Chapitre 3

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Alors c'était donc ça ce petit manège. Il pensait avoir un petit avant-goût de sa soirée avant l'heure. Dommage. Pour moi aussi. J'espère que ce sera moins terrible que ce que j'imagine.

Lorsqu'il me voit entrer, l'homme en chemise rose se jette sur moi sans cérémonie. La porte est à peine refermée qu'il m'attrape par les hanches et me pousse sur le lit. Il est brusque et je ne suis qu'un objet entre ses mains. Je me retrouve nu en moins de quelques secondes.

Il n'y a aucune douceur dans ses gestes, sa respiration est saccadée, son regard fou d'un désir sauvage et inquiétant. Pourquoi faut-il que ce soit moi qui me tape tous les tarés qui trainent ici... Est-ce moi le problème ? Moi qui les mets dans cet état ? Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez moi ?

Il prend à peine le temps de me préparer, juste le temps d'enfiler un préservatif, de se positionner derrière moi et il me pénètre sans ménagement. A l'instant même où je le sens en moi j'ai envie de hurler de douleur. Je crois que c'est ce qu'il veut. Ses coups de reins sont abrupts et il cherche juste à me faire mal.

Est-ce qu'il veut se venger de tout à l'heure ? Une chance que je sois dos à lui et que je n'ai pas à voir son regard fou. Je l'imagine parfaitement toutefois, cette fureur au fond de ses yeux, cette flamme de démence qui doit danser dans ses prunelles.

Je souffre comme j'ai rarement souffert, mais ne dis rien. Les lèvres serrées, je ne gémis pas, je ne crie pas. C'est ce qu'il cherche, j'en suis sûr, et je ne lui donnerais pas cette satisfaction. Un combat silencieux s'engage seulement rompu par nos respirations irrégulières.

La douleur de mes reins est presque insupportable. Do-Won a beau être le pire des salauds, il n'a pas suffisamment d'endurance pour faire durer ses calvaires éternellement. Lui a l'air de concourir dans une autre catégorie.

"Tu veux jouer à qui flanchera le premier petite salope ? Pas de soucis j'ai toute la soirée s'il le faut. Mais je t'arracherais un cri même si c'est le dernier son qui doit sortir de ta bouche".

Des menaces. Encore et toujours des menaces. Je souris intérieurement. Mes entrevues avec Do-Won auront au moins eu cet avantage, je ne crains plus ces formes d'intimidations. Les menaces ne sont qu'un avertissement, elles laissent une marge de manœuvre avant de leur donner satisfaction. Je cède à Do-Won pour être tranquille plus rapidement, mais je ne suis pas sûr d'avoir cette chance avec lui.

L'homme d'affaires prend son plaisir dans mon entière soumission. L'homme à la chemise rose semble prendre plaisir dans la souffrance de l'autre. Ce genre d'enflure ne s'arrête pas pour un simple cri. Il ira toujours plus loin dans son sadisme.

Je ne rêve que d'une chose, là tout de suite, attraper ma boîte de pilules rose pour ne plus rien sentir. Pour oublier la douleur et cette ordure... Au cas où Jae-Won tomberait sur ma réserve, j'ai pris soin de cacher quelques comprimés dans mon oreiller. Je glisse deux doigts dans la minuscule déchirure que j'y ai faite au niveau de la couture, et en attrape deux que j'avale tout rond.

Je sais que c'est mal, surtout que j'en ai déjà pris trois cet après-midi et que mon corps n'est pas encore remis. Mais c'est la seule chose qui peut me sauver pour le moment. Personne ne peut rien pour moi, à l'exception de ces petits miracles.

Les premiers effets se font rapidement ressentir, accentués par l'alcool que j'ai ingurgité tout à l'heure et qui commence aussi à agir. La douleur s'atténue, mon corps se détend, devient presque léthargique. Et il le sent. J'ai presque envie de rire. Ses assauts en deviendraient presque comiques. Il est en colère, je sens son aura dévastatrice grandir derrière moi.

"Qu'est-ce que t'as fait sale petite merde ? Qu'est-ce que t'as pris ?! Recrache ça de suite !"

Il essaie de me faire vomir en appuyant sur mon estomac mais il est déjà trop tard. Il me pousse et me retourne pour que je me retrouve face à lui. Il plonge ses yeux fous dans les miens. Un frisson d'effroi me traverse. Que va-t-il me faire ?

Il attrape soudainement ma nuque qu'il enserre fortement avant d'enfoncer son sexe profondément dans ma gorge. A croire qu'il cherche à m'étouffer. Je fais de mon mieux pour contenir les contractions de ma gorge. Mais je commence à manquer d'air et mon corps se tortille de lui-même pour tenter de se dégager.

"Alors on fait moins le malin ?"

Ce mec est complètement taré. Un psychopathe en puissance qu'on m'a collé dans les pattes. Avec un peu de chance ce sera aussi le dernier que j'aurais à supporter. C'est peut-être mon pire cauchemar et ma délivrance. J'ai les yeux qui pleurent, je vois trouble, j'étouffe. Je vais crever comme la pire des merdes dans les mains de ce monstre de concupiscence.

Le monde s'éteint doucement. Ma vue baisse de secondes en secondes, des taches noires éclosent dans mon champs de vision. Enfin. Un mal pour un bien. Je sourirais si j'en avais la possibilité. J'entends des sons lointains, qui se meurent doucement à mesure que les ténèbres recouvrent ma conscience. Des cris, une porte qui claque et le silence.

Cette fois c'est vraiment fini. Je vais enfin rejoindre l'autre monde et disparaître de cette réalité abjecte. Plus que quelques instants de souffrance et tout sera enfin terminé. 

Pretty Little ThingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant