Emprise de l'ombre

3 0 0
                                    

Ivan

Je la portai dans mes bras, son poids léger contre moi, alors qu'elle dormait profondément. Alyana, plongée dans le sommeil, semblait paisible, presque fragile – un contraste frappant avec l'aura glaciale et contrôlée qu'elle arbore d'ordinaire. Sa respiration régulière, son visage détendu, une Alyana différente, vulnérable, loin de l'héritière insolente qui n'a jamais peur de se confronter à moi. Mais quelle fille s'endort en pleine soirée, surtout après un baiser volé ? Un sourire cynique effleura mes lèvres. Cette fille n'est définitivement pas comme les autres. Et c'est bien ça qui me dérange.

A l'entrée du couloir, le majordome m'attendait, silencieux comme une ombre, son costume impeccable, son regard baissé. Sans un mot, il me guida jusqu'à sa chambre. Dès que j'ai franchi la porte, une fragrance subtile de cerise a envahi mes narines, une odeur douce, presque envoûtante.  Je la déposai sur le lit avec une précaution qui ne me ressemblait pas, relâchant lentement mon emprise sur elle.

Elle s'étira inconsciemment, une vague d'innocence déconcertante traversant ses traits. Mes yeux glissèrent sur son corps qui se détendait, ses jambes fines s'étendant sous le drap de soie.

Il y a quelque chose de fascinant chez elle, quelque chose qui me pousse à vouloir briser cette façade parfaite qu'elle affiche.

Je m'immobilisai, ma main suspendue dans l'air, une pulsion irrésistible de toucher la courbe de son visage. Mais je n'ai pas le luxe de céder à ce genre de tentations. Je ne suis pas un homme faible, encore moins pour une femme qui ignore tout du monde dans lequel elle a mis les pieds. Je serrai les poings, m'arrachant à cette vision avant de me détourner brusquement. Sans un regard en arrière, je quittai la pièce, refermant la porte derrière moi.
Les escaliers du manoir semblaient interminables alors que mes pensées tourbillonnaient, s'entrechoquaient.Elle est une distraction, un jeu auquel je ne devrais pas m'abandonner. Cette fille joue avec le feu, et je suis ce feu. Quand je sors enfin dans la nuit froide, l'air glacé mordant mon visage, je ressens un regain de lucidité. Il faut que je reprenne le contrôle avant qu'elle ne m'entraîne dans un gouffre dont on ne revient pas.

À mon arrivée à mon penthouse à Barcelone, je jette mon veston sur le fauteuil, déboutonnant ma chemise en quelques gestes brusques. L'appartement est sombre, éclairé uniquement par la lumière vacillante d'une lampe de bureau. Je me dirige vers le bar, saisissant une bouteille de whisky vieilli, et me sers un verre. Le liquide brûle ma gorge, mais c'est une douleur familière. Une douleur que je maîtrise.

Je m'allume une cigarette, le goût amer du tabac emplissant ma bouche, la fumée s'enroulant autour de moi comme un serpent. Alyana.Ce nom résonne dans ma tête, une obsession que je n'ai pas invitée. Elle n'a rien à faire ici, dans ce monde de violence et de trahisons, un monde où la faiblesse est une sentence de mort. Mais elle est là, et c'est trop tard.

Je fixe mon reflet dans le miroir, un homme aux traits durs, un regard froid, presque étranger. Sans réfléchir, je brise le verre que je tenais encore dans ma main, le son du cristal éclatant résonnant dans le silence oppressant. Chaque éclat représente une résolution brisée.

Ce n'est plus une question de savoir si je vais la détruire, mais quand.

Je sors mon téléphone et compose rapidement un message :

"Je quitte Barcelone. On se verra en Italie, à la cérémonie. D'ici là, fais ce que je t'ai demandé. Pas d'erreurs."

Je n'attends pas de réponse. Elle comprendra que mes mots ne sont pas des demandes, mais des ordres. Je m'en fous de ses états d'âme. Cette union n'est qu'un jeu d'échecs, et elle en est la pièce maîtresse.

Je compose un autre numéro, celui de mon homme de confiance, Lorenzo. Il décroche après la première sonnerie, la voix rauque, attentive.

Ivan : Lorenzo, surveillance renforcée sur Alyana. Je veux des rapports toutes les heures, des détails, tout. Elle ne doit rien faire qui me surprenne, tu m'entends ? Le moindre faux pas, et tu interviens. 

Lorenzo : Bien reçu, patron.

Je raccroche sans plus de cérémonie, laissant le téléphone retomber sur la table.
Il n'y a pas de place pour les distractions. Cette fille ne sait pas dans quoi elle s'est embarquée. Elle pense obtenir une liberté, alors qu'elle vient de sceller un pacte avec le diable. Cette ange va brûler, et je serai celui qui attisera les flammes.
Je termine mon whisky, un sourire froid aux lèvres. La partie ne fait que commencer, et Alyana ne sait pas encore qu'elle est déjà perdante.

Ailes en flammesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant