Chapitre 7

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"J'espère que t'es prêt Blanche-neige. Toi et moi on va bien s'amuser, comme promis."

Le sourire cruel de l'homme d'affaires me donne des sueurs dans le dos. Quand Won-Shik m'a annoncé qu'aujourd'hui je passais l'après-midi en compagnie de Do-Won, je n'ai pas pensé une seule seconde qu'il me traînerait dans un vieil hôtel minable.

Je ne m'attendais bien évidemment pas à une sortie charmante et agréable, ne rêvons pas.

Mais dans ma grande naïveté, après le marché passé avec lui, je pensais que mon patron avait eu la décence de lui parler des nouvelles clauses qui s'appliquaient à présent lors de nos "rendez-vous".

Won-Shik a, semble-t-il, trouvé un moyen de contourner le problème. Me laisser vagabonder avec cette enflure, en prétextant n'être au courant de rien me concernant. C'est encore pire que tout. Au moins, au Red Light, je peux rapidement et facilement trouver du secours au besoin. Jae-Won et Lemy ne sont jamais loin.

Ici, dans cet hôtel miteux et délabré, je suis seul avec le monstre de perversité qui me sourit toujours, un fouet dans une main, un verre d'alcool dans l'autre. La pièce est plongée dans une semi-obscurité, les rideaux tirés pour empêcher la lumière d'entrer, assombrissant les traits de l'homme qui se tient face à moi.

Contre le mur, à l'opposé de la porte d'entrée, trône un lit double aussi fatigué que le papier peint d'un blanc délavé de la pièce. J'ai trouvé pour seul refuge le côté du lit où Do-Won ne se trouve pas. Mettre le plus de distance entre nous, c'est la seule chose que je peux faire pour l'instant. Je me sens comme un pauvre animal acculé par un prédateur, contre lequel je ne peux rien. Je vais me faire dévorer avant de comprendre comment c'est arrivé.

Des rayons de soleil filtrent à travers les rideaux troués par endroits, mettant en lumière des tâches non identifiées sur la vieille moquette marron. Cette même moquette poisseuse que je sens sous mes pieds nus. La saleté de la pièce, me révulse tout autant que l'homme qui me toise de ses sombres prunelles.

Do-Won m'a obligé à enfiler une des ces horribles tenues en cuir que l'on voit dans les échanges BDSM. J'ai accepté de la porter contre un verre que j'ai englouti sur le champ. Tous les moyens sont bons pour fuir ce qui promet d'être un des pires moments de ma vie.

Je ne parviens pas à lâcher Do-Won des yeux, encore plus effrayant dans la pénombre de la pièce, trop paniqué à l'idée de le perdre de vue. Je suis le moindre de ses faits et gestes pour anticiper les horreurs qu'il va me faire subir. Il dépose le fouet sur un vieux fauteuil défraîchis qui se trouve près de lui.

L'homme d'affaires se penche, pour chercher quelque chose dans sa valise des horreurs. Celle d'où il a sorti la tenue qu'il m'oblige à porter, et divers objets qu'il prend plaisir à dévoiler au fur et à mesure, admirant mon effarement à chaque nouvelle découverte. Cette fois, c'est une grosse boule noire, entourée d'une sorte de laisse, qu'il me jette sur le lit. Un bâillon.

"Enfile ça. Manquerait plus que tes cris alertent les employés. J'ai promis à Won-Shik de faire attention avec toi. Hors de question qu'il se retrouve hors jeu par ta faute."

Je ne sais pas ce qu'ils se sont racontés, mais visiblement, Won-Shik est au courant du petit jeu que me réservait son client. Je fixe l'objet qu'il m'a balancé mais ne bronche pas. Hors de question que je mette ce truc.

"Qu'est-ce que tu attends. Dépêche-toi, j'ai pas que ça à faire Blanche-Neige."

Son sourire s'est transformé en rictus. Un coup de fouet claque contre le mur, me faisant frissonner de terreur. Il a retroussé les manches de sa chemise blanche et desserré sa cravate, comme s'il se préparait pour une activité particulièrement intense.

"Je te promets que c'est pas aussi terrible que ça en a l'air.

- Non. Je réponds fermement.

- Non ? reprend-il d'un air féroce. Je te conseille vivement de faire ce que je t'ordonne, ou Won-Shik risque de ne pas te garder sous son toit très longtemps".

C'est mon point faible et il le sait. Je ferais n'importe quoi pour ne pas me retrouver à nouveau dans la rue. Vaincu, j'attrape fébrilement l'objet en caoutchouc que je tourne entre mes mains.

"Contre un autre verre alors."

Je n'ai pas l'habitude de marchander avec Do-Won. Habituellement, je le laisse faire ce qu'il souhaite pour que le calvaire se termine vite. Je n'ai donc pas la moindre idée de la limite qu'il me laissera atteindre. Pour le moment, ma petite rébellion semble l'amuser.

"Tu joues les fortes têtes Blanche-Neige ? son sourire revient, encore plus grand et plus inquiétant. Ça me plait. Tiens, je t'offre même la bouteille si tu me promets de faire tout ce que je te dis".

Pretty Little ThingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant