La voiture roulait sur les routes sinueuses, le moteur ronronnant comme une bête paisible. À l'intérieur, l'atmosphère était tendue, presque électrique. Alors que je contemplais le paysage défiler, mes pensées tourbillonnaient autour de l'accord que je venais de conclure. Ivan et moi étions liés par un pacte que je n'avais jamais voulu, mais qui semblait désormais inévitable.
L'atmosphère dans la voiture était lourde de non-dits, chaque seconde pesant comme une éternité. Andrés, assis à côté de moi, ne pouvait pas cacher son agacement, et son impatience finit par exploser.
Andrès : Tu réalises ce que tu fais ? Tu acceptes ce mariage comme si c'était une partie de plaisir ! Peut-être que c'est le cas en vrai. lança-t-il, sa voix tranchante comme une lame.
Je le regardai droit dans les yeux, le défi brûlant dans mon regard.
Alyana : Je fais ce qu'il faut pour ma famille et pour moi. Ce mariage est une nécessité.
Andrés éclata de rire, mais c'était un rire amer, chargé de désespoir.
Andrès : Une nécessité ?! Tu te laisses manipuler et tu appelles ça une nécessité ? Tu joues sur plusieurs tableaux, et ça va te revenir en pleine face.
Je serrai les dents, chaque mot qu'il prononçait me brûlant comme de l'acide.
Alyana : Andrés, Andrès, Andrès... dis-je lentement, l'agacement perçant ma voix. Je n'allais quand même pas me marier avec toi. Arrête, s'il te plaît. Soyons sérieux. Je suis la seule fille de la famille Gambano. Alors que toi... toi, tu es qui, au juste ?
Son regard s'enflamma, une lueur de déception mêlée à la frustration dans ses yeux.
Andrès : J'ai été là pour toi, je t'ai surveillée même quand tu étais à Paris. Et voilà comment tu me remercies ? En te mariant avec un Lucchese ? Un putain de mafieux ? Où est passée la jeune fille qui rêvait d'évasion, de plages lointaines et de liberté ?
Il frappa la porte de ses poings, sa colère palpable, comme une tempête prête à éclater.
Andrès : Putain, tu m'as menée en bateau.
Alyana : Je ne joue pas, je fais face à la réalité. Toi, par contre, sache où est ta place. Tu es juste un garde du corps, ... un salarié.
Il se pencha en avant, la tension entre nous palpable, presque palpable.
Andrès : Juste un salarié ?! Je suis celui qui a toujours été là, celui qui a veillé sur toi dans les bon commme dans les mauvais moments. Je t'ai aimé ! Et c'est comme ça que tu me remercie? Avec des promesses de mariage à un type comme Ivan ? Vraiment !
Pablo et Alex, assis à l'avant, échangent des regards inquiets, leurs expressions trahissant une tension palpable. Chaque mot entre Andrés et moi semble intensifier l'atmosphère dans la voiture. Pablo fronce les sourcils, lançant un coup d'œil furtif à Alex, qui serre le volant, vigilant. Ils savent que notre échange explosif pourrait dégénérer, et l'instinct de protection qui les anime est évident. Le silence devient lourd, tandis qu'ils se concentrent sur la route, prêts à intervenir si nécessaire.
Alyana : Toujours ? ... dis-je, ma voix se durcissant, chaque syllabe un défi. Si tu n'es pas capable de soutenir mes choix, alors peut-être que tu devrais te retirer de ton poste. Pablo et Alex sont capables de faire leur travail sans faire de drame.
Il se redressa, une lueur de défi dans ses yeux.
Andrès : Rappelle-toi bien de ce moment précis dans cette bagnole, quand tu viendras pleurer dans mes bras, regrettant tout ça.
Le silence tomba entre nous, chargé de tensions non résolues. Je savais que sa colère était justifiée, mais je ne pouvais pas laisser mes émotions m'emporter. À ce moment, dans ce véhicule en mouvement, je réalisai que je m'étais engagée sur un chemin dont je ne voyais pas encore le bout.
Et ce qui m'effraya arriva, je la sentais, une sensation sourde s'insinuant en moi, transformant peu à peu ma personnalité. Je sentais ma chaleur s'évanouir, laissant place à la froideur des Lucchese. Chaque battement de cœur résonnait avec leur héritage, comme si je portais désormais leur masque de fer. Je me tenais là, le regard glacé, consciente de ce que cela signifiait. Une part de moi résistait, mais la réalité m'embrassait : je n'étais plus seulement une Gambano, j'allais devenir une Lucchese, prête à embrasser ce rôle, même au prix d'une partie de moi-même.
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En franchissant la porte de la maison, un frisson me parcourut, comme si l'air chargé de tension et de secrets m'enveloppait. Le grand hall d'entrée, avec ses murs ornés de portraits ancestraux, semblait observer mes moindres mouvements.
Alors que je m'apprêtais à monter dans ma chambre, une voix familière me fit sursauter.
Manuel : Alyana !
Je me retournai lentement pour faire face à mon père, Manuel, qui se tenait dans le salon. Son regard intense et perçant scrutait chaque détail de mon visage, trahissant une attente palpable.
Manuel : Comment s'est passé le rendez-vous ? demanda-t-il, curieux et impatient.
Je pris une profonde inspiration et répondais, presque machinalement, comme une actrice récitant son texte.
Alyana : C'était bien. C'est d'accord on va se marier.
Son expression s'éclaira, comme si un poids s'était levé.
Manuel : Enfin, je retrouve ma fille, celle que j'ai toujours souhaitée. Celle qui comprend l'importance de la famille.
Un frisson d'angoisse me traversa. Je réalisai que ce mariage ne serait pas seulement une union, mais un véritable sacrifice.
Alyana : Je le sais.
Il hocha la tête, oscillant entre satisfaction et méfiance.
Manuel : Bien, très bien. La famille Lucchese est puissante, Alyana, très puissante. Tu dois garder cela à l'esprit.
Je soutins son regard, mes pensées tourbillonnant dans ma tête.
Alyana : Je ferai ce qu'il faut.
Manuel me dévisagea un instant, puis un sourire satisfait éclaira son visage.
Manuel : Je savais que tu prendrais la bonne décision. .
Je pris une respiration profonde avant de dire : Je dois me préparer pour le bureau. J'ai encore le lancement à organiser.
Je lui lançai un regard d'assurance avant de quitter le salon.
Une fois dans ma chambre, je me changeai rapidement, optant pour une tenue simple, prête à affronter la réalité de mon engagement. En me maquillant devant le miroir, je me demandais depuis quand j'avais commencé à changer de masque. Chaque couche de fond de teint et chaque touche de rouge à lèvres semblaient m'éloigner de la vraie Alyana, celle qui rêvait d'évasion et de liberté comme l'a dit Andrès. A présent, j'étais vraiment plongée dans ce milieu.
Les visages que je créais étaient des façades, des protections contre un monde qui exigeait que je sois forte. Combien de fois avais-je sacrifié ma véritable essence pour plaire à mon père ou à ma famille ?
Je me regardais, à la fois familière et étrangère. Ce reflet, qui irradiait une confiance soigneusement cultivée, cachait des doutes et des peurs. Alors que je terminais ma routine, je me promis de ne pas perdre de vue celle que j'étais réellement, malgré les masques que je devrais porter.
En me dirigeant vers le bureau, la lumière vive contrastait avec l'obscurité de mes pensées. Je m'installai à mon bureau, feuilletant les documents éparpillés, mais mon esprit était ailleurs.
Ce mariage m'angoissait, et je savais que je devais me préparer à embrasser ce rôle, même si cela signifiait renoncer à une partie de moi-même.
J'espérais simplement qu'avec Ivan, je pourrais trouver plus de liberté qu'avec mon père.
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Ailes en flammes
RomansaAlyana Gambano, héritière d'une des familles les plus influentes et redoutées de Barcelone, revient après huit ans d'exil à Paris, où elle a tenté de se reconstruire loin des attentes et des mystères de sa famille. Mais derrière ce retour inattendu...