Piégée par les liens du sang

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Je quittai la salle à manger d'un pas rapide, le cœur battant la chamade, incapable de supporter cette mascarade une seconde de plus. Sous les regards attentifs de tous. Les mots de mon père résonnaient encore dans mon esprit, lourds et inéluctables. Un mariage arrangé, un avenir tracé dans l'ombre de leur monde froid et implacable.

Une fois dans ma chambre, je refermai la porte et m'adossai contre le bois, tentant de retrouver un semblant de calme. Je me sentais prise au piège. J'étais suffoquée, comme prise dans un étau. Mes pensées virevoltaient, chaotiques. Une idée dangereuse germa en moi : fuir. Quitter tout cela, disparaître, peut-être même ce soir... Mais où irais-je ? Et combien de temps avant qu'ils me retrouvent ?

Un bruit de pas me sortit de mes pensées. La porte s'entrouvrit, et avant que je ne puisse dire un mot, Andrès entra, ses yeux noirs pleins de détresse. Sa silhouette imposante se tenait devant moi, protectrice, une ombre bienveillante dans ce monde où tout me trahissait.

Andrès : Alyana... murmura-t-il, un souffle rauque, comme s'il ne trouvait pas les mots.

Il referma la porte derrière lui et se rapprocha, son regard accroché au mien, sérieux, intense. Je savais qu'il avait tout entendu, chaque mot de ce maudit dîner.

Andrès : Ne fais pas ça, chuchota-t-il, ses yeux se chargeant de colère. Tu ne peux pas... tu ne dois pas les laisser te marier à cet homme. Si tu le veux, on peut partir. Toi et moi. Maintenant.

Je sentis mon cœur se tordre, le poids de ses paroles appuyant sur cette rébellion qui brûlait en moi. Partir... L'idée était aussi effrayante qu'enivrante. Mais je connaissais mon père, je connaissais les Lucchese. Ils nous retrouveraient, nous détruiraient, lui, moi, tout ce que j'avais tenté de construire. Malgré tout, une part de moi voulait croire qu'il y avait encore un espoir, un échappatoire.

Alyana : Je t'ai demandé d'être une ombre, rien de plus. Je relevai la tête, essayant de garder mon sang-froid. Ne viens pas compliquer les choses, s'il te plait. Et, pense à ta famille. 

Mais il s'approcha encore, jusqu'à encadrer mon visage de ses mains, plongeant son regard dans le mien, y déposant tout ce qu'il ressentait. Sa main brûlait contre ma joue, et je dus lutter pour ne pas me laisser envahir par le réconfort qu'il m'apportait.

Andrès : Je ne te laisserai pas te sacrifier ainsi. Je ne supporterai pas de te voir avec lui, sous mes yeux. Laisse-moi t'aider.

Je respirai avec peine, chaque mot, chaque seconde était un combat entre raison et désir, un dilemme cruel. Je voulus protester, lui dire de partir, de cesser d'interférer, quand trois coups secs résonnèrent à la porte. Mon cœur s'emballa. Mon père ? Nicolas ? Un de mes frères ?

— Alyana ?

Le visage d'Andrés se tendit, et dans un mouvement rapide, il se glissa dans la salle de bain, m'abandonnant à l'ombre qui approchait. Giovanni Lucchese. Sa voix perça la porte, froide et implacable, chaque syllabe résonnant avec une lenteur calculée.

Qu'est-ce qu'il voulait ? Je pris une longue inspiration, chassant le trouble de ma poitrine, et ouvris la porte. Il entra sans attendre, son pas sûr, sa présence écrasante. Il ne me regarda même pas, mais je sentis son ombre m'engloutir, son autorité s'imposer. Un frisson me parcourut lorsque son épaule frôla la mienne, un geste apparemment anodin mais chargé de contrôle.

Il dominait la pièce, sa haute silhouette d'un mètre nonante imposant un silence respectueux – ou craintif. Il balaya l'endroit du regard, chaque recoin semblant être disséqué par ses yeux noirs.

Giovanni : Je suppose que cette annonce t'a pris de court, Alyana, dit-il enfin, sa voix grave et posée teintée d'une fausse douceur. Peut-être devrais-tu en parler demain avec Ivan pour clarifier certains malentendus.

Ailes en flammesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant