Un hommage

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Aujourd'hui, mon père nous avait convoqués dans son bureau pour une réunion qui s'annonçait tendue, il allait nous annoncer la date du gala. L'atmosphère dans la pièce était lourde, presque étouffante. Les volets à demi-fermés laissaient passer une lumière tamisée qui renforçait la gravité du moment. Mon père, assis derrière son large bureau en bois massif, croisa les bras en nous regardant. Sa mâchoire serrée et ses sourcils froncés ne laissaient aucun doute sur l'importance de ce qu'il allait dire.

Claudia, comme à son habitude, se tenait légèrement en retrait, juste derrière lui, observant tout avec un sourire calculé. Mes frères étaient déjà assis, chacun affichant une expression différente : Nicolas, sérieux et concentré ; Adrian, légèrement nerveux ; les jumeaux, Miguel et Serguei, échangèrent un regard complice, comme s'ils attendaient de voir jusqu'où notre père allait pousser cette fois-ci.

Je m'assis en silence, les mains crispées sur mes genoux, et j'attendais. Je savais que cette réunion n'avait rien de joyeux. Ce gala était censé honorer la mémoire de ma mère, mais tout chez mon père criait "contrôle", "puissance", et surtout "aucune erreur ne sera tolérée".

Manuel :Vous savez tous pourquoi je vous ai réunis ici aujourd'hui, commença-t-il, sa voix résonnant dans la pièce comme un coup de tonnerre. Le gala approche. Cette année, pour la première fois, nous serons au complet. Cette soirée doit être parfaite. Aucun faux pas. Aucune erreur.

Son regard perça le silence, allant de l'un à l'autre. Il s'arrêta un instant sur moi, son expression plus dure encore.

Manuel : Je ne veux pas que cette soirée se transforme en un fiasco comme celle de Majorque.

Son ton était tranchant, presque cruel. Majorque. Ce simple mot fit naître une tension palpable dans la pièce. Tous ici savaient ce qu'il s'était passé lors de cette fameuse soirée, un événement qui devait être prestigieux mais qui avait dérapé. Un scandale auquel personne ne faisait directement référence, mais dont le souvenir planait encore au-dessus de nos têtes. Je sentis un frisson parcourir mon dos.

Manuel : Tout le monde devra être aux aguets. Pas seulement pour vous-même, mais pour cette famille. Si quelque chose tourne mal cette fois-ci, il y aura des conséquences plus dures.

Son avertissement était clair. Aucun de nous n'osait protester. Il continua, ses mains jointes devant lui comme un juge sur le point de rendre son verdict.

Manuel : Alyana, dit-il en se tournant directement vers moi, tu auras une place centrale ce soir-là. C'est ta mère que nous célébrons. Mais c'est aussi toi qui dois porter son héritage. Alors, sois irréprochable.

Je baissai légèrement la tête. Mes mains devenaient moites. Mon père n'avait jamais caché ses attentes envers moi, mais là, c'était encore plus pesant. J'étais censée représenter tout ce qu'il voulait de parfait : l'élégance, la maîtrise, la mémoire de ma mère.

Manuel : Et Claudia, ajouta-t-il en jetant un coup d'œil vers sa nouvelle femme, veille à ce que tout soit conforme à ce que nous avons prévu. 

Claudia acquiesça calmement, comme si tout était déjà sous contrôle. Elle aimait ce rôle d'organisatrice parfaite, celle qui faisait tout briller en apparence, mais il y avait toujours ce malaise. Elle n'était pas ma mère, et bien qu'elle tente de s'imposer, tout dans sa présence me rappelait qu'elle était étrangère à cette mémoire.

Mon père se leva ensuite, comme pour marquer la fin de la réunion.

Manuel : N'oubliez pas, dit-il en nous regardant chacun une dernière fois, ce gala est plus qu'un simple hommage à Yéléna. C'est une démonstration de notre pouvoir. Nous devons nous montrer unis. Soyez parfaits.

Ailes en flammesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant