CHAPITRE 24 (Louise)

118 6 0
                                    


Ses yeux remontaient lentement le long de mes jambes, savourant chaque partie de ma peau, aussi infime soit-elle. Normalement vêtue de la même tenue, j'avais opté cette fois pour une jupe plus courte, laissant entrevoir le début de mes fesses. Jamais encore je n'avais osé porter un tel vêtement. Comme beaucoup d'autres, ce vêtement avait passé des années soigneusement rangées au fond de mon placard, prêt à être sortie pour les fameuses occasions qui n'arrivaient finalement jamais, ou pas. Cette jupe que j'avais achetée sur un coup de tête dans l'espoir un jour de rendre fou un homme allait bel et bien me servir aujourd'hui.

Pingouin, accrochée à son bras, me regardait avec défi. Elle qui, il y a quelques semaines à peine, avait aimé m'avoir comme alliée, me considérait désormais rival à attirer le regard de son prédateur. Encore naïve, elle n'avait pas compris que Loup changerait de cible dès la venue de la prochaine. Mais tout ça n'était plus mon problème, je voulais seulement me venger.

M'ayant déjà appelé des dizaines de fois, sans succès, il avait compris que le seul endroit où me voir était le club. Je savais qu'il viendrait, et j'avais vu juste. Posté dans un coin de la pièce, ses yeux me dévoraient. Malgré Cygne, qui tentait tant bien que mal d'attirer son attention, installée à ses côtés, il n'avait d'yeux que pour moi. Parfait.

Ne me souciant plus de l'image que je pouvais renvoyer, je m'assis sur les genoux de Loup, repoussant presque Pingouin sur mon passage. Ma main se glissa autour de sa cravate rayée, l'attirant vers moi avec lenteur. Amusé, il se laissa faire, m'offrant un sourire carnassier.

— Si tu gagnes le jeu, j'aimerais que tu m'invites dans la chambre, s'il te plaît, l'implorai-je d'une voix qui se voulait frustrée.

Je voulais qu'il croie que j'étais sa propriété, que son corps était mon unique obsession, les hommes à femmes comme lui ne cherchant qu'une seule chose, être au centre de l'attention.
D'un coup vif, il dégagea son bras de l'emprise de Pingouin, me l'offrant pour que je m'y agrippe. En plus de ceux de Pingouin, le regard noir d'Ours me fit frissonner. Maintenant que je savais qui se cachait derrière ce masque, l'imaginer me désirer était encore plus jouissif.

— Bonjour à tous. Le 93ᵉ jeu va pouvoir commencer.

Accrochée à Loup, je m'avançais en direction de l'estrade. Ours se glissa derrière moi, restant suffisamment loin pour que je ne puisse distinguer sa position exacte.

— À tour de rôle, chaque joueur me rejoindra devant le reste des participants pour tester les divers sex-toys présents ici.

L'arbitre ouvrit la mallette qu'elle avait sous le bras, révélant une véritable caverne d'Ali Baba. Des dizaines d'objets multicolores étaient entassés, débordant presque du contenant. De toutes formes, longueurs et matières, chaque partie du corps pouvait être stimulé avec ce qu'elle nous proposait.

— Chaque joueur commencera par l'utilisation d'un sex-toy. Au bout d'une minute, il devra en ajouter un autre, attendre une minute, en choisir un troisième, et ainsi de suite. Le joueur qui réussira à utiliser le plus de sex-toys simultanément sera le grand vainqueur.

Je déglutis en entendant les règles. Comme d'habitude, elles étaient suffisamment percutantes pour nous pousser à repousser nos limites. Vu les joueurs présents dans cette pièce, même si mon incapacité à ressentir des sensations m'avantageait, je n'étais pas certaine de pouvoir supporter la stimulation simultanée d'une dizaine de sex-toys, surtout face à tous ces gens. Si la récompense était la chambre, c'est Loup qui devait remporter l'épreuve pour moi.

— Le premier participant est Cygne.

Alors qu'elle prit place sous nos regards attentifs, une main glacée saisit mon poignet pour me tirer très légèrement vers l'arrière.

Les masques de la chairOù les histoires vivent. Découvrez maintenant