Chapitre 7 (suite)

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J'hésite. Accepter de répondre à la moindre de ses requêtes risque de me coûter cher. Mais d'un autre côté, ai-je vraiment le choix... ? Je prends la bouteille qu'il me tend et en bois plusieurs gorgées. Puis je la pose à mes pieds, et insère le bâillon dans ma bouche, avant de l'attacher à l'arrière de ma nuque.

"Bien, me dit-il d'un air satisfait, sans se départir de son horrible sourire. Maintenant, approche".

Je tressaille. C'est le moment que je repousse depuis le début. Il attrape son fouet et me désigne le fauteuil près de lui. Je m'avance, lentement, espérant à chacun de mes pas que quelqu'un me sorte de là. Mais personne ne sait où je me trouve actuellement. Jae-Won n'est même pas au courant que je suis parti avec cet enfoiré de Do-Won. Arrivé à sa hauteur, je m'assois sur le fauteuil.

"Tournes-toi."

J'obtempère et me retrouve dos à lui, à genoux sur ledit fauteuil usé jusqu'à la corde, et seul élément auquel me raccrocher durant le calvaire qui m'attend. Le premier coup de fouet claque sans que je ne sente rien. Le temps que la douleur apparaisse, lentement, picotement après picotement, qu'elle s'intensifie, il en a déjà envoyé un deuxième, puis un troisième.

Le maillon étouffe les sons de souffrance que je ne peux retenir. La brûlure est presque insoutenable. Je donnerais tout pour que ça s'arrête, mais je ne peux même pas supplier Do-Won, coincé entre l'antique fauteuil et l'homme presque aussi vieux, qui se tient derrière moi.

Les coups continuent, s'abattant sur moi comme le déluge sur le monde. Je sens des larmes couler le long de mes joues et descendre dans mon cou. C'est dérisoire comparé au reste, mais je me force à rester focalisé sur la ligne moite qui parcourt mon corps, pour atténuer au maximum la douleur qui m'assaille de toute part.

"Assieds-toi Blanche-Neige."

Mon corps est si endoloris, que j'ai un mal fou à effectuer des mouvements aussi simples que bouger mes jambes et tendre le bras. Je parviens avec difficulté à me tourner et fait face à mon bourreau, qui arbore un air plus que satisfait, une lueur sauvage dans les yeux.

Je ne l'ai encore jamais vu dans cet état. Et, ce que je lis dans ce regard sombre, me fait frissonner.

"Détache-moi ça, reprend-il en désignant le bâillon. Et enfile ça."

Il jette sur mes genoux un petit bout de tissu noir que je n'identifie pas immédiatement. Une sensation de soulagement dans la mâchoire m'envahit, lorsque je suis enfin libéré de cet horrible bâillon. Je ne veux plus jamais enfiler ce truc.

"Maintenant viens ici sale petite chienne..."

Do-Won détache sa ceinture et se déshabille, avant d'aller se positionner devant le lit. Je reporte mon attention sur le bout de tissu toujours sur mes genoux. Le tenant du bout des doigts, je finis par comprendre que c'est un masque. Il veut m'aveugler, pour que je ne puisse pas anticiper les prochaines tortures qu'il va pratiquer sur moi.

A la douleur toujours cuisante qui irradie mon corps, s'ajoute une angoisse profonde quand à ce qui m'attend. Mais la peur de me retrouver une nouvelle fois à la rue prend le pas sur mon angoisse et je me lève pour rejoindre mon tortionnaire. J'attrape une nouvelle fois la bouteille et en bois plusieurs gorgées supplémentaires, pour m'aider à tenir le coup.

Une petite pilule rose n'aurait pas été de refus, mais je doute que Do-Won se balade avec ce genre de choses. Et même si c'était le cas, je ne pense pas qu'il m'en donnerait. Il faut que je sois un minimum lucide pour qu'il puisse continuer de jouer avec moi.

Je finis par monter sur le lit et enfile le masque en tissu, sous le regard impérieux de Do-Won. A mon grand soulagement, je ressens enfin les premiers effets de l'alcool. La douleur diminue et je me sens plus léger, comme si la gravité avait changé.

Ensuite, l'enfer se déchaîne. Je me sens comme une algue en pleine tempête. Balloté dans tous les sens, mais ancré dans le sable, incapable de savoir d'où vient le courant, mais conscient qu'il est bien présent.

Je sens les coups de fouet et les pénétrations d'objets en tous genres sans pouvoir rien anticiper. M'accroche à ce qui me passe sous la main, en l'occurrence les draps du lit et serres les dents.

Viennent ensuite les coups reins lorsque, lassé d'utiliser ses précieux jouets, il se décident finalement à profiter de mon corps sans ménagement, après tout ce qu'il m'a déjà fait endurer. J'ai mal, je le sais, mais la douleur est renvoyée comme un écho par mon cerveau noyé dans l'éthanol.

Mon bourreau ne devrait plus tenir très longtemps. Du moins je l'espère. Ma notion du temps semble légèrement biaisée, entre l'alcool et mon absence de vision. Je sens le poids de l'homme d'affaires disparaître de mes hanches et m'apprête à retirer le bout de tissu qui couvre mes yeux, mais une main m'arrête.

Pretty Little ThingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant