Les retrouvailles

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Alyana franchit le seuil de la grande demeure, une vague de souvenirs et de questions l'envahissant tandis qu'elle avançait aux côtés de ses frères. Le hall, majestueux et imposant, avec ses deux grands escaliers en colimaçon de chaque côté, semblait figé dans le temps. Les mêmes fleurs que sa mère faisait livrer trônaient au centre, ajoutant une touche de familiarité réconfortante.

Un bref sourire effleura les lèvres d'Alyana. Ils n'ont pas complètement effacé son souvenir pensa-t-elle. Cependant, cette sérénité fut de courte durée. Des pas résonnèrent dans l'escalier, lourds et calculés, et lorsqu'elle leva les yeux, elle vit l'homme qui avait autrefois dicté son exil.

Manuel Gambano, son père. Son visage, toujours sévère, semblait inchangé par les années. Ses traits durs et son regard perçant la ramenèrent brutalement à cette nuit d'il y a huit ans. Il se tenait au sommet de l'escalier, dominant la scène, comme s'il contrôlait toujours chaque détail de la vie de sa fille.

Manuel : Ah, tu es déjà de retour !

Ces mots la frappèrent avec la violence d'un coup de poing. Déjà de retour ? se dit-elle intérieurement, bouillonnante de rage. Huit ans, huit putains d'années, et il osait parler comme si elle revenait d'une simple course. Ses poings se serrèrent, son visage restant impassible, luttant contre l'envie de lui hurler ce qu'elle pensait vraiment.

Manuel descendit lentement les marches, avec une désinvolture qui la rendait encore plus furieuse.

Manuel : Bon, on peut passer à table maintenant qu'elle est de retour, dit-il en marchant nonchalamment devant sa fille sans même la regarder réellement.

Nicolas, toujours prompt à protéger Alyana, intervint : Padre, tu ne vas pas dire bonjour à ta fille ?

Manuel souffla, visiblement exaspéré par cette remarque, avant de revenir sur ses pas. Il se planta devant Alyana, la dévisageant enfin, mais pas comme un père qui retrouve sa fille après des années d'absence. Son regard était scrutateur, presque critique. Il saisit les bras d'Alyana et la jaugea de la tête aux pieds, ses yeux se plissant lorsqu'il remarqua sa robe Louis Vuitton, trop courte et trop provocante à son goût.

Alyana savait que ce vêtement était une provocation. Manuel avait toujours détesté que sa fille porte des tenues « trop légères », comme il les appelait. C'était son petit acte de rébellion, une manière de lui montrer qu'elle avait pris le contrôle de sa propre vie.

Manuel : Bienvenue, Alyana. La maison t'a manqué ? Son ton était sarcastique. C'est bien, tu es devenue une ravissante jeune femme... Cela facilitera les affaires.

Il l'enlaça sans émotion, un geste purement mécanique. Alyana sentit chaque fibre de son être se tendre sous ce contact forcé. Sa voix froide et ses remarques inappropriées lui semblaient tellement loin de ce qu'un père devait être. Mais elle ne flancha pas, elle avait appris à jouer ce jeu.

Alyana : En effet, mes frères et la maison m'ont manqué. Et, je suis aussi ravie que ma robe te plaise.

Elle appuya ses mots d'un sourire innocent, sachant pertinemment que ce petit affront le mettrait en colère. Manuel serra ses bras un peu plus fort, trahissant sa frustration.

Miguel, sentant la tension monter, intervint à son tour : Bon, les retrouvailles se feront plus tard, on va bientôt passer à table.

Manuel lança un dernier regard froid à Alyana avant de s'éloigner vers la salle à manger, sans un mot de plus.

Miguel : Alya, ne le cherche pas. Tu viens à peine d'arriver, on ne veut pas te perdre à nouveau.

Alyana le fixa, les yeux brûlant d'une colère contenue.

Ailes en flammesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant