrivaient pas à apprécier la normalité que le sexe pouvait leur offrir. Moi, j'étais différente. Je voulais seulement trouver le plaisir que je ne faisais que chercher depuis des années. Et si je devais me faire passer pour l'un des leurs pour atteindre mon objectif, alors je le ferais.

Dans la salle de jeu, je balayais des yeux la pièce afin de trouver des regards familiers. Près de l'estrade, les masques d'or d'Ours et Bélier attiraient mon attention. Les deux hommes, presque aussi grands l'un que l'autre, discutaient avec aisance. Mes échanges avec eux ayant été compliqués, pour ne pas dire traumatisants, je changeais de direction pour trouver la seule personne qui m'avait convaincue de revenir.

— Est-ce que je peux m'asseoir avec toi en attendant le début du jeu ?

Son masque tourné dans ma direction, il me sourit en tapotant du bout de ses doigts le coussin en velours à côté de lui.

— Je suis étonné de te revoir, ma renarde. Même si le jeu de la dernière fois était simple, tu avais l'air mal à l'aise.

— J'ai pourtant gagné un point.

— Ça n'a rien à voir. Que ce soit la chance qui t'a permis de gagner ou non, tu n'as pas eu à te dévoiler. Montrer son corps et interagir avec celui des autres est plus compliqué que de simples questions.

— Je mérite ma place ici. Je n'ai aucune limite et je vais vous le prouver.

— Le jeu va bientôt commencer, veuillez approcher de l'estrade, s'il vous plaît.

Une belle brune, différente de la dernière fois, se tenait droite comme un piquet au fond de la pièce, un paquet de feuilles entre les mains. À l'écoute de son appel, toute la salle se précipita, ne pouvant plus attendre le début du jeu. Mon cœur battait à tout rompre tandis que je me levais à mon tour pour la rejoindre. Mon cerveau me hurlait de partir, mais mon corps, lui, me suppliait de rester. Un combat auquel j'assistais impuissante alors que mes jambes avançaient.

— Bienvenue à cette 87e session de jeu. Nous avons une centaine d'actions sur notre liste, des actions qui devront être réalisées par deux personnes tirées au hasard. Si les deux personnes choisies sont d'accord pour réaliser l'action, elles auront toutes deux un point. Chaque action devra durer au minimum cinq minutes et devra être réalisée devant tout le monde. Le gagnant aura le droit d'inviter quelqu'un dans la chambre.

Un brouhaha se crée immédiatement dans la salle. Le jeu avait l'air simple, mais tout pouvait vite déraper en fonction de ce qu'elle nommait "action". Finalement, je ne savais toujours pas jusqu'à quel point ces gens pouvaient aller.

— Le premier mot est "masturber". Les joueurs désignés par le hasard sont Souris et Chat. Chat devra réaliser l'action sur Souris.

La simple écoute de la consigne me fit frémir. Je pensais être prête pour tout cela, mais le simple fait de m'imaginer faire ce genre de chose devant tous ces gens brouillait ma vue. Je voulais me prouver que j'étais capable de le faire, que j'avais tout essayé pour résoudre mon problème, mais en étais-je vraiment capable dans ces conditions ?

Huit participants au total, nous encerclions le sofa en velours qui trônait au milieu de la pièce. Se dégageant de l'attroupement, Chat et Souris nous firent face, s'asseyant tous deux sur le canapé. D'un naturel presque quotidien, Souris souleva sa jupe qui dévoila son intimité déjà débarrassée de sous-vêtements. Les deux joueurs échangèrent quelques mots avant que les doigts de Chat ne pénètrent Souris. Au premier gémissement de plaisir, je baissai les yeux. Je me forçais à ne pas me boucher les oreilles, tant les bruits de plaisir vinrent envahir cette pièce jusqu'ici calme. Personne ne ricanait, ne parlait ou ne s'indignait. Tous regardaient avec attention ce spectacle, fascinés par cette vision digne d'un porno. Prenaient-ils plaisir à admirer ce divertissement ou attendaient-ils tout simplement leurs tours ?

Les masques de la chairOù les histoires vivent. Découvrez maintenant