Chapitre 8

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Tout est flou, le monde tourne autours de moi et je suis incapable de savoir où je suis. Ni même où je vais. Je titube laborieusement à travers les rues, bousculant malgré moi les passants, priant pour que cette journée n'ait jamais eu lieu et que je n'ai pas vraiment vécu ce qui m'est arrivé.

Tout en marchant, j'ai terminé la bouteille que j'ai volée en fuyant l'hôtel. Mais malgré tout l'alcool que j'ai ingurgité, mon corps me fait toujours un mal de chien. Et encore, la douleur s'est atténuée. Cette enflure de Do-Won... J'espère que j'ai frappé suffisamment fort pour qu'il en garde des séquelles. Je ne veux plus jamais retourner là-bas. Do-Won est un monstre et Won-Shik une vraie raclure, de m'avoir laissé à sa merci.

Les gens s'écartent sur mon passage et me regardent avec peur ou dégoût. Il faut avouer que je ne dois pas être beau à voir. Surtout dans ces quartiers où l'on fait en sorte d'ignorer la misère ambiante en la cachant dans les recoins.

Je sens encore les coups de fouets qui brûlent chaques parties de mon corps. La douleur des objets qu'il a utilisés pour les introduire en moi. L'humiliation cuisante que j'ai une nouvelle fois subie.

Mes vêtements sont sales et déchirés, à force d'être tombés au sol dû à mon manque d'équilibre. J'ai l'impression d'être revenu presque un an en arrière, lorsque mon père m'a jeté dehors, sans me laisser le temps de prendre quelques affaires.

Je débouche sur une avenue beaucoup plus bondée. La foule me bouscule et je suis incapable de me défendre. Je me laisse porter malgré moi et me retrouve acculé contre un mur. Etonnamment, malgré le nombre de passants, personne ne semble faire attention à moi. Je suis seul au milieu de la multitude.

Adossé au mur, je me laisse glisser au sol, vaincu. Si la rue tient tant à me garder, qu'elle le fasse. J'en ai marre de me battre. Que l'univers fasse ce qu'il veut de moi, je m'en contrefiche. Je me recroqueville sur moi-même, passe mes bras autour de mes genoux et me perds dans l'agitation de la foule.

Tous ces gens ont une vie, réglée comme du papier à musique. Un objectif à suivre, une ligne directrice qui leur indique quel chemin emprunter. Que ne donnerais-je pas pour en faire à nouveau partie ?

De ce monde des gens emportés par le tourbillon de la société, aspirés par ses exigences, ses contraintes et ses bienfaits. Dès qu'on sort du système, il nous est impossible d'y retourner. C'est comme sauter d'un train en marche. On a beau courir de toutes nos forces, on sait que personne ne nous tendra la main pour nous aider à remonter.

Les vas-et-vient se calment petit à petit autour de moi et la douceur du début de soirée m'entoure de ses bras. Je sais que je ne devrais pas rester là. Qu'il faut que je repère l'endroit où je me trouve et rentre au Red Light. Mais je suis bien ici. Au moment où je commencerai à bouger, le calme qui me protège va à nouveau m'exploser à la figure. Je veux retarder ce moment autant que possible.

Toutefois, je finis par me lever, parce que la douleur irradie à nouveau dans tout mon corps. Il me faut quelque chose pour la calmer, avant que je ne sois plus en état de bouger. Je continue donc de marcher, appuyé d'une main contre les murs que je longe les uns après les autres, espérant apercevoir un endroit familier, susceptible de m'indiquer l'endroit où je suis. Mais le temps s'écoule et toujours aucun indice. La fatigue et la douleur grapillent petit à petit le peu d'énergie qu'il me reste et je sais que bientôt, je serais dans l'impossibilité de marcher.

Je continue pourtant à avancer, titubant sous la douleur, la fatigue et les effets persistants de l'alcool, jusqu'à ce que je m'éffondre au sol, incapable de faire un pas de plus. Crever comme un chien dans la rue. Tout ce que je ne voulais pas. Douce ironie quand tu nous tiens...

"Yoongi ? Yoongi qu'est-ce qui t'arrive ? Parle-moi, dis-moi quelque chose, n'importe quoi !"

Cette voix paniquée... celle de l'ange blond que j'aurais tellement aimé serrer dans mes bras... Au moins, mon état m'aura permis de créer une hallucination plus que réussi avant de disparaître pour de bon.

"Non reste avec moi Yoongi, regarde-moi, ne ferme pas les yeux je t'en prie."

Pretty Little ThingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant